en attendant Godot – L’édito de Maurice Ulrich – 22 décembre 2024

Ça commence à ressembler à la pièce de Beckett En attendant Godot. Mais qui est ce Godot ? Des noms circulent mais on ne voit rien venir. Ah oui, Bruno Retailleau. Il est apparemment le seul à être sûr de retrouver le ministère de l’Intérieur. Il a su se tailler une place de monomaniaque de l’immigration. Une carte pour réconcilier le Rassemblement national ? Je ne sais pas si c’est la bonne, mais elle donne le ton. À droite. François Bayrou a fait semblant de consulter, y compris à gauche. Il s’agissait bien sûr de ne pas baisser les bras, notamment en matière de retraites. Pas de véritable ouverture. Cela dure donc depuis six mois.

Six mois pour en arriver là, après la décision jupitérienne et absurde de dissoudre l’Assemblée nationale, prise par Emmanuel Macron seul. Qu’espérait-il, alors qu’il ne pouvait pas vraiment ignorer la perte de crédibilité de son camp, échouant aux élections européennes. Cohabitation avec le RN et Jordan Bardella, Premier ministre, avec l’idée de rebattre les cartes, encore ? Le Front Républicain en a décidé autrement et le résultat du Nouveau Front Populaire a rendu l’opération impossible.

La logique républicaine et démocratique, on le sait, aurait voulu qu’il nomme un Premier ministre de gauche, qu’il mène une politique de gauche, quitte à exiger des majorités texte par texte, voire des compromis. . C’est à cela qu’il a décidé de s’opposer coûte que coûte, gagnant du temps, repoussant sans cesse une décision de plus en plus difficile à prendre, jusqu’à nommer, de manière à la fois pathétique et dérisoire, Michel Barnier, puis François Bayrou, comme s’ils en avaient le pouvoir. clé de la situation.

Quel paradoxe pour celui qui, en 2017, avait promis de renouveler la politique et qui ne préside désormais que toujours plus à droite avec un casting qu’on verra après les fêtes, sans crédit dans l’opinion, totalement fermé aux urgences sociales et singulièrement ouvert à la multiplication des plans sociaux. Tout ça pour ça. Contrairement à la fameuse formule, il n’a rien changé pour que rien ne change.