Qui sait situer le Val de Sambre sur une carte ? Coincé contre la frontière belge, à l’est du Valenciennois, le principal exploit footballistique du territoire est l’US Maubeuge et son apparition en troisième échelon national dans les années 1980. Pourtant, chaque année, une bonne partie de ses habitants vibre au rythme de l’Entente Feignies-Aulnoye, qui fait ressortir les mèches blondes chez CR7. prime quand il s’agit de jouer la Coupe de France.
Au point de parler de compétition favorite pour ce club de National 2 qui empile les beaux parcours depuis quatre saisons. PSG, Quevilly-Rouen, Montpellier et Lyon cette année, l’Entente s’est habituée aux grands frissons de Dame Coupe, capable de batailler sur les terrains difficiles de clubs hiérarchiquement inférieurs et d’enchaîner les manches pour s’offrir une grande Ligue 1 avant ou après les fêtes de fin d’année et ainsi apporter un peu de lumière sur un petit coin de France qui ne demande que ça. A tel point que le club s’est récemment fait remarquer en commercialisant ses maillots version Coupe de France, les bénéfices rentrant directement dans les caisses du club. Une grande première pour les amateurs.
Parmi ceux qui ont écrit cette belle histoire, il y a Thomas De Parmentier, bien connu pour avoir fait valser Marco Verratti sur le pré Hainaut un soir de décembre 2021, mais surtout pour avoir permis à l’Entente d’atteindre le 16es en janvier en marquant un centre de tir d’anthologie que le jury du Prix Puskás a dû sauter.
“C’est vrai qu’à chaque saison, on est plutôt gâtés”dit le trentenaire. Pour lui, la Coupe de France ne se termine pas en octobre ou en novembre, mais au moment où les caméras de télévision viennent capter son visage angélique et sa patte droite acérée. Car en plus de collectionner les beaux parcours avec l’Entente, le Nordiste compte aussi quelques exploits avec l’Iris Club de Croix, en périphérie de Lille. En 2019, alors que le club évoluait en N2, l’aventure s’est terminée en huitièmes de finale face à Dijon (3-0). « J’avais répété le scénario une dizaine de fois dans ma tête. Et pour une fois, même si on était face à une équipe de Ligue 1, j’étais convaincu qu’on pouvait le faire, puis on a reçu un rouge et un penalty au bout de trois minutes. Alors si j’ai un conseil, c’est d’éviter de faire ça ! (Rires.) »
The Coupe de France, common ground
Il n’a pas vraiment les consignes pour performer en Coupe de France, mais il peut déjà faire quelques déclarations. « La Coupe, c’est avant tout un état d’esprit. Si vous n’êtes pas présent dans les duels, dans l’engagement et dans cette envie de lutter jusqu’au bout, et on en a eu la preuve lors du dernier tour où on a marqué à la toute dernière seconde contre Lucciana (N3), c’est évidemment compliqué. La magie de la Coupe, c’est qu’il n’existe pas de recette miracle. On ne peut pas tout contrôler, mais dans ces matchs-là, il faut être à 200 %. »En effet : avant de penser à vous offrir un gros, vous devez logiquement faire valoir votre statut lors des sept ou huit tours précédents. Ce qui ajoute un aspect mental à ne pas négliger. « Quand vous jouez contre un joueur plus petit, vous devez vous forcer à être déterminé et concentré ou lorsque vous jouez contre un joueur plus gros, mentalement vous savez que vous allez souffrir et que vous devez vous accrocher. J’ai a récemment revu mon action sur Verratti. Ce qui est fou c’est qu’après je me remets tout de suite dans le bloc. Nous sommes tellement concentrés que nous ne profitons même pas assez du moment présent !»
Un état d’esprit qui ne faiblit jamais, quelle que soit l’équipe que vous avez face à vous. « On peut aller jouer dans les profondeurs de France contre l’équipe la plus faible d’Europe, on va prendre cette équipe le plus au sérieux possible » » affirme Yann Kouadio, colosse de la charnière centrale sambrienne et héros du dernier tour en marquant à la toute dernière seconde. « Nous abordons tous les matches avec le même sérieux. Il n’y a pas de petit match en fait. Dans notre inconscient, il n’y a jamais de supériorité. C’est une exigence que le staff et les responsables des vestiaires ont mis en place pour aller le plus loin possible. Car ici, disputer la Coupe de France, c’est quelque chose qui nous tient à cœur. »
Ce n’est jamais Feignies
En même -, quand on goûte à la ferveur d’un stade plein ou à un exploit face à un plus gros moteur, on a forcément souvent envie d’y retourner. Heureusement, c’est monnaie courante ici. « On fait vraiment tout pour plaire à ceux qui nous encouragent. Quand on va loin en Coupe de France, on sait que cela profite à toute une région, tout un département. »Mais ce n’est pas seulement pour s’offrir de belles cartes postales ou renflouer les caisses que Feignies-Aulnoye aime tant ce concours. Ici, cela sert avant tout à construire la mentalité de l’équipe. « On a l’habitude de dire que la Coupe de France est la compétition des joueurs rétorque Jean Antunes, directeur sportif et ancien co-entraîneur du club de l’Entente, mais aussi de Croix. Le championnat est pour le club et la Coupe est pour les joueurs. Quand je vois d’anciens joueurs, ils me rappellent toujours les moments de Coupe de France, jamais le championnat, car ce sont des moments inoubliables. » Samedi, quand les trois coups de sifflet retentiront, peu importe ce qui s’est passé auparavant, « moment inoubliable »aura déjà été consommé. Que la clique de Lacazette et Cherki ait respecté ou non la hiérarchie au stade du Hainaut, une fois de plus, Noël sera tombé un peu plus tôt qu’ailleurs dans la Sambre.
Les supporters lyonnais privés de Coupe de France
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