Maïté était surtout connue pour avoir animé, de 1983 à 1997, l’émission culinaire La Cuisine des Mousquetaires avec Micheline Banzet-Lawton.
À l’été 2006, elle nous a accueillis dans son restaurant. Relisez l’article de notre collègue Renée Mourgues ci-dessous.
Il faut plus de deux semaines pour réserver une table chez « Chez Maïté », à Rion-des-Landes, dans le restaurant aux allures d’auberge où les gourmets de France et d’ailleurs espèrent pouvoir féliciter, photographier ou filmer celui des cordons bleus les plus populaires de la région.
« Maïté » Ordoñez née Badet, 68 ans, s’est habituée à cette popularité en feignant l’étonnement devant la médiatisation qui s’est abattue sur elle au cœur des années 1980 et ne l’a plus jamais quittée.
« Je suis toujours surprise quand les gens me prennent pour quelqu’un », dit-elle sans rire. Elle attribue modestement sa notoriété à la « chance ». Ce furent surtout des rencontres opportunes séduites par la personnalité extraordinaire de la plantureuse Landaise avec ses paroles fugaces que trahissent les mots lorsqu’elle se sent poussée dans ses recoins les plus secrets.
Troisième d’une famille de cinq filles et deux garçons, Maïté n’a reçu qu’une seule éducation : l’école primaire de Rionese. « Mes parents paysans cultivaient du maïs. Nous n’avions pas un sou mais nous vivions très heureux. Nous étions trois voisins. Après la guerre, chaque maison fabriquait à tour de rôle du pain farci de poitrine ou de jambon et cela nous suffisait.
A peine sortie de l’enfance, elle est embauchée comme ouvrière dans l’usine de bois du village. «Je transportais des planches sur des palettes pour un salaire dérisoire.» A seize ans, l’adolescente part « faire la bonne » chez de riches Landais installés à Paris.
Plus tard, elle revient au pays pour épouser « Pierrot » avec qui elle n’aura qu’un fils. « Je suis revenu à la SNCF pour préparer les repas des cheminots sans avoir appris à cuisiner. Un jour, la maire de Rion m’a proposé d’ouvrir un restaurant et tout a commencé comme ça.
Patois couramment
Depuis, rien, pas même l’aura de la « Cuisine des Mousquetaires » dont les programmes diffusés sur la chaîne publique étaient enregistrés à Rion, ne l’éloigne longtemps de sa douce maison. « La famille est un noyau. S’il en manque un, ce n’est pas grave ! Nous avons toujours pris soin les uns des autres. C’est en nous. C’est inné. Nous nous entraidons beaucoup. C’est d’une importance capitale ! » insiste la voix sonore.
Maïté n’est pas une femme à discuter de ses racines. Ainsi, elle n’invoquera jamais l’occitan ou le gascon pour désigner « le patois » qu’elle manie à la perfection lorsqu’elle converse avec les aînés. “Mes grands-parents et mes parents le parlaient couramment mais quand j’étais jeune, c’était considéré comme une honte.”
Laissant le soin aux autres, elle décrète qu’« il faut savoir rester à son niveau ».
Courtisée par les journalistes, elle compte sur son caractère impétueux pour satisfaire leur curiosité. «Je ne prévois rien. Je ne répète pas. C’est spontané. Je ne sais pas comment faire autrement.
Conçu pour le travail
La cuisine est le seul domaine qui le rend inépuisable. « C’est si simple de faire plaisir aux autres ! Foie gras, magret de canard farci, sauces… Je ne passe pas de - à décorer mes plats. Tout ce qui compte, c’est ce qu’il y a dans l’assiette. Dans le sud-ouest, nous avons les meilleurs produits : bœuf de Chalosse, canards gras, légumes de Dax. J’aime les choses simples mais bonnes ! C’est le paradis. Il y a tout pour être heureux. On y vit bien même si on travaille beaucoup», s’exclame-t-elle.
Célébrité intronisée ou invitée à de nombreuses reprises, Maïté répond de moins en moins aux innombrables demandes même si on la voit, cette année, sur le parcours du Tour de France entre Cambo-les-Bains et Pau. Libre, elle ne reconnaît que les chaînes familiales et professionnelles, toutes deux intimement liées.
« Certaines personnes sont faites pour l’amour. J’étais faite pour le travail», rit-elle pour ponctuer l’entretien.
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