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Bayrou : ça se complique… en replay

Un gouvernement avant Noël ? C’est la promesse faite par François Bayrou hier soir sur 2 après ses consultations de groupe de l’après-midi. Ses interlocuteurs ont jusqu’à midi pour répondre et dire s’ils sont d’accord pour revenir au gouvernement. Qui pourrait en faire partie ? Le Premier ministre a cité le nom de Bruno Retailleau qui a montré, dans ses propos, qu’il « avait trouvé des décisions et des orientations qui répondaient en partie à ce qu’exigeait l’opinion publique ». Et ce alors que son maintien au ministère de l’Intérieur est une ligne rouge pour les écologistes et les socialistes à qui le chef du gouvernement assure offrir une ouverture sur la réforme des retraites adoptée en 2023. Pas d’abrogation, pas de gel mais une reprise des discussions. « Nous reprenons mais nous ne suspendons pas car quand on suspend évidemment on ne reprend jamais » a affirmé le chef du gouvernement.

Des propos qui sont loin de convaincre la gauche. Hier à l’issue de la réunion, le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, a déclaré que son parti n’avait “pas trouvé de raison pour ne pas censurer” le Premier ministre nommé il y a six jours. “Nous sommes consternés par la pauvreté de ce qui nous est proposé”, a-t-il ajouté. “Nous ne participerons pas à ce gouvernement”, a encore déclaré Olivier Faure. « Le Premier ministre doit vraiment se réveiller et prendre conscience de ce qui se passe actuellement. » Les écologistes sont également en colère. “Il a fallu hausser le ton à la fin de la rencontre (…) On avait l’impression qu’on se moquait de nous [sur le budget]», a déploré la patronne d’EELV, Marine Tondelier. “Nous lui avons demandé de ne pas utiliser le 49.3, ce qu’il refuse”, a regretté de son côté le député communiste Stéphane Peu.

Le Premier ministre a expliqué hier soir qu’il n’utiliserait pas le 49.3 « sauf blocage absolu sur le budget ». Un budget 2025 qu’il espère réaliser à la mi-février. Quant à la reconstruction de Mayotte, dévastée depuis le passage du cyclone Chido, François Bayrou a dit espérer qu’elle puisse se faire dans un délai « court », « peut-être deux ans », tandis qu’Emmanuel Macron, sur place, mesurait le désespoir et colère de la population.

A la fin de sa première journée dans l’archipel français, le chef de l’Etat a été agressé et hué à plusieurs reprises hier soir par une foule de personnes qui criaient “Macron démissionne” et demandaient de l’eau, de la nourriture. Accusé de ne pas avoir suffisamment anticipé les conséquences du passage du cyclone, le chef de l’Etat s’est défendu en évoquant les alertes lancées et a promis aux Mahorais d’accélérer les choses avec notamment une loi spéciale, avant de lancer : « Ne piquez pas les gens ». les uns contre les autres ! Si on monte les gens les uns contre les autres, on est foutus, parce qu’on est content d’être en France, parce que si ce n’était pas la France, on aurait 10 000 fois plus d’ennuis ! a crié le président.

Des propos qui ont été vivement dénoncés ce vendredi par les partis d’opposition, notamment de gauche également indignés par une enquête publiée cette semaine dans Le monde. Selon le quotidien, le chef de l’Etat aurait notamment déclaré, en 2023, devant son ministre de la Santé Aurélien Rousseau, que “le problème des urgences dans ce pays, c’est qu’il est plein de Mamadou”. L’Élysée “a fermement démenti ces propos rapportés qui n’ont fait l’objet d’aucune vérification auprès de la présidence avant publication”.

Emmanuel Macron est également interrogé depuis la condamnation définitive de Nicolas Sarkozy mercredi par la Cour de cassation sur la question du retrait de sa Légion d’honneur. L’ex-président a été condamné à trois ans de prison, dont deux ans avec sursis, et un an de bracelet électronique pour corruption et trafic d’influence. L’intéressé a dénoncé une « injustice » et annoncé son intention de faire appel devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Ce recours n’est toutefois pas suspensif. Nicolas Sarkozy devrait être convoqué – en principe dans un délai de moins d’un mois – devant un juge de l’application des peines (JAP), qui déterminera les modalités de son bracelet, qui sera posé ultérieurement. En pratique, son installation lui imposera de rester chez lui à certaines heures de la journée, généralement la nuit.

Les experts :

– NATHALIE SAINT-CRICQ – Political columnist – France Télévisions
– CÉCILE CORNUDET – Chroniqueuse politique – Les Echos
– LOUIS HAUSALTER – Journaliste politique – Le Figaro
– MATHILDE SIRAUD – Rédactrice en chef du département politique – Le point

 
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