Le chancelier allemand Olaf Scholz se rend samedi à Magdebourg, ville dévastée par une attaque à la voiture bélier sur son marché de Noël, dont les motivations restent floues malgré l’arrestation de l’auteur présumé, d’origine saoudienne.
Piste islamiste ? Troubles psychologiques subis par le psychiatre de 50 ans interpellé sur les lieux ? Une autre motivation ?
“Dans l’état actuel de l’enquête, il n’est pas encore possible de catégoriser ce qui s’est passé au marché de Noël” vendredi soir, a indiqué la police locale.
Olaf Scholz s’y rend dans la matinée, accompagné de son ministre de l’Intérieur, pour tenter d’en savoir plus et d’apporter son soutien à la population locale traumatisée par cette attaque survenue en pleine campagne électorale.
“Ce qui s’est passé aujourd’hui affecte beaucoup de gens, cela nous affecte beaucoup”, a déclaré à l’AFP Fael Kelion, un Camerounais de 27 ans vivant dans la ville.
Vers 19H00 (18H00 GMT), une puissante voiture s’est brusquement engouffrée dans les allées du marché de Noël local, fauchant un à un les badauds sur son passage sur 400 mètres. Bilan encore provisoire de ce carnage : deux morts, dont un enfant, et plus de 60 blessés, dont une quinzaine grièvement.
« Nous avons vu le toit de la voiture, puis c’est arrivé. Tout le monde gisait alors par terre, des enfants, des hommes, des blessés avec des fractures ouvertes, c’est inimaginable”, a déclaré un témoin à la chaîne de télévision Welt TV.
« C’est terrible, il y avait un cadavre à côté de moi tout ce -. Je pensais que j’allais juste au marché de Noël et une telle chose arrive. Le monde est malade», a ajouté son partenaire.
L’attentat est survenu huit ans quasiment jour pour jour après un acte similaire commis sur un marché de Noël de Berlin, alors que l’Allemagne, en pleine campagne électorale, est en alerte contre des risques d’attentats.
– Huit ans après Berlin –
Pour les autorités, la date n’est pas une coïncidence et a été choisie délibérément. Mais personne n’a immédiatement conclu qu’il s’agissait, comme à Berlin en 2016, d’un attentat islamiste.
Car le profil de l’auteur présumé, présenté dans les médias allemands comme Taleb A., arrêté à bord de la voiture bélier, intrigue.
Vivant en Allemagne depuis 2006, médecin exerçant dans la ville de Bernburg, près de Magdebourg et bénéficiant du statut de réfugié, il n’était pas du tout connu pour ses sympathies pour le mouvement djihadiste.
Au contraire, ses prises de position fréquentes sur les réseaux sociaux dressent le portrait d’un homme se sentant persécuté, ayant rompu avec l’islam et dénonçant au contraire les « dangers » d’une islamisation de l’Allemagne.
Certains médias attribuent même des liens à l’extrême droite allemande. En tout cas, il était connu dans la communauté des immigrés saoudiens en Allemagne et aidait les demandeurs d’asile, notamment les femmes.
“Les motivations restent mystérieuses, une origine islamiste semble exclue”, juge l’hebdomadaire Der Spiegel.
– Reprise politique –
L’extrême droite allemande s’est néanmoins emparée de ce sujet à l’approche des élections législatives allemandes anticipées du 23 février, où la question de l’immigration jouera un rôle important, après plusieurs attentats commis ces derniers mois par des inconnus.
« Quand cette folie prendra-t-elle fin ? a écrit sur le réseau X la coprésidente de l’AfD Alice Weidel, dont le parti est crédité de la deuxième place dans les sondages, à près de 20 %.
Le parti se place derrière les conservateurs, qui réclament eux aussi un resserrement de la vis sur l’accueil des réfugiés, mais devant les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz.
Pour Fael Kelion, cela ne fait aucun doute. “Je pense que puisque (le suspect) est étranger, la population va être mécontente, moins accueillante”, dit-il.
Plusieurs capitales ont exprimé leur « choc », comme Rome, Madrid ou Washington, les États-Unis se disant prêts à « apporter leur aide ».
Le président français Emmanuel Macron et son nouveau Premier ministre François Bayrou ont exprimé la « solidarité » de la France.
L’Arabie saoudite, pays d’origine du suspect, a condamné l’attaque et affirmé son « rejet de la violence ».
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