News Day FR

La machine bleue tourne à plein régime avant l’étape du Grand-Bornand

L’hiver est à peine là. Celui du calendrier démarre dans quelques jours. Celui du biathlon est encore naissant. Deux week-ends, à Kontiolahti et Hochfilzen, et cinq courses individuelles, tant chez les hommes que chez les femmes. Trop tôt pour tirer des conclusions définitives, mais pas pour tirer les premiers enseignements. Pour l’équipe de , les résultats sont bons. Très bien, même. Quatre victoires. Neuf podiums. En dix courses. Bien mieux que l’année dernière. De jour comme de nuit, même.

Ce qui étonne surtout, c’est l’homogénéité et la densité du biathlon français en ce début de saison. Les neuf podiums proviennent de sept athlètes différents. Chez les garçons, Emilien Jacquelin (2), Eric Perrot, Quentin Fillon Maillet et Fabien Claude (1). Chez les filles, Lou Jeanmonnot (2), Julia Simon et Sophie Chauveau (1). C’est presque surprenant, surtout chez les garçons, qui ont vécu une saison extrêmement compliquée, sans le moindre podium en Coupe du monde avant mars !

Seul au monde, l’arrivée de Jeanmonnot à Hochfilzen

Crédit vidéo : Eurosport

Le biathlon français connaît un début de saison rare. Exceptionnel, même, pour notre consultante Lois Habert. “On a des résultats français qu’on n’a jamais connus, quand mêmesouligne-t-il. Je sais que tout le monde aime dire ça, mais c’est vrai. Dans le sens où on avait déjà des triplés, des choses comme ça, mais c’était plus trois garçons qui marchaient fort et derrière, c’était plus dur. Là, on a l’impression que les six qui sont là-haut peuvent monter sur le podium. Disons cinq pour les garçons mais six pour les filles

Force collective = moins de pression individuelle

Pourquoi cette amélioration soudaine ? Pourquoi maintenant ? Sans doute, en partie, pour des raisons cycliques. “Je ne suis pas fier de le dire parce que cela semble un peu vieux et amer, mais je pense quand même qu’en ce moment, il y a de la placesmiles Lois Habert. Il n’y a ni Russes, ni Biélorusses, ni presque pas d’Ukrainiens. Déjà, ce sont trois jolies nations de biathlon qui laissent la place. Les Biélorusses, chez les garçons, étaient moins là depuis un moment, mais chez les filles, ça allait fort. La Russie est une nation qui a joué devant. Tout cela permet à des athlètes qui avaient habituellement entre 15 et 40 ans de gagner beaucoup de places et d’avoir plus d’opportunités.

Son premier départ en masse et le dossard jaune, Perrot a tout gagné : le résumé vidéo

Crédit vidéo : Eurosport

Paradoxalement, les Bleus brillent aujourd’hui sans un leader incontournable, ce qui a souvent été leur apanage. Raphaël Poirée, anciennement. Martin Fourcade, évidemment. Dans un passé beaucoup plus récent aussi. Quentin Fillon Maillet il y a trois ans, ou Julia Simon il y a deux hivers. Cette fois, du moins pour le moment, aucune tête ne sort de la mêlée au point d’écraser le tout. Mais si quelqu’un échoue, il y aura toujours un autre élément pour prendre le relais.

Cette forme d’émulation convient bien au groupe, y compris à ceux qui, dans le passé, ont pu (ou ont dû) occuper le devant de la scène. C’est le cas de Julia Simon, qui peine un peu physiquement en ce début de saison. “Franchement, je laisse la lumière aux autres, il n’y a pas de problème, plaisantait ce dernier à notre micro avant le début de cette campagne 2024-2025. C’est très bien. Nous sommes trois à faire de très bons résultats, plus les trois qui nous poussent derrière et qui veulent prendre notre place. Quand il y a un leader, on a toute la pression sur soi, il faut toujours être performant. Là, si on rate une course, on a de fortes chances qu’une des filles réussisse. Ça permet d’avoir un peu moins les médias sur le dos

Julia Simon dit même qu’elle a «moins le sentiment de devoir rendre des comptes.» Le leadership est un privilège, mais c’est aussi un poids, plus ou moins lourd à porter selon les personnalités. En effet, en ce début de saison où presque tout le monde sort du bois, chacun son tour, personne n’avait à endosser ce rôle. Éric Perrot et Lou Jeanmonnot portaient le dossard jaune. Emilien Jacquelin a skié comme une fusée. Fabien Claude est allé chercher son premier carton en quatre ans. LES autres et vice versa.

Jacquelin : « Je ne savais pas qu’on faisait de l’histoire de France ! »

Crédit vidéo : Eurosport

Une douzaine de personnes « dignes du podium » ?

Ce phénomène va-t-il perdurer tout au long de l’hiver, ou faudra-t-il qu’à un moment ou à un autre, un leader s’émancipe et assume sa capacité à jouer un rôle majeur au classement général ? Lois Habert y voit un profil qui sort du lot. Celle de Lou Jeanmonnot, le seul avec Johannes Boe à compter deux victoires cette saison.

Elle risque d’en prendre beaucoup cette année, il nous dit. Elle gagne en confiance. Surtout, ses bavettes jaunes ne lui font pas peur. Le porter est très dur. On l’a vu avec quelqu’un comme Justine (Braisaz-Bouchet), qui est plus sensible. C’est contraignant en termes de logistique. Les conférences de presse, les contrôles antidopage constants, les médias qui appellent partout car nous avons un rôle à jouer… Mais elle le gère bien. On le voit dans la manière dont il en parle. Elle n’évite pas le sujet.

Simon Fourcade : « Perrot ? Il n’a pas de limites »

Crédit vidéo : Eurosport

Reste que l’émergence d’un Jeanmonnot ne modifie en rien l’ADN actuel de cette équipe de France, qui vit plus que jamais par la force du nombre. Et ce n’est probablement pas encore fini. Sachez que Justine Braisaz-Bouchet n’est même pas encore montée sur le podium. Alors, verra-t-on une dizaine de biathlètes français sur le podium cet hiver, sachant qu’en comptant ceux qui monteront en A à un moment ou à un autre, ils seront sans doute une quinzaine à concourir sur les épreuves de Coupe du monde ?

Cela voudrait dire que deux tiers des Français verraient le podiumrecalls Lois Habert. Ce serait énorme, mais oui, ce scénario est clairement réalisable. Océane Michelon, elle va le claquer. Jeanne Richard aussi. Ils sont un peu tendres, mais ils vont s’en sortir sur leur podium à un moment donné.» Déjà insolites, les réalisations collectives du groupe français pourraient donc même franchement devenir historiques dans les mois à venir.

Jacquelin implacable en relais : le moment où les Bleus ont pris le dessus sur les Norvégiens

Crédit vidéo : Eurosport

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :