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“c’était magnifique” dit Jean-Marie Chauvet

Jean-Marie Chauvet a donné son nom à une grotte aujourd’hui connue dans le monde entier. La grotte Chauvet qu’il découvre le 18 décembre 1994 avec deux amis, Eliette Brunel et Christian Hilaire. Trente ans plus tard, il se souvient encore avec précision et émotion de ces moments extraordinaires où il a découvert la cavité juste au-dessus du Pont d’Arc dans les gorges de l’Ardèche. Il était l’invité de Bleu Drôme Ardèche ce mercredi.

France Bleu Drôme Ardèche – Il y a 30 ans, c’est un dimanche après-midi, pourquoi vas-tu vers ce trou de soufflage, sais-tu qu’il y a une cavité derrière ?

Jean-Marie Chauvet – Oui, une cavité, on n’est jamais sûr que la cavité va se transformer en grotte, mais ce jour-là, c’était exceptionnel. Car vraiment, on ne s’attendait pas à trouver une grotte de cette ampleur.

Vous descendez ce trou avec Eliette Brunel et Christian Hilaire. Que voyez-vous en premier ?

La première chose, une fois descendu de l’échelle, on s’est dit “on est sur un gros coup”. C’était tellement vaste comparé à nos petites lumières ! En fait, nous avons suivi un chemin tout droit mais nous n’avons pas forcément vu tous les côtés et nous n’avons vu aucun tableau. C’est en passant par ce qu’on appelle aujourd’hui la chambre des vautours, alors la galerie appelle aujourd’hui le cactus qu’Éliette aperçut deux lignes en ocre rouge et elle écrivit « ils sont venus » ! Mais qui est venu ? « Des hommes préhistoriques, bien sûr ! De là, nous sommes entrés dans la préhistoire. Car s’il y a de l’ocre rouge, c’est qu’il y en a ailleurs. Et nous avons continué à descendre. C’est là qu’on a vu l’ours, je l’appelle le balou. Et puis, c’était magnifique, c’était blanc, immaculé, les belles concrétions. Puis on est remonté et c’est au panneau rouge qu’on s’est dit : “on est devant un Lascaux”. Parce que c’est une référence. Pour nos yeux d’enfants, Lascaux a toujours été une belle aventure.

“Nous n’avions pas assez d’éclairage, nous avions peur de tomber en panne car nous ne connaissions pas la cavité qui continuait”

Mais vous avez des lampes qui éclairent mal et ont une durée de vie limitée ?

Oui, nous n’avions pas assez d’éclairage, nous avions peur de tomber en panne car nous ne connaissions pas la cavité qui continuait. Les lumières baissaient alors nous sommes sortis et avons refermé l’étanchéité. Et en arrivant chez Eliette, nous avons dit à Carole (la fille d’Eliette Brunel, ndlr) que nous avions trouvé un Lascaux. Mais Carole a dit : “Je ne te crois pas, je veux voir.” “Non, non, nous ne voulons pas y aller maintenant, il est tard”. Et d’ailleurs, nous y sommes retournés et c’est là que l’aventure a commencé.

Comprenez-vous tout de suite que c’est une découverte immense, que c’est absolument fabuleux ?

Oh oui ! J’étais agent de surveillance des grottes ornées. Je fais des recherches sur la peinture au Sahara depuis les années 80. Nous connaissons donc l’art rupestre. Nous sommes spéléologues avant tout mais la cavité était tellement belle. Et quand nous sommes rentrés, nous avions pris un peu d’éclairage, et là nous avons vu le panneau des chevaux, nous étions à 20 mètres. Et c’est à ce moment-là que j’ai crié « chevaux ».

Ces peintures ont plus de 36 000 ans mais nous ne l’apprendrons que plus tard. Saviez-vous à ce moment-là qu’elle était plus ancienne que Lascaux ?

Oui, c’est à dire voir des mammouths, mais voir des rhinocéros, des lions. On s’est dit : il n’y en a pas dans toutes les grottes ornées des gorges de l’Ardèche. Mais c’était une déduction, une interprétation.

Existe-t-il d’autres grottes ornées, d’autres trésors qui, selon vous, dorment encore ?

Bien sûr ! On ne s’est pas formé à Chauvet pour faire des dessins. Il y a toute une scénographie chez Chauvet. Selon les dernières découvertes, entre Ardèche et Gard, il y aurait encore beaucoup à trouver.

Au-delà de la fête officielle de ce mercredi matin, y aura-t-il aussi une fête entre vous à Saint-Remèze ?

Bien entendu, nous réunissons tous nos amis aujourd’hui pour le 30e anniversaire de cette découverte. Et surtout il faut remercier toutes les personnes qui ont travaillé pour le bien de cette grotte et pour tout ce qui a été médiatisé et qui a donné vie à cette grotte. Aujourd’hui, nous avons un espace de restitution, il y a des emplois qui se créent. Tout cela est une fierté pour nous, spéléologues, d’avoir apporté cet élément.

 
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