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« Le Parti socialiste doit être responsable »

Vregardez sa famille politique engagée sur une sacrée ligne de crête. En refusant de participer au gouvernement de François Bayrou mais sans se prononcer immédiatement, contrairement aux Insoumis, pour une censure « a priori », les socialistes tentent de naviguer entre opposition au macronisme et posture de « responsabilité ». Patronne socialiste de la région Occitanie, Carole Delga regrette elle-même que le président de la République n’ait pas choisi une personnalité de gauche pour Matignon mais espère que « la raison prévaudra » et que le nouveau Premier ministre sera attentif aux « principes » énoncés. par la fête des roses pour ne pas appuyer sur le bouton rouge.

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Pour sa première interview accordée à la presse depuis la nomination de François Bayrou, l’ancienne députée, l’une des rares au PS à avoir publiquement exprimé ses doutes sur le renversement de Michel Barnier en pleine turbulence budgétaire, juge la décision « déconcertante ». » du Béarnais pour se rendre au conseil municipal de Pau en pleine crise à Mayotte. En revanche, elle n’est pas ouverte à une révision des règles de cumul des mandats pour les maires des communes de moins de 10 000 habitants.

Le point : Comment avez-vous réagi lorsque vous avez appris le drame de Mayotte ?

Carole Delga: Au fur et à mesure des nouvelles que nous avons reçues, nous avons pu apprécier le drame qui s’est abattu sur l’île. Les photos et les témoignages parlent d’eux mêmes : c’est un morceau de dévasté. Dès l’annonce du cyclone, j’ai immédiatement eu envie de réagir en tant que président des Régions de France. Hier, j’ai eu un entretien téléphonique avec Huguette Bello, présidente du conseil régional de La Réunion, que j’ai associée à la création et à la coordination d’un fonds régional de solidarité pour Mayotte. Et samedi j’ai eu des échanges avec le président du département de Mayotte, Ben Issa Ousseni. Je suis extrêmement inquiet, j’appelle le gouvernement à agir pour la population locale, dans le territoire le plus pauvre de France. Nous devons être à la hauteur du drame humain. La réponse de l’État à l’urgence, comme à la reconstruction, doit être un signal fort de l’unité de la nation.

Dans ce contexte grave, oui, le PS a une position responsable.Carole Delga

En se présentant au conseil municipal de Pau en pleine crise, François Bayrou a-t-il commis une erreur politique ?

Je n’aime pas ce genre de gros mots. J’ai néanmoins été surpris d’apprendre par les médias que le Premier ministre se rendait ce lundi au conseil municipal de Pau. J’ai trouvé sa décision pour le moins déroutante.

A LIRE AUSSI La faute à François BayrouPlus largement, que pensez-vous de sa nomination à Matignon ? Peut-il être, selon ses mots, celui qui « réconciliera » les Français ?

La priorité est en effet de rassembler les Français, que la présidence d’Emmanuel Macron a profondément divisés. Mais, pour les rassembler, il faut avant tout respecter leur choix et, en premier lieu, leur vote. Appoint François Bayrouque je connais bien et pour qui j’ai du respect, ne correspond pas aux souhaits du peuple. Le Premier ministre veut réconcilier, mais il n’est pas celui qui dispose des meilleurs atouts du simple fait qu’il est le soutien d’Emmanuel Macron depuis sept ans.

La réalité est que le président de la République ne veut toujours pas entendre le message envoyé par les électeurs à deux reprises, en 2022 et en 2024, en ne lui donnant pas de majorité. Dès le 8 juillet, j’indiquais qu’il fallait d’un côté un Premier ministre de gauche, arrivé en premier, et de l’autre que le la gauche s’ouvre à toutes les forces républicaines puisqu’il n’était pas majoritaire, sans tomber dans le délire du « programme, rien que le programme ». Nous sommes dans un jeu d’ombres et de théâtre profondément préjudiciable à la France pour sa crédibilité internationale, pour son économie, pour le quotidien de nos compatriotes. Il faut restaurer la confiance, et vite !

Dans un communiqué de presse publié au lendemain de la nomination de François Bayrou, vous appeliez à travailler « dans un esprit collectif ». Le PS vous semble-t-il aller dans ce sens ?

Le Parti socialiste a clairement indiqué qu’il fallait agir pour le pouvoir d’achat des Français, les salaires, suspendre la réforme des retraites et investir dans l’éducation et la santé, ce à quoi j’ajoute la sécurité. Notre boussole doit être d’écouter et de répondre aux attentes des gens. Dans cette période, il faut s’éloigner de tout jeu politique, contrairement à la droite et à l’extrême droite. Depuis juillet, tout s’est fait à l’envers : les Français ont remporté le Front républicain avec une prime à la gauche, mais aucun Premier ministre de gauche n’a été nommé et le gouvernement précédent cherchait les voix de la gauche. extrême droite. Il faut arrêter ce cycle infernal et revenir au bon sens, à l’intérêt général. Dans ce contexte grave, oui, le PS a une position responsable.

Le non-usage du 49.3 par le Premier ministre doit-il être une condition absolue pour que le PS renonce à la censure ? Cela ne risque-t-il pas de remettre en cause l’adoption des textes budgétaires ?

Je pense que, dans tous les cas, il faut trouver une manière de gouverner complètement différente de ce qui s’est fait jusqu’à présent sous le Ve République. Aujourd’hui, le pouvoir est au Parlement. C’est un travail méthodologique que le gouvernement doit mener avec l’Assemblée nationale, mais aussi avec le Sénat. Nous ne pouvons pas faire de gouverner avec le 49.3 un principe. Je pense qu’il est encore - d’essayer de construire, par le dialogue et la responsabilité, une convergence républicaine entre l’Assemblée nationale, le Sénat et le gouvernement.

A LIRE AUSSI «Ça va être la pagaille» : le dilemme des socialistes face à BayrouComme vous l’avez indiqué, en plus de renoncer au 49.3, le PS a émis d’autres revendications pour ne pas censurer le gouvernement, sur les retraites, la fonction publique ou l’absence d’une nouvelle loi sur l’immigration. Votre parti fait-il trop monter les enjeux ?

Les trois conditions du PS sont de cesser de pactiser avec le Rassemblement national (RN), de permettre au Parlement de retrouver ses droits et d’investir dans les services publics. Il est absolument essentiel d’établir ces principes, largement partagés par les Français, et que le gouvernement les prenne en compte.

Pensez-vous vraiment que François Bayrou saura faire des concessions à gauche ? N’est-il pas bloqué, de l’autre côté de l’échiquier politique, par les revendications des troupes de Laurent Wauquiez ?

Il faut rappeler que tant les écologistes que les communistes et les socialistes ont accepté de rencontrer le Premier ministre et sont en position d’ouverture. Ces trois partis comptent un nombre de députés bien supérieur à celui des Républicains. Si l’on y ajoute les parlementaires de centre-gauche, comme une partie de Liot et d’Ensemble pour la République (EPR), la sensibilité de gauche constitue le premier bloc à l’Assemblée nationale. J’espère que la raison l’emportera et que le Premier ministre ne fera pas preuve de la même surdité que le président de la République face aux attentes des Français.

Croyez-vous toujours qu’une forme « d’union nationale » ou de « coalition » autour de François Bayrou est encore possible à l’heure actuelle ? N’est-ce pas voué à l’échec ?

Les cartes sont entre ses mains. A lui de rendre possible cette ouverture à toutes les forces républicaines. Il faut à mes yeux même élargir le débat au-delà des partis et groupes politiques en s’adressant à ceux qui ont la confiance des Français : élus locaux, acteurs du monde économique, syndicats et associations de terrain. sociale et environnementale. Nous devons être à la hauteur de la France.

Dans le cadre de cette « ouverture aux forces républicaines », excluez-vous de rejoindre le gouvernement de François Bayrou ?

J’appelle à un dialogue républicain entre le gouvernement, l’Assemblée nationale et le Sénat. Mais Je ne vois pas comment les socialistes peuvent participer à ce gouvernementau vu des premières indications données par François Bayrou et de certaines déclarations de ministres qui, semble-t-il, seraient reconduits dans leurs fonctions.

Vous pensez à Bruno Retailleau ?

Entre autres choses…

Sa participation au gouvernement représente-t-elle un motif de censure en tant que telle pour la gauche ?

je n’aime pas les postures à l’homme. Il faut dialoguer et avoir un projet pour les Français. Mais le projet porté par Bruno Retailleau est, pour moi, inacceptable.

Olivier Faure a soutenu notre positionnement.

Malgré tout, François Bayrou vous a-t-il contacté depuis sa nomination ? Allez-vous être consulté comme les autres dirigeants politiques ?

Non, François Bayrou ne m’a pas contacté, mais il connaît déjà ma position. Lorsque le gouvernement sera formé, j’imagine que je serai invité à la rencontrer en tant que présidente des Régions de France. Ce sera l’occasion pour moi de réitérer les attentes des Français.

En refusant la censure « a priori » et en assumant de diverger avec LFI, Olivier Faure ne rallie-t-il pas derrière lui l’opposition interne dont vous faites partie ?

Plus précisément, c’est Olivier Faure qui a soutenu notre positionnement. Il est arrivé à la conclusion que nous avions tirée il y a deux ans et demi : on ne peut pas travailler avec Jean-Luc Mélenchon. Le « coup » ne vient donc pas de Nicolas Mayer-Rossignol, d’Hélène Geoffroy, de Karim Bouamrane ou de moi-même, mais du premier secrétaire. C’était essentiel. En ce moment de gravité, personne n’est fier du PS.

La perspective d’une nouvelle alliance électorale avec La France insoumise vous semble-t-elle définitivement close ?

J’ai toujours été cohérent sur la question de La France insoumise. La situation dans le pays appelle à la responsabilité, et non à des postures politiques ou au radicalisme. La direction de ce parti joue à un jeu dangereux, pour des raisons électorales. Je le répète, on ne peut pas construire l’union de la gauche avec des élus qui ne rentrent pas dans le cadre des valeurs de la République et qui soutiennent le repli communautaire. Il ne faut pas abuser de la laïcité. Nous ne pouvons pas avoir la moindre faiblesse à ce sujet.


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Kangourou du jour

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Vous êtes un élu local important. Etes-vous favorable au rétablissement du cumul des mandats ?

Lorsque j’étais député, je n’étais pas favorable au strict non-cumul des mandats comme cela avait été voté. Je pensais qu’on pouvait continuer à être maire d’une commune comptant jusqu’à 10 000 habitants tout en étant parlementaire. Le mandat municipal nous permet d’avoir une meilleure connaissance de la réalité de vie de nos concitoyens. Cela éviterait d’avoir certains débats complètement déconnectés des préoccupations des Français.

 
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