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« Pas des murs qu’on démolit, mais des souvenirs qu’on laisse s’effacer »

Par

Laura Bourven

Publié le

14 décembre 2024 à 19h46

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A Meaux, le programme de rénovation urbaine du quartier Beauval se poursuit. Dimanche 15 décembre 2024 à 13h, la ville fera ses adieux aux tours Camargue et Chambord, deux bâtiments démolis par Pays de Meaux Habitat.

Ils seront réduits en poussière et en tas de morceaux de béton et laisseront derrière eux des décennies de souvenirs. Tout un pan de l’histoire de Meaux qui s’en va et ne quitte pas son anciens locataires indifférent.

Des années de bons souvenirs

“Je n’irai pas à la démolition, ça me fera tellement mal au cœur » dit Véronique avec une pointe de nostalgie dans la voix. Cette maman de 53 ans a vécu à Chambord, au 3e étage, de 1996 à 2001. « Je n’ai que de bons souvenirs ! Quand je passe dans le quartier, je lève toujours la tête pour voir mon appartement. »

Ce bâtiment est une partie de son histoire, un fragment de sa vie. « Je suis venu ici après ma séparation. C’était mon premier appartement avec mes enfants en tant que femme célibataire. C’était un nouveau départ. Mes enfants ont grandi là-bas. »

Véronique n’est pas la seule dans cette situation. Ces tours participent, à différents niveaux, à la vie de chacun des habitants qui y résidaient. Isabelle a vécu au 2ème étage de la Camargue, « au cœur », entre 1994 et 2001.

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Quand je suis arrivé, mon premier fils avait 6 mois. J’étais enceinte de mon deuxième fils là-bas.

Isabelle, ancienne résidente de Camargue

Certains sont ces enfants qui ont grandi dans ces bâtiments. Comme Babeth, qui a vécu dans la tour Camargue de 6 mois à 25 ans. « Mes parents y ont vécu jusqu’en décembre 2023, et mes quatre frères et sœurs y sont tous nés. Mes enfants y ont également passé de très bons moments », raconte la maman aujourd’hui âgée de 43 ans.

Les tours sont des lieux de vie, où des générations entières se sont succédées. « Ce bâtiment a été le décor de mon enfance, de mes rires, de mes rêves. C’était un endroit où les voisins n’étaient pas seulement des voisins, mais aussi une famille élargie. »

Ces femmes gardent toujours ces belles années dans leur cœur, tant par qualité des appartements « grand et spacieux », seulement par le convivialité et solidarité avec le quartier. « Nous nous rencontrons souvent. Il y avait toujours quelqu’un pour nous prêter du sel. Je me souviens aussi de mon voisin d’en bas. Elle travaillait à l’hôpital et nous nous sommes arrangés pour nous occuper de nos enfants. Les voisins étaient gentils et disponibles », poursuit Véronique.

Elle se souvient aussi des vacances des voisins, des anniversaires, des Noëls… « Pour la bonne année, nous sortions dans les couloirs pour nous embrasser ! » Pour Isabelle, ses souvenirs remontent aux moments de café avec les voisins, ou aux enfants qui jouaient dehors, au pied des immeubles.

Nous connaissions tout le monde !

Isabelle, ancienne résidente de Camargue

« La Camargue était le lieu où chaque couloir racontait une histoire, où chaque étage vibrait des bruits de la vie. Les rires des enfants qui jouaient en bas, les discussions animées entre voisins, les petites fêtes improvisées… Tout cela faisait partie de notre quotidien, de mon identité » ajoute Babeth, émue par la démolition du 15 décembre.

« Ce ne sont pas seulement des murs qu’on démolit, mais des souvenirs qu’on laisse s’effacer, des tranches de vie qu’on met de côté. Et pourtant, ces histoires, ces moments précieux, vivront toujours dans ma mémoire et dans mon cœur. »

Un bâtiment qui s’est dégradé ces dernières années

De belles années qui diffèrent totalement de la réputation plus récente des tripodes de Meaux. Car, si la Ville a engagé un important plan de rénovation urbaine avec la démolition progressive des tours depuis 1990, c’est aussi pour promouvoir la mixité sociale et lutte contre le trafic de drogue situés dans ces bâtiments.

« Je ne connaissais pas la drogue. C’était une autre époque. Personnellement, je n’en retiens désormais que des choses positives. Je connais encore des gens qui y vivaient encore. On m’a dit que les choses avaient changé. Ce n’était plus le même Chambord » ajoute Véronique. ” Tout était propre.C’était mieux avant ! », ajoute Isabelle.

Après la démolition, ce sera au tour du bâtiment Provence plus petit. Il sera détruit à la pelle rétro. Ensuite, ces trois bâtiments céderont la place à des bâtiments, plus petits, à taille humaine. « Sur les terrains libérés, Pays de Meaux Habitat interviendra en qualité d’aménageur pour la construction de nouveaux immeubles d’habitation répartis en 5 lots », explique le bailleur.

Le long du canal de l’Ourcq, des appartements destinés à accueillir accession à la propriété privée sera construit sur les lots A et B. logement social seront également développés sur les lots C et D, ainsi que équipements publicsau rez-de-chaussée « afin de garantir la diversité […] et répondre aux besoins de la communauté.

Enfin, le dernier lot, E, doit accueilliraccès social à la propriété.

De nouvelles maisons où de nouvelles histoires seront écrites. Un nouveau livre est sur le point d’être écrit à Beauval.

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