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35 ans après la tragédie de Polytechnique Montréal

Le 6 décembre dernier, le Québec commémorait un événement tragique : il y a 35 ans, 14 jeunes femmes de l’École polytechnique de Montréal étaient assassinées parce qu’elles étaient des femmes, parce qu’elles deviendraient ingénieures, parce qu’elles étaient féministes.

Au moment des événements, en 1989, je participais à une fête de fin d’année pour les étudiants du barreau : j’avais 21 ans. Déjà, la musique nous animait et nous étions légers d’avoir terminé nos examens. Entre deux chansons, un ami est venu me murmurer à l’oreille : il se passe quelque chose à l’École polytechnique… une tuerie… La fête a continué, nous ne savions rien, c’était avant les téléphones intelligents et l’information en direct.

“Vous n’êtes toutes qu’un tas de féministes, je hais les féministes”

Ce n’est qu’en rentrant plus tard le soir que mon amoureux, lui-même ingénieur, me raconte l’horreur : 14 femmes sont mortes sous les tirs d’un jeune homme frustré qu’elles aient pris sa place, lui qui rêvait d’être ingénieur, mais n’avait pas été accepté dans le programme d’études. Elles avaient été tuées parce qu’elles étaient femmes, elles avaient été tuées parce qu’elles intégraient un domaine autrefois réservé aux hommes, elles avaient été tuées parce qu’elles avaient mieux réussi que lui. Le tueur était entré dans une salle de classe et, après avoir exigé que les hommes sortent, avait déclaré à la dizaine d’étudiantes qui restaient : “Vous êtes des femmes, vous allez devenir des ingénieures. Vous n’êtes toutes qu’un tas de féministes, je hais les féministes”, avant de décharger son arme sur elles.

À l’époque, il n’y avait pourtant que 15 % de femmes étudiantes en génie. Même si les femmes restent minoritaires, la situation a beaucoup évolué depuis, et le tragique événement de Polytechnique a même suscité des vocations. On compte désormais 30 % d’étudiantes à l’École polytechnique. Et pour la première fois de son histoire, c’est une femme, Maud Cohen, qui dirige l’École.

Au vu des reculs des droits des femmes dans plusieurs pays, les jeunes Québécoises sont toutefois conscientes que ces avancées sont fragiles et elles n’hésitent plus à revendiquer l’étiquette féministe qu’ont parfois reniée certaines de leurs aînées.

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