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La fragilité des savoirs acquis – Journal Les 2 Rives

13 décembre 2024 – 07h48

La fragilité des savoirs acquis

By: Deux Rives

Le 5 décembre, il y a eu d’abord la perpétuité de François Chapdelaine, cet homme qui a commis un meurtre horrible dans la région en assassinant son ex-compagne en 2022. « Violences atroces. Barbare», a déclaré le juge en prononçant la sentence. Puis il y a eu le 6 décembre. Une date qu’on ne peut pas oublier, 35 ans après le massacre de Polytechnique. Ces deux jours, l’un après l’autre, nous obligent à réfléchir sur la condition des femmes et ce qu’elle signifie pour notre société.

En 2024, le baromètre ne s’annonce pas bon pour les femmes.

J’ai toujours pensé que la condition des femmes, le respect de leurs droits, leurs progrès, constituent des indicateurs de civilisation. Je ne vois pas pourquoi je devrais penser autrement maintenant. Surtout avec ce qui se passe aux États-Unis. Je ne comprends pas pourquoi nous devrions accepter de revenir sur l’égalité des droits.

Après quelques années à l’étranger, dans un Moyen-Orient aux réalités très différentes des nôtres, je suis revenu au Québec en octobre 1989. Quelques semaines auparavant, 14 jeunes femmes étaient victimes d’un attentat dont on sait aujourd’hui qu’il était misogyne et anti -féministe. Je ne suis pas sûr d’avoir vraiment compris à l’époque ce qui se cachait derrière ce meurtre. Même si cela ne devrait pas être le cas, certaines choses mettent beaucoup de - à être réglées avant que nous puissions vraiment en tirer des leçons et vraiment les comprendre.

Aujourd’hui encore, si l’on en croit le discours ambiant, certains hommes ont du mal à admettre que les femmes occupent leur place dans l’espace public et portent leur mal-être dans l’espace privé. La violence contre les femmes augmente. On peut trouver cela inquiétant, dérangeant et même révoltant, mais cela ne s’arrête pas.

Ce qui est différent, et extrêmement inquiétant, c’est que ce discours misogyne est désormais porté par des élus, des personnes qui occupent des postes de direction, des hommes de pouvoir dans nos sociétés. Leurs statuts confèrent une légitimité à ce discours qui n’a pas vraiment osé se libérer. Sinon, comment pouvons-nous définir le rôle que joue Donald Trump ?

De ce côté de 45e En même -, nous semblons immunisés contre ces rebondissements de l’histoire, mais le sommes-nous vraiment ? Le droit des femmes à disposer de leur corps, le droit à l’avortement (même s’il existe de réels problèmes d’accessibilité qui limitent l’exercice) ne sont pas aujourd’hui remis en cause. Serait-ce avec l’élection d’un gouvernement conservateur à Ottawa ?

Tout semble si fragile.

La société québécoise doit compter sur tous ses membres. Il faut que chacun puisse contribuer au maximum de ses capacités, de ses compétences, de ses ambitions. C’est la principale raison de rechercher l’équité.

C’est également vrai ici, dans notre région. Faut-il souligner à quel point notre leadership politique est masculin ? Certes progressiste, mais masculin néanmoins.

Nous ne devons pas commettre l’erreur de croire que les « progrès », les avancées majeures, sont inévitables. Tout peut être brisé, on le voit.

Nous devons trouver un moyen pour que les filles et les jeunes femmes n’aient jamais moins de droits que leurs mères. Nous ne voulons pas d’une telle société.

Cette chronique prend un congé de quelques semaines. De retour le 14 janvier. Joyeuses fêtes !

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