Bruno Retailleau va-t-il rester à l’Intérieur ? Le ministre sortant, emblématique des Républicains, a été le premier responsable politique reçu vendredi soir par le Premier ministre. Cette réunion “nous a permis d’entamer une discussion essentielle sur la voie à suivre”, a appris franceinfo auprès des Vendéens.
Considérant avoir marqué les esprits et obtenu de premiers résultats, Bruno Retailleau souhaite rester. Mais pas sous aucune condition. Pas question par exemple de participer à un gouvernement qui remettrait en cause la réforme des retraites. Autre point clé, la possibilité ou non de poursuivre sa politique d’immigration.
Plus largement, le patron des députés LR, Laurent Wauquiez, a conditionné l’éventuelle participation de ses troupes au gouvernement au « projet » du nouveau Premier ministre. Selon différentes sources, l’ancien président Nicolas Sarkozy, qui s’est entretenu dimanche dernier avec Emmanuel Macron à l’Élysée, avait indiqué qu’il était opposé à la nomination de François Bayrou, qui avait préféré soutenir François Hollande contre lui en 2012.
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2 ministres qui ont imprimé
Certains ministres sont plus susceptibles que d’autres de rester. C’est le cas de Jean-Noël Barrot, aux Affaires étrangères. Il a deux atouts : être vice-président du MoDem et travailler dans un domaine qui demande de la continuité. Quant au maintien de Sébastien Lecornu dans les Armées, cela ne serait pas une surprise. Cet ami très proche d’Emmanuel Macron, dont la nomination à Matignon a été très sérieusement envisagée, est apprécié par de nombreux militaires, qui reconnaissent sa détermination à les défendre.
Le macroniste Laurent Saint-Martin pourrait également être reconduit dans ses fonctions. Le « M. » du gouvernement Barnier. Budget» a été l’un des seuls à s’affirmer à gauche dans cette équipe penchant largement à droite. « La deuxième gauche, social-démocrate, social-libérale, oui, je prétends toujours en faire partie », proclamait-il fin novembre dans Le Monde. Son profil reste donc intéressant pour François Bayrou qui devra donner un maximum de signes à gauche pour éviter la censure.
Maud Brégéon, porte-parole du gouvernement Barnier, a aussi ses chances. Elle n’a pas commis d’erreur pendant trois mois, dans un contexte délicat. Et le profil de cet ancien ingénieur d’EDF correspond aux convictions pro-nucléaire de François Bayrou. Rachida Dati pourrait également rester à bord, à la Culture.
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3 Le pool MoDem
Outre Jean-Noël Barrot, François Bayrou piochera probablement parmi les cadres du MoDem comme Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé démissionnaire, Marc Fesneau, ancienne ministre de l’Agriculture, Marina Ferrari, ministre déléguée au Tourisme démissionnaire, ou encore Sarah El Haïry, ancien ministre de la Jeunesse. Mais, par souci d’équilibre, il se gardera sans doute de donner une couleur trop orange à son gouvernement, après avoir critiqué le grand nombre de ministres LR dans le gouvernement Barnier.
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4 Qui est à gauche ?
Le patron des socialistes, Olivier Faure, l’a dit haut et fort. Le PS « ne participera pas » au gouvernement Bayrou. Le constitutionnaliste Benjamin Morel anticipe des difficultés de recrutement pour le nouveau Premier ministre, qui aura du mal, selon lui, à s’élargir en dehors de la macronie. “Si vous espérez avoir un avenir politique, vous ne voulez pas rejoindre ce gouvernement”, a-t-il expliqué sur RMC. Michel Barnier avait tenté de débaucher Carole Delga, présidente socialiste de la région Occitanie, et Stéphane Le Foll, ancien ministre de l’Agriculture sous François Hollande. Sans succès.
Didier Migaud, ministre de la Justice démissionnaire, restera-t-il la seule figure de gauche du gouvernement s’il conserve son poste ? Ou bien des personnalités comme l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve ou l’actuel président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, franchiront-elles le pas ? C’est l’une des principales questions des prochains jours.
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5 Et les Bretons ?
«Je pense que le Premier ministre a d’autres préoccupations, pour l’instant, que de s’intéresser à la représentation géographique de son gouvernement», a répondu l’ancien garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, vendredi soir, sur Tébéo et TébéSud.
La centriste Françoise Gatel, ministre de la Ruralité démissionnaire, a le profil pour rester. Le député MoDem du Morbihan, Jimmy Pahun, ancien skipper, est régulièrement cité au ministère de la Mer, où il pourrait remplacer un autre Breton, le maire de Lorient Fabrice Loher.
Le député du Finistère, Erwan Balanant, fait également partie des ministres. A la question « en tant que cadre du MoDem, avez-vous été pressenti pour un ministère ? », a-t-il répondu vendredi au Télégramme : « Ça ne marche pas comme ça. François Bayrou devra créer un gouvernement équilibré, avec des gens de droite, de centre gauche et de l’axe central. Il n’y a donc pas beaucoup de place et ce n’est pas le moment de réfléchir à mon cas personnel. Je sais que les gens en parlent, et oui, cela peut arriver. Si François Bayrou me demande de prendre des responsabilités, je les prendrai. »
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