La chanteuse iranienne a publié mercredi sur sa chaîne YouTube un concert de trente minutes dans lequel elle apparaît dévoilée, dans une longue robe noire dévoilant ses épaules. Une violation directe de la charia.
Une nouvelle figure de la résistance en Iran. Événement inédit dans l’histoire de la République islamique iranienne, en place depuis 45 ans, une jeune femme est montée sur scène sans hijab, pour un concert de trente minutes diffusé sur les réseaux sociaux. Parastoo Ahmadi, 27 ans, a chanté pour protester contre la loi sur « promotion de la culture de la chasteté et du hijab »qui devait entrer en vigueur vendredi 13 décembre après avoir été adopté par le Parlement. Selon RFI, sa promulgation a finalement été annulée aujourd’hui par le président lui-même, qui souhaite éviter un déchirement de la société. Un autre projet de loi devrait être présenté par le gouvernement dans les prochains mois.
Le mercredi 11 décembre, Parastoo Ahmadi a partagé en ligne une vidéo d’elle-même en train de chanter, saluée par beaucoup comme une « acte de courage incroyable » et un « geste historique ». En trois jours, la vidéo a dépassé les 1,3 million de vues sur YouTube et a été partagée des dizaines de fois sur Instagram. “Je suis Parastoo, une fille qui veut chanter pour les gens qu’elle aime” écrit la jeune femme en légende de l’extrait pour justifier son geste. “C’est un droit auquel je ne pouvais pas renoncer : chanter pour le pays que j’aime si passionnément”.
Défier la République islamique
Parastoo Ahmadi interprète plusieurs chansons iraniennes célèbres, accompagné de quatre hommes qui semblent être des membres de son groupe, dans la pénombre du patio d’un caravansérail traditionnel dont on ignore le nom et visiblement sans public. Tête et épaules nues, dans une robe de soirée noire, maquillée, avec un collier en forme de carte de l’Iran autour du cou, elle défie la République islamique qui oblige les femmes à se couvrir la tête et le cou et leur interdit de chanter. seul en public depuis 1979.
Parastoo Ahmadi chante sept chansons dans ce concert préenregistré à une date et un lieu inconnus. L’un d’eux est l’emblématique Az Khoone Javanane Vatan (« Du sang de la jeunesse de la nation »), chanson du mouvement Femme, Vie, Liberté. Une autre chanson dit notamment que« il faut affronter les tempêtes sans tenir compte de sa vie ».
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Bien que sa prestation de mercredi soit le premier concert qu’elle enregistre, Parastoo Ahmadi n’est pas une inconnue du public iranien. Née en 1997 à Nowshahr, dans le nord de l’Iran, elle est diplômée en réalisation de l’Université Sooreh. Elle a débuté sa carrière de chanteuse en publiant des reprises de chansons pour piano sur son compte Instagram qui compte près de 600 000 abonnés. Des dizaines de milliers de personnes ont commencé à suivre son compte après la publication de la vidéo mercredi.
Poursuites ouvertes
L’engagement militant de la jeune femme n’est pas nouveau. Lorsque le pays s’embrasa en 2022 après la mort de Mahsa Amini, Parastoo Ahmadi avait déjà défié le régime des mollahs en reprenant la ballade Az Khoone Javanane Vatan du mouvement Femme, Vie, Liberté. Elle a dû rapidement supprimer la vidéo, contrainte par les autorités qui l’ont alors convoquée et perquisitionnée chez elle.
Moins de vingt-quatre heures après la publication de la vidéo mercredi, la justice iranienne a annoncé l’ouverture d’un procès contre Parastoo Ahmadi et les musiciens qui l’accompagnaient. Sans la nommer, l’agence de presse judiciaire iranienne Mizan a dénoncé un “groupe dirigé par une chanteuse” avoir enregistré « de la musique sans respecter les règles légales et religieuses ». Les autorités sont «est intervenu et a pris les mesures appropriées, ouvrant une procédure contre le chanteur et la production», précise l’agence Mizan.
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