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les positions pro-Bachar al Assad de l’extrême droite lui reviennent comme un boomerang

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LUDOVIC MARIN / AFP Marine Le Pen photographiée le 14 février à l’Assemblée nationale 2023.

LUDOVIC MARIN / AFP

Marine Le Pen photographiée le 14 février à l’Assemblée nationale 2023.

POLITIQUE – Lundi 9 décembre, 9 heures Alors que plus de 24 heures se sont écoulées depuis le renversement de Bachar al-Assad en Syrie, Marine Le Pen (qui a toujours l’ambition de devenir chef de l’Etat), n’a pas fait le moindre commentaire à ce sujet. bouleversement géopolitique d’une ampleur considérable. Au Rassemblement national, c’est Jordan Bardella qui s’est chargé de clarifier la position du parti.

Interrogé sur le plateau de Dimanche en politique sur 3 ce dimanche, il a répondu en brandissant de potentiels effets néfastes pour la France. ” Dans quelques mois, il est possible que l’on paye les conséquences de cette prise de pouvoir par les fondamentalistes islamistes à travers des flux migratoires importants. », a répondu le président du RN, avant d’appeler l’Union européenne à « anticiper le risque d’une poussée migratoire, où pourraient s’infiltrer des terroristes islamistes ».

Al-Assad considéré comme un rempart qu’il n’a jamais été

Une position partagée par son allié Éric Ciotti, qui prédit un « un chaos aux conséquences incalculables, notamment migratoires pour l’Europe. Comme si le « boucher de Damas » et son régime de terreur ne sont pas eux-mêmes responsables de l’exil de plusieurs centaines de milliers de Syriens depuis le début de la guerre civile. Qu’importe pour l’extrême droite française, qui persiste à présenter Bachar al-Assad comme un rempart contre l’islamisme, même s’il est établi que le dictateur syrien a sciemment libéré des centaines de jihadistes en mai 2011.

Le profil du chef des rebelles islamistes syriens, Abou Mohammad al-Jolani, est également brandi comme la preuve que la chute du dictateur syrien, malgré les multiples atrocités qu’il a commises, est forcément une mauvaise nouvelle. ” Tandis que certains se réjouissent de la chute du régime de Bachar al-Assad, on en apprend un peu plus sur les nouveaux dictateurs qui vont le remplacer, et plonger la Syrie dans un nouvel enfer. Régime islamique de type iranien ou afghan ? Maintenant, c’est la question… », demande sur le réseau social X la députée RN de l’Eure Katiana Levavasseur.

« Le camp du mal, c’est Daesh. Bachar envoie-t-il des soldats tuer nos enfants dans nos rues ? » Marine Le Pen, en 2017.

Connu pour son positionnement pro-russe et sa proximité avec Bachar al-Assad, l’eurodéputé RN Thierry Mariani vient sans surprise au secours du dictateur syrien, reprenant le récit (également martelé par Vladimir Poutine) d’un pays désormais livré aux mains. des islamistes. ” La France salue la victoire des islamistes en Syrie. Bientôt, les mêmes regretteront une nouvelle vague de réfugiés et une montée de la menace terroriste islamiste en Europe.»a écrit l’eurodéputé, dans l’un des nombreux tweets qu’il a consacrés à la situation. Cependant, si toutes les chancelleries occidentales expriment leur satisfaction de voir ce régime tomber, toutes expriment leur profonde inquiétude et leur vigilance sur la transition à venir. Car se réjouir de la fin d’une dictature au bilan humain terrible est une chose, et rester lucide sur l’avenir des événements en est une autre.

Pourtant, le Front national, puis le Rassemblement national, n’ont jamais fait autre chose que soutenir Bachar al-Assad, pourtant mis au ban du concert des nations, au prétexte qu’il était – à tout le moins – un « moindre mal » face au djihadisme. « Le camp du mal, c’est Daesh. Bachar envoie-t-il des soldats tuer nos enfants dans nos rues ? “, » interrogeait Marine Le Pen en 2017, sans remettre en cause la responsabilité du dictateur syrien dans l’émergence de l’État islamique. Un positionnement binaire qui a conduit à plusieurs reprises les dirigeants du parti lépéniste à nier les atrocités commises par le régime. Après une (énième) attaque chimique lancée par l’armée syrienne à Khan Cheikhoun en avril 2017, Marine Le Pen s’est offusquée de la réaction de Donald Trump, qui avait ordonné un bombardement en Syrie en représailles.

Réhabilitation

Quant à Marion Maréchal, alors députée FN, elle allait jusqu’à reprendre la propagande du régime syrien, laissant entendre que toutes ces histoires d’usage d’armes chimiques n’étaient que des manipulations occidentales. ” À l’heure où la Syrie connaît une éclaircie diplomatique, pourquoi Bachar al-Assad aurait-il choisi précisément ce moment pour lancer une attaque ? “, a-t-elle interrogé, exigeant ” une enquête indépendante » sur les crimes attribués à Bachar al-Assad, malgré les nombreux témoignages recueillis par les ONG et la presse sur place et les photos d’enfants gazés qui ont choqué la communauté internationale. Sur la question des armes chimiques spécifiquement, Marine Le Pen a donné à plusieurs reprises l’impression de douter de leur véracité, comme on peut le voir dans cet extrait exhumé par l’eurodéputée macroniste, Nathalie Loiseau.

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Cette complaisance à l’égard de Damas a parfois changé en degré, mais jamais en nature. Ainsi, en 2019, l’eurodéputé RN Virginie Joron expliquait, de retour d’un voyage en Syrie, que les rues de Paris étaient plus dangereuses que celles de la capitale syrienne. Lors de ce même déplacement, son collègue Thierry Mariani était ravi de retrouver une bouteille de Côtes-du-Rhône dans un restaurant de Sednaya, malgré les sanctions et l’embargo qui frappent Damas.

« Félicitations à nos vignerons qui ont réussi à distribuer leur vin jusqu’à présent », s’est-il félicité attablé en terrasse, dans cette ville où le régime avait installé la plus terrible de ses prisons politiques, dite « abattoir humain « . Deux ans plus tard, en août 2021, le même Thierry Mariani retourne voir son dictateur favori, accompagné pour l’occasion d’Andréa Kotarak, qui deviendra plus tard porte-parole du RN. Sur Twitter, l’élu frontiste n’a pas hésité à faire l’éloge de Bachar al-Assad. Un dirigeant accusé depuis 2013 par l’ONU de « crimes contre l’humanité ».

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Plus récemment, en 2022, Marine Le Pen a appelé à la reprise des relations diplomatiques avec le dictateur syrien. ” La rupture des relations diplomatiques avec la Syrie nous a aveuglés, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme islamiste, peut-être au moment le plus dangereux que traversait le pays. », a expliqué le candidat RN à l’élection présidentielle, proposant ni plus ni moins que la réhabilitation d’un tyran. Ce qui explique sans doute l’embarras du député du Pas-de-Calais, dont l’un des vieux amis, Frédéric Chatillon, a également participé aux défilés de personnalités d’extrême droite aux côtés de Bachar al-Assad.

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