«Mmonseigneur, Notre-Dame de Paris vous est rendue…», a déclaré Emmanuel Macron, samedi 7 décembre, à l’issue de son discours lors de la cérémonie de réouverture de la cathédrale. Il s’adressait à l’archevêque de Paris. Ce dimanche, Mgr Laurent Ulrich, a présidé la première messe à Notre-Dame de la Redécouverte. Une cérémonie en présence de chrétiens – 170 évêques de France et du monde, 106 prêtres de Paris et prélats des Églises orientales – ainsi que de nombreuses personnalités – dont l’accès n’était possible que sur invitation.
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Avant le début de la célébration, la cathédrale oscillait entre ombre et lumière, comme si le grand vaisseau respirait, pour créer une atmosphère propice à la contemplation. Commence alors le défilé de (très) nombreux curés et banderoles venus de toutes les paroisses de Paris, un cortège porté par des chants vantant la maîtrise de Notre-Dame et les notes du grand orgue qui, durant plus de deux heures, magnifiera par leur splendeur de l’immense cathédrale désormais baignée de lumière.
Le président de la République Emmanuel Macron et son épouse ont pris place au premier rang. “Ce matin, la sentence du 15 avril est effacée”, a déclaré l’archevêque de Paris.
Proclamant avec force, commentant l’Évangile : « Les ravins qui séparent les hommes les uns des autres peuvent être comblés, les montagnes de l’orgueil peuvent être aplanies, les mensonges tortueux peuvent faire place à la joie de la vérité, les obstacles placés sur le chemin peuvent être remplacé par l’admiration réciproque de ceux qui rivalisent honnêtement : on peut se réjouir sans arrière-pensée de la réussite des autres ce qui accroît l’estime partagée. Nous pouvons le désirer et y contribuer ; Quoi qu’il en soit, c’est l’intention même de Dieu d’y parvenir avec notre aide. »
Dans la grande nef, le public est figé devant la solennité du moment. « La force des cérémonies d’ouverture nous invite à être à la hauteur », nous dit Mgr Matthieu Rougé, chef du diocèse de Nanterre. Il faudra approfondir cette identité de Notre-Dame de Paris dans la même logique de joie rayonnante. »
Un autel en bronze de « noble simplicité » pour Notre-Dame
Le cœur de la célébration est hautement sacré puisqu’il s’agit de consacrer le nouveau mobilier liturgique, et notamment l’autel. Le voici donc sous nos yeux, cet autel en bronze signé du dessinateur Guillaume Bardet, « ce bloc de terre qui ne fait qu’un avec les pierres », souligne Mgr Ulrich. Au diable ceux qui s’offusquent de cet autel qui leur ressemble à un meuble Ikea !
La tâche était claire, et inscrite noir sur blanc dans les textes liturgiques de Vatican II : respecter une « noble simplicité », selon l’expression conciliaire. « L’autel devait être visible sans perturber l’équilibre patrimonial du monument, et il devait s’inscrire dans le décor datant à la fois de l’époque gothique et de celle du XVIIIe siècle.e siècle qu’il a derrière lui, précise l’historien, expert des cathédrales, Mathieu Lours, qui a écrit le livre officiel Reconstruire Notre-Dame (Tallandier). Guillaume Bardet a choisi la masse visuelle qu’il a allégée avec cette forme en U. »
Le moment spectaculaire survient lorsque l’archevêque répand à mains nues les huiles bénies sur tout l’autel pour le consacrer. L’eau, l’huile, le saint chrême et l’encens finissent de purifier la table. « Que nos prières montent vers Toi Seigneur comme la fumée de cet encens ! » prononce Mgr Ulrich.
Les officiants finissent d’étaler l’huile avec des chiffons. Un moment qui a beaucoup ému Philippe Jost, le patron du chantier Notre-Dame : « Voir l’archevêque répandre ainsi l’huile, sentir l’encens, c’était très puissant », nous a-t-il confié. Il se passe quelque chose de puissant, de surnaturel au sens strict, nous nous levons. Consacrer un nouvel autel à Notre-Dame, vous vous en rendez compte ? Nous avons vécu un moment d’histoire. Et je peux vous dire que le délai de cinq ans n’était pas seulement une volonté présidentielle, nous répondions à une attente, une impatience. »
Ce rituel a évidemment une grande signification spirituelle. « L’autel est un lieu essentiel puisqu’il est non seulement au centre de l’église mais aussi, surtout, de la vie spirituelle chrétienne », explique Mgr Rougé. A travers cette cérémonie de consécration, « l’autel devient un élément de la vie religieuse », explique le prêtre et théologien Laurent Stalla-Bourdillon. C’est un rite particulier qui fait que l’autel incarne désormais la présence et l’offrande du Christ aux hommes.
Les reliques de cinq saints placées dans l’autel
L’archevêque a solennellement déposé à l’intérieur de l’autel les reliques de cinq saints ayant un lien avec Paris. Les femmes sont majoritaires. Il s’agit de Catherine Labouré, qui a vu des apparitions de la Vierge au couvent des Filles de la Charité, rue du Bac (lieu de « la médaille miraculeuse »), Madeleine-Sophie Barat, la fondatrice de la Congrégation du Sacré-Cœur, Marie -Eugénie Milleret, convertie en écoutant le prédicateur dominicain Lacordaire ici même à Notre-Dame.
A leurs côtés, une relique de Charles de Foucauld, célèbre ermite du désert algérien converti à l’église Saint-Augustin, mais aussi le père Vladimir Ghika, prêtre roumain du diocèse de Paris, mort d’épuisement dans les geôles du Régime communiste roumain et fait béni par l’Église catholique. Les reliques sont intimement liées à l’histoire des cathédrales. « En les plaçant dans son autel, Notre-Dame assume son rôle de sanctuaire national », précise Mathieu Lours. Le christianisme est fondé sur l’histoire de ces saints martyrs. « Les premières basiliques de Rome ont été construites sur les tombeaux des saints, rappelle Mathieu Lours. Ce sont des éléments fondamentaux dans l’histoire de l’Église. »
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La litanie des saints, chantée avec ferveur, longuement et lentement sous les arcades, fut l’un des moments forts de la célébration. « Aujourd’hui, c’est un jour de fête », proclament les chanteurs de Notre-Dame. « Ce fut un grand moment d’espérance et de communion », confiait en sortant le recteur archiprêtre de la cathédrale, Mgr Olivier Ribadeau-Dumas. J’ai eu l’impression d’être entré hier dans la cathédrale, comme si le - avait été compressé depuis cinq ans, il y a une continuité dans le nouveau. Rien n’a changé dans ce qui fait la cathédrale. »
Sur la place, les scouts, présents depuis six heures du matin « pour aider », se réjouissent de ce moment historique. Nous nous adressons à un jeune prêtre pour connaître sa réaction. Il nous dit qu’il s’appelle Père Chanoun et qu’il est vicaire de la paroisse Notre-Dame du Liban. Et a rapidement déclaré : « Cette cérémonie était sublime. C’est le symbole du triomphe de la vie et de l’amour sur la mort. »
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