Il y a des moments de grâce et de force absolues que l’on attend parfois en vain toute une vie d’athlète. Vendredi, Donovan Léon, le gardien de l’AJ Auxerre, a vécu la soirée rêvée pour un gardien de 32 ans. Celle qu’on imagine enfant dans un centre de formation. Face au PSG, meilleure équipe de L1, les Guyanais d’Auxerre n’ont pas pu encaisser de but.
C’était écrit quelque part. Soirée magique, match d’une vie, des gants comme coffre-fort et toujours un dixième de seconde d’avance pour prendre la bonne décision. Sans cacher la pointe de chance qui, dit-on, n’arrive jamais par hasard avec la barre transversale pour le sauver. Au final, Donovan Léon a réalisé onze arrêts. Cette saison, aucun gardien de Ligue 1 n’a réalisé plus d’arrêts que lui sur un seul match. En Europe, seul Mads Hermansen – le gardien de Leicester – a apporté plus de contribution avec 13 arrêts.
Ce 6 décembre 2024, pour Donovan Léon, est donc un peu la scène parfaite pour un film moins romantique qu’espéré lors de son arrivée en métropole, à l’US Brétigny. Il avait 15 ans et imaginait le même destin que Bernard Lama, lui aussi parti de Guyane pour devenir champion du monde. Mais les mauvais rebonds sont toujours dangereux pour un gardien.
Pendant longtemps, il n’était qu’un remplaçant
Donovan Léon rejoint le centre de formation d’Auxerre à 17 ans. Mais en Bourgogne, il apprend la patience et le rôle de doublure. Pas assez de ci, trop de cela, certains entraîneurs de l’AJA ne lui accordent pas leur confiance sur la durée. En 2015, Auxerre ne renouvelle pas son contrat et il part à Brest pour ne pas voir sa carrière rester dans les limbes. Mais en Bretagne, il n’a jamais quitté l’étiquette de remplaçant et est resté cinq saisons à mendier des matches. 23 en cinq ans, ce n’est presque rien.
En juin 2020, il revient gratuitement à Auxerre. Entre--, l’AJA a fait son retour en Ligue 2. Un peu comme lui, dans le monde du football français. Mais lors de la saison 2021-2022, il est l’un des principaux artisans de la remontée en se montrant décisif lors des tirs au but lors des barrages contre Sochaux puis Saint-Étienne. Fin des ennuis ? Non car la saison suivante, Auxerre, pas vraiment reconnaissant, recrute Benoît Costil comme titulaire. Toujours ces doutes sur sa capacité à briller en L1. Morale de l’histoire, Costil s’avère médiocre, Donovan Léon a perdu la foi et Auxerre redescend en L2. Un triomphe…
Donovan Léon prend alors place à l’échelon inférieur, survole la saison et Auxerre revient brillamment. Lors de l’été dernier, Christophe Pélissier, son entraîneur, lui avait promis que cette fois, il débuterait en Ligue 1. Il saisit cette opportunité tant attendue, améliore de jour en jour ses performances et devient ainsi l’homme qui fait la grimace du football parisien.
“Il m’a envoyé un texto à 1h33 du matin”
L’homme a donc pris une autre dimension sans enfler, selon son ami Jérôme Solentini, aujourd’hui recruteur à Rennes et qui a travaillé avec lui à son arrivée à Brétigny. “Humainement, il n’a pas changé”, souligne-t-il. D’habitude, les joueurs qu’on a connu dans la jeunesse et qui sont passés pro ne décrochent plus au bout de quelques années quand on les appelle. Là, juste après son énorme match contre le PSG, il m’a envoyé un texto à 1h33 du matin (sourire). Honnêtement, Donovan est le prototype d’un bon gars. »
A Brétigny, Jérôme Solentini a pris sous son aile le futur bourreau du PSG. « Ma femme est guyanaise et cela a facilité les choses », se souvient-il. De plus, il a toujours eu un très bon caractère. Je n’ai aucun souvenir d’un quelconque accès de colère de sa part. C’est clairement une force tranquille. » Et sportivement, son ami est ravi de le voir enfin dans le lumière. «Quand Auxerre a mis Costil sur son chemin pour relancer le club, j’ai trouvé ça assez dur», remarque-t-il. À un moment donné, il a fallu que la roue tourne. Contre Paris, dont il est un grand fan, Donovan Léon a donné la plus belle réponse à ceux qui doutaient encore de lui. »
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