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Ursula von der Leyen adopte un accord commercial entre l’Union européenne et l’Amérique du Sud

UMme von der Leyen s’est envolée pour Montevideo après le renversement du gouvernement de Michel Barnier, déterminée à conclure l’accord politique avec les pays du Mercosur malgré une opposition française très ferme. Et elle l’a fait ! «C’est le début d’une nouvelle histoire», dit-elle depuis la capitale de l’Uruguay. Cet accord est une victoire pour l’Europe. Trente mille entreprises européennes exportent déjà vers le Mercosur. Bien d’autres suivront. » Les exportations vers le Brésil soutiennent à elles seules 733 000 emplois européens.

Le président de la Commission européenne estime que les dernières garanties obtenues, notamment sur l’action climatique, permettent de franchir le pas. Elle a particulièrement salué le courage du président Lula qui, au nom du Brésil, s’est engagé à stopper la déforestation de l’Amazonie d’ici 2030. Un lourd sacrifice pour le développement industriel du Brésil. Le texte intégral sera publié en début de semaine prochaine.

Un camouflet de plus pour Macron

Naturellement, cet accord politique sur le Mercosur sonne comme un nouveau camouflet pour Emmanuel Macron qui voit ses objections balayées par celui qu’il a porté, en 2017, sur le trône de l’Europe. Si lors du premier mandat de von der Leyen il pouvait compter sur sa loyauté, aujourd’hui Ursula von der Leyen est libérée et agit selon sa propre conception des intérêts de l’UE. Elle en assume l’entière responsabilité. Et les risques qui vont avec.

Le timing est parfait pour le président de la Commission : la , la plus hostile au Mercosur, est empêtrée dans ses contradictions politiques insolubles, et l’Allemagne, favorable au Mercosur, cherche un nouveau chancelier. Une fenêtre de six mois s’ouvre pour laisser sa marque lors de son deuxième et dernier mandat.

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Bataille judiciaire en vue

Mais le chemin vers la ratification s’annonce semé d’embûches. La Commission envisagerait de « scinder » l’accord pour contourner le veto des parlements nationaux. Une manœuvre juridique risquée : plusieurs Etats membres, dont Chypre, y voient un dangereux précédent qui « dépasse le mandat » de négociation initiale. La Commission considère que rien n’était gravé dans le mandat sur ce point.

Un accord « mixte » nécessiterait l’approbation des 27 parlements nationaux et l’unanimité au Conseil, alors qu’un accord commercial classique qui n’excède pas les compétences de l’UE n’exige que celles du Parlement européen et du Conseil (à la majorité des deux tiers). majorité). La France, qui considère cette distinction comme une « ligne rouge », pourrait saisir la Commission de la Cour de justice de l’UE.

Paris n’est plus isolé dans son opposition. La Pologne de Donald Tusk s’est rangée aux côtés des manifestants, tout comme l’Autriche et l’Irlande. Les Pays-Bas affichent leur prudence, leur Parlement se montrant « très critique sur le volet agricole ». Une minorité de blocage pourrait se former au Conseil si l’Italie montait dans le train des opposants. Giorgia Meloni est restée silencieuse alors que des divisions sont apparues entre son ministre de l’Agriculture (contre) et son ministre des Affaires étrangères, Antonio Tajani (pour). La Commission a clairement identifié ce lien crucial et travaillera en étroite collaboration avec le gouvernement italien dans les prochains jours.

Ursula von der Leyen bénéficie du ferme soutien de 11 États membres qui lui ont écrit une lettre. En fait, c’est une deuxième campagne de conviction qui s’ouvrira d’ici quelques mois sur la base du texte même issu de la négociation dont les Etats sceptiques recevront une copie en début de semaine prochaine.

A LIRE AUSSI Ursula von der Leyen, alliée involontaire d’Emmanuel Macron ? De manière générale, pour faciliter les choses, Ursula von der Leyen a (et va) multiplier les consultations bilatérales. Un fonds de compensation pourrait être proposé aux pays les plus touchés par un éventuel impact sur les marchés. La Commission rappelle également que les quotas ouverts aux pays du Mercosur aux droits de douane plus faibles restent très limités : 99 000 tonnes par an pour la viande bovine (1,6 % de la production européenne), 188 000 tonnes pour la volaille (1,4 %) et 25 000 tonnes pour la viande porcine (0,1 %). . Quoi qu’il en soit, ces quotas sont inférieurs aux exportations de bœuf du Mercosur vers l’UE (200 000 tonnes par an).

Accord de Paris, « clause essentielle »

L’accord comprend des garanties sans précédent. L’Accord de Paris devient une « clause essentielle », permettant une suspension unilatérale en cas de violation. Les produits liés à la déforestation seront interdits et les normes sanitaires européennes pour l’entrée des produits sud-américains dans l’UE resteront non négociables.

« Oui, mais comment expliquer aux agriculteurs français, à qui on impose des normes élevées, qu’ils vont entrer en concurrence avec les Sud-Américains ? se demande-t-on chez les Français. Il faut de la réciprocité, sinon c’est suicidaire. » La Politique agricole commune (PAC) elle-même doit être remise en question : voulons-nous continuer sur la voie tracée par Frans Timmermans lors du mandat précédent ? « Dans ce cas, c’est simple, l’agriculture européenne est en dehors du marché mondial », analyse Luc Vernet, expert agricole du think tank FarmEurope. Elle ne supporte plus la concurrence. Sinon, dans dix ans, le modèle des petites et moyennes exploitations agricoles sera mort. » Il existerait un autre modèle de transition écologique que celui défendu par Frans Timmermans, mais cela suppose de donner aux agriculteurs les moyens d’investir, les revenus directs de la décarbonation et d’innover.

Chez les Français, l’eurodéputée Marie-Pierre Vedrenne (MoDem) développe une position nuancée sur la question de la réciprocité dans l’accord UE-Mercosur, se distanciant de la ligne officielle française. Pour elle, l’enjeu n’est pas de véritablement imposer des normes européennes aux partenaires commerciaux, une approche qu’elle juge irréaliste. “Cela ne fait pas l’objet d’un accord commercial”, souligne-t-elle, préférant mettre l’accent sur “la traçabilité et la conformité des produits entrant dans notre marché intérieur”. Elle critique notamment le recours au concept de « clauses miroir », qu’elle juge contre-productif : « À force d’utiliser cette logique, nous ne convainquons personne en Europe ou parmi nos partenaires extérieurs. »

La clause dérogatoire, un écran de fumée ?

Le traité du Mercosur n’entre pas dans ces considérations de mode de production. Cependant, il comprend un « clause de sauvegarde ». Une première : cela s’appliquera même aux produits soumis à des quotas, permettant à l’UE de suspendre rapidement les importations en cas de déstabilisation du marché.

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Une garantie que la Commission met en avant pour rassurer les secteurs inquiets, citant l’exemple du Ceta : malgré les craintes initiales, le Canada, bien que champion mondial de la viande bovine, n’a pratiquement pas utilisé ses quotas d’exportation vers l’UE. “Mais elle n’est activée qu’en cas de déstabilisation du marché européen, on aurait aimé une clause nationale”, déplorent les Français. Parce qu’avant de déclencher la clause européenne… »

La Chine se taille la part du lion

L’accord offre également d’importants avantages économiques à l’UE. Au total, cela supprimerait 4 milliards d’euros de droits de douane pour les exportateurs européens. Les formalités douanières seront alléguées. Le secteur vitivinicole français serait l’un des grands gagnants avec la suppression des droits prohibitifs de 27 % et la simplification des procédures administratives d’importation. Plus de 350 indications géographiques européennes seraient protégées, dont une soixantaine de marques françaises, des vins d’Alsace aux rhums des Antilles. Ces acquis expliquent le soutien de certains secteurs à l’accord, malgré les réticences du monde agricole.

Le contexte géopolitique pèse lourd. La récente visite de Xi Jinping à Brasilia illustre l’offensive chinoise en Amérique latine. Pour l’UE, l’accord représente une sécurité stratégique d’accès aux matières premières critiques (lithium, cuivre) et aux protéines végétales.Le Brésil contrôle notamment 88,8 % de la transformation mondiale du niobium, dont l’UE dépend à 82 % pour son approvisionnement. L’Argentine, quant à elle, assure 11 % de la transformation mondiale du lithium, un minéral crucial pour la transition énergétique. Le Brésil est également un acteur clé pour d’autres matières premières stratégiques : 10,4 % de l’extraction mondiale de bauxite, 7,5 % du graphite naturel et 15,9 % de l’extraction mondiale de tantale.

L’enjeu stratégique des matériaux critiques


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Pour ces matériaux critiques, l’accord interdit notamment l’établissement de monopoles d’exportation et l’imposition de prix minimaux. Les taxes à l’exportation seront largement supprimées, à quelques exceptions près pour le Brésil, qui devra toutefois accorder des conditions préférentielles aux acheteurs européens. Pour les industriels européens, cela signifie un accès plus stable et plus prévisible aux ressources stratégiques, avec des droits de douane réduits qui renforceront leur compétitivité.

Ursula von der Leyen joue gros. En agissant en force sur le Mercosur, elle affirme son autorité mais prend le risque d’une crise politique majeure. La bataille de la ratification ne fait que commencer.

 
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