Après Benoît Jacquot, Jacques Doillon ? Le deuxième cinéaste visé par les accusations de l’actrice Judith Godrèche, qui ont provoqué une explosion dans le cinéma français, risque à son tour d’être mis en examen vendredi devant un juge parisien.
Le cinéaste de 80 ans avait assuré en avril n’avoir “jamais promis de rôle à qui que ce soit ni profité de (sa) position de réalisateur pour obtenir des faveurs sexuelles”.
“Dans 35 films, il m’est arrivé une ou deux fois d’avoir des romances avec des actrices, mais je n’étais pas un harceleur”, a-t-il ajouté.
Cette figure du cinéma d’auteur est arrivée vendredi vers 9h50 au tribunal judiciaire de Paris le visage couvert d’une casquette noire et de lunettes de soleil, accompagné de son avocate Me Marie Dosé.
Interrogé au début de l’interrogatoire, ce dernier n’a pas répondu dans l’immédiat.
Jacques Doillon a été placé en garde à vue à la Brigade de protection des mineurs début juillet, en même - qu’un autre cinéaste mis en cause par Judith Godrèche, Benoît Jacquot.
Si ce dernier a été mis en examen pour les viols des actrices Julia Roy en 2013 et Isild le Besco entre 1998 et 2000, M. Doillon avait vu sa garde à vue levée « pour raisons médicales ».
Le parquet de Paris a annoncé qu’il réfléchissait toujours « aux modalités des suites à donner » le concernant.
M. Doillon a donc été convoqué vendredi pour mise en examen, sans que l’on sache à ce stade pour combien des accusations portées contre lui.
Devant la police, le cinéaste a notamment été confronté à Joe Rohanne, une personne trans non binaire, qui a porté plainte pour trois viols, coups et blessures et violences psychologiques.
Les faits qu’elle a racontés au Monde, a priori non prescrits, datent de 2009 à 2012 et se seraient produits en France et en Belgique.
Deux femmes avaient également porté plainte pour des faits qui semblaient prescrits : Hélène M. avait accusé le cinéaste de viol à Paris en 1995, alors qu’elle avait 16 ans, tandis qu’Aurélie Le Roc’h l’avait accusé de tentative de viol à l’été 1998. au domicile de M. Doillon, en région parisienne.
– « Effet pack » –
L’enquête préliminaire a été déclenchée après la plainte déposée par Judith Godrèche contre les deux cinéastes.
Mais les faits décrits par l’actrice ne figuraient pas dans le cadre des accusations passibles de poursuites potentielles, en raison de la prescription.
Elle accuse M. Doillon d’avoir « mis ses doigts dans sa culotte » lors des essais du film « La fille de 15 ans » sorti en 1989. Elle avait alors 15 ans et était avec Benoît Jacquot.
« Je n’ai jamais eu de relation intime avec Judith Godrèche. Je n’ai jamais été attiré par elle», avait répondu Jacques Doillon en avril.
« Judith Godrèche a ouvert le bal et a fait de moi son bouc émissaire. Les autres accusations ont suivi”, a-t-il déclaré, dénonçant un “effet meute”.
Jacques Doillon a déposé une plainte en diffamation contre Mme Godrèche, notamment pour une publication Instagram du 21 février dans laquelle elle l’accusait de « coucher » avec des « enfants ».
Judith Godrèche a récemment annoncé avoir reçu un préavis de mise en examen pour diffamation, une mesure procédurale automatique.
L’actrice est devenue un fer de lance du mouvement #MeToo en France après ses accusations, déclenchant notamment l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur le secteur du cinéma et de l’audiovisuel.
D’autres affaires visant des personnalités de cette industrie seront prochainement jugées : le réalisateur Christophe Ruggia comparaît lundi et mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour agressions sexuelles sur Adèle Haenel alors qu’elle était une jeune adolescente.
Gérard Depardieu doit être jugé à Paris les 24 et 25 mars 2025 pour agression sexuelle.
Ces affaires, comme celle du producteur Luc Besson, finalement licencié, ou du réalisateur Roman Polanski, accusé par plusieurs femmes de viol et qui a été condamné aux Etats-Unis pour « relations sexuelles illégales » avec une mineure de 13 ans, a souligné l’ampleur des violences sexuelles visant les femmes dans l’industrie du cinéma.
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