Motion de censure : le complot des imbéciles

En censurant le gouvernement Barnier, nos politiques ont une nouvelle fois fait preuve d’une immaturité qui remet en cause leur rapport à la nation. Le pays attendait la stabilité, le retour à l’ordre républicain. Il a eu droit à une pantalonade où les députés des deux côtés de l’échiquier rivalisaient d’excès et de bêtises.

Que la France Insoumise et le Rassemblement National se soient comportés avec la brutalité qu’on leur connaît passe encore inaperçu. Mais que le Parti socialiste participe aussi à cette mascarade, cela en dit long sur la lente et apparemment inexorable déliquescence d’une formation politique autrefois nourrie d’une véritable réflexion intellectuelle, et désormais dirigée par une direction impuissante à sortir du cadre étroit de ses contingences électorales.

Lorsqu’un pays comme la France chancelle sous le poids de sa propre négligence, nous attendons de nos représentants un sursaut, une ardente volonté d’oublier leurs querelles internes pour s’unir pour œuvrer au redressement de la nation. C’est exactement le contraire qui s’est produit. En limogeant le gouvernement Barnier, ils ont agi comme une bande de gamins turbulents prompts à saisir le moindre prétexte pour semer le désordre et le chaos sans en calculer les conséquences.

Quoi qu’on puisse penser de ce gouvernement, il convenait de le maintenir tel qu’il était, ne serait-ce que pour assurer, en ces - prodigieusement incertains, le bon fonctionnement de l’organisation du pays. Quand la maison brûle, on ne cherche pas à savoir pourquoi l’incendie s’est déclaré, on fait ce qu’il y a de plus urgent, en espérant sauver ce qui peut l’être.

Ce qui frappe dans le comportement de chacun, c’est cette absence de dignité qui s’apparente à l’expression d’une bêtise aussi crasseuse que grossière. On pensait que l’Assemblée nationale rassemblait l’élite du pays, on se rend compte à notre grand désarroi qu’elle compte surtout dans ses rangs une majorité de députés qui n’ont aucune conscience des enjeux du moment, comme si leur mission première n’était pas de penser à l’avenir du pays mais à tenter de semer le désordre pour apparaître demain comme ses improbables sauveurs.

C’est ainsi que Marine Le Pen, patriote en carton, prend le pays en otage pour précipiter une démission du président de la République qui lui permettrait de surmonter une décision de justice potentiellement dévastatrice pour ses ambitions personnelles, tandis que Jean-Luc Mélenchon, voyant le spectre de sa vieillesse approchant à grands pas, s’accroche à une accélération du calendrier électoral où, pris dans ses délires messianiques, il s’imagine encore jouer le premier rôle.

Quant à Olivier Faure, médiocre parmi les médiocres, ennemi du courage et de la valeur, il sait se ménager pour se donner l’illusion d’exister. C’est le propre des hommes sans volonté : face à l’adversité, ils fuient leurs responsabilités pour aller au plus commode, acceptant un compromis où ils tenteront sans convaincre personne qu’ils n’avaient d’autre choix que de suivre la doxa propre à son camp.

C’est ainsi que la France se retrouve au pied du mur. Dirigé par un monarque qui confond l’exercice du pouvoir avec une partie du Mikado, entouré d’un staff politique pratiquant la politique du pire au détriment de l’intérêt général, il apparaît de plus en plus comme un pays à l’agonie qui ne gère plus tracer les contours d’un avenir capable d’assurer sa pérennité.

D’où ce sentiment d’anxiété qui saisit la plupart d’entre nous. Si nos propres élus agissent avec la désinvolture qui sied habituellement aux simples d’esprit, qui pourront demain prétendre diriger les affaires du pays, sinon un bonimenteur dont la seule vertu sera de répondre avec force et brutalité aux attentes des uns et des autres des problèmes ? Lorsque l’élite d’un pays s’effondre ou manque à ses devoirs, elle emporte avec elle tout ce qui lui reste de son éclat.

Nous n’en sommes pas encore là, mais nous nous en rapprochons de plus en plus.

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