Jusqu’alors, le lycéen bénéficiait du grand orgue de la cathédrale de Saint-Brieuc, dont il était déjà membre, et de ceux des églises de Rennes, où il exerçait. L’année suivante, Vincent intègre le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Le jeune virtuose remporte cinq premiers prix, décernés à l’unanimité. En 2002, il devient le premier Français à remporter le concours international d’orgue de Calgary, au Canada. Dans la foulée, Vincent remporte celui non moins réputé de Toulouse.
Dès lors, une carrière de concertiste s’ouvre à lui : Europe, Etats-Unis, Asie. Le prodige se retrouve invité dans les plus grands festivals du monde, se produit dans des lieux mythiques et collabore avec le Los Angeles Philharmonic, le Dallas Symphony, le Hong Kong Philharmonic ou encore l’Orchestre philharmonique de Radio-France, pour ne citer qu’eux. qu’eux.
Directeur du Conservatoire de Strasbourg
Des master classes par-ci, des enregistrements audio par-là, un poste d’artiste-professeur en résidence à l’Université du Michigan, outre-Atlantique. De quoi satisfaire l’appétit d’orgue de Vincent Dubois ? Pas vraiment. Entre 2008 et 2022, le breton directeur des conservatoires de Reims, puis de Strasbourg. Un planning vraiment intense, perturbé par cet appel téléphonique irréversible du 20 janvier 2016.
À l’autre bout du fil, le commissaire responsable de ce concours « monstrueux » qui n’a lieu qu’une fois tous les 30 ans, lui annonce l’exquise nouvelle : Vincent a été choisi pour succéder à Jean-Pierre Leguay, l’un des membres de Notre-Dame. -Dame de Paris, retraitée. Le rêve de sa vie. Le Saint Graal absolu. A seulement 35 ans. « Cela signifiait que j’aurais désormais un accès permanent à cet organe, considéré comme la première tribune du monde », savoure-t-il encore aujourd’hui.
Un rêve qui a failli virer au cauchemar, le 15 avril 2019. En fin d’après-midi, Vincent reçoit un appel de Johann Vexo, qui vient de terminer d’accompagner l’office du soir, à l’orgue du chœur. Sa voix respire la peur. La cathédrale est en feu. Vincent, désemparé, passe une partie de la nuit à regarder les chaînes d’information en continu. Les pompiers ont abondamment arrosé South Rose. Le Cavaillé-Coll repose juste derrière. Le pire est à craindre.
Une harmonie qui reste intacte
A 6 heures du matin, le soulagement est venu grâce à un message du sacristain. Le grand orgue est intact. «C’est miraculeux», dit Vincent. Durant les cinq années de reconstruction de Notre-Dame, lui et ses complices organistes partageèrent la liturgie à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, près du Louvre. Leur joyau, quant à lui, a subi un « gros dépoussiérage » de la part du facteur d’orgues Bertrand Cattiaux. Le 17 novembre, Vincent a pu y rejouer pendant six heures d’affilée. Verdict? « L’harmonie est la même. Rien n’a changé”, se félicite-t-il.
Lors du week-end d’inauguration, les 7 et 8 décembre, les trois copropriétaires se relayeront à la console. La cérémonie d’ouverture et de réveil de l’orgue aura lieu samedi soir. Nul doute que le Breton aura à cœur d’interpréter Vierne, Dupré ou Franck, ces compositeurs du XIXe siècle qu’il adore. De la galerie, là-haut, parmi les roseaux.
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