Ce sera l’un de ses derniers discours en tant que président du Conseil constitutionnel, sinon le dernier. Lundi 2 décembre, Laurent Fabius s’est exprimé devant l’Académie des sciences morales et politiques de Paris. L’occasion pour lui de faire le point sur son action à la tête du Conseil où il a été nommé en 2016 par François Hollande. Il quittera la rue de Montpensier le 7 mars 2025, à minuit.
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On pourrait penser que M. Fabius – qui a toujours su faire passer des messages de manière subtile – aurait profité de cette dernière occasion pour alerter sur les récentes atteintes à l’État de droit (notamment les différentes déclarations de Bruno Retailleau, ministre de la Justice). ‘intérieur), sur les risques de dérive antilibérale en France et en Europe. Ou encore sur la vigilance accrue dont le Conseil constitutionnel doit faire preuve en période de crise politique permanente. Il n’en était rien. Ou presque.
Laurent Fabius est malgré tout revenu sur les responsabilités des juges constitutionnels : « [Leur] leur rôle n’est pas de substituer leur appréciation à celle du législateur, mais seulement de veiller à ce que la loi n’ignore pas le « droit des lois »c’est-à-dire la Constitution. Une manière pour M. Fabius de répondre aux accusations régulières adressées au Conseil de vouloir instaurer un « gouvernement des juges ».
Quatre pistes de développement
L’ancien ministre des Affaires étrangères (2012-2016) a également souhaité évoquer l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis. Et de s’interroger, en soulignant les attaques contre la séparation des pouvoirs : « Qui peut affirmer avec certitude que cette situation ne pourrait en aucun cas se produire en France ? Sauf que le Conseil constitutionnel est là, qui veille au respect de notre Constitution et de l’État de droit. »
Mais le discours de lundi après-midi a surtout été l’occasion pour l’ancien premier ministre de François Mitterrand (1984-1986) de donner des pistes pour l’évolution future du Conseil, tant dans sa composition que dans ses règles de nomination. Il a identifié quatre pistes : la suppression de la catégorie des membres légaux du Conseil constitutionnel, à savoir les anciens présidents de la République, un « caractéristique que le Conseil ne partage qu’avec quelques tribunaux exotiques », selon l’ancien patron du Parti socialiste ; l’exigence pour les membres du conseil d’administration d’avoir une solide expérience juridique ; la mise en place d’un “période d’idd” de trois ans pour les personnalités appartenant à l’exécutif ou au Parlement avant de pouvoir être nommées au Conseil. Ce qui permettrait, selon M. Fabius, d’éviter des questions récurrentes d’expulsion ou de récusations. Et enfin, Laurent Fabius suggère de renforcer la parité entre les membres.
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