P.as de panique à la Bourse de Paris, jeudi matin, après la chute du gouvernement Barnier. En Europe, les jugements sont plus sévères. Pour l’eurodéputé allemand Markus Ferber (CSU) : « La France est l’homme malade de l’Europe et le budget Barnier aurait été le remède à son mal-être. »
Ce député, inconnu en France, fixe depuis longtemps la ligne économique du PPE au Parlement européen. “C’est un signe désastreux que les partis d’opposition d’extrême gauche et d’extrême droite soient prêts à faire passer le parti avant le pays”, a-t-il poursuivi. Le désordre dans lequel se trouve actuellement la France est également le résultat direct de la décision de Macron de convoquer des élections anticipées l’été dernier. Macron a tout mis en œuvre et a perdu gros – ce genre d’esprit ludique n’est pas ce que nous aimerions voir chez un président. »
BCE et droite allemande : entre prudence et critique
La crainte de Ferber s’étend à l’Europe lorsqu’il énumère les clignotants rouges : « Une dette élevée, des déficits élevés et des taux d’intérêt élevés constituent une combinaison dangereuse qui pourrait facilement aboutir à un désastre. » Les difficultés budgétaires de la France mettent également en danger la zone euro. »
Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, serait en première ligne si les marchés venaient à perdre confiance. Elle était présente mercredi au Parlement européen à Bruxelles lorsque l’Assemblée nationale allait voter la motion de censure. Interrogée par un député socialiste espagnol sur la situation française, la patronne de la BCE, qui connaît le poids de ses propos, est intervenue. « Je ne commenterai pas la situation d’un Etat membre en particulier. Je comprends qu’il existe des dispositions constitutionnelles et organiques permettant à ce pays de continuer à fonctionner avec une autre forme de budget, mais je ne m’aventurerai pas dans ce domaine, car ce n’est pas mon domaine direct. répondit-elle.
Une réunion de l’Eurogroupe se tient lundi. La France n’est pas officiellement à l’ordre du jour des discussions entre ministres des Finances européens. “Il n’y a aucune pression ni intention de transmettre des messages particuliers à la France”, assure un haut responsable du Conseil. Ce que vit la France est un processus parlementaire constitutionnel. C’est une situation politiquement compliquée, mais nous devons simplement respecter les processus démocratiques. Bien entendu, tout le monde espère que de la clarté apparaîtra et que le pays pourra se doter d’un gouvernement stable, mais à ce stade, personne n’a le sentiment que l’Eurogroupe devrait participer à cette discussion. »
La droite allemande, qui envisage son retour au gouvernement après les élections législatives de février prochain, écrase les extrêmes en France. “L’extrême droite et l’extrême gauche de Le Pen préfèrent sauter dans le vide, emportant avec elles le destin de la France et du peuple français”, déplore Manfred Weber, le président du Parti populaire européen. C’est un comportement irresponsable. Nous apprécions grandement le travail accompli par Michel Barnier et Les Républicains. Eux seuls peuvent apporter la stabilité dont la France a besoin. »
« La France est depuis longtemps une référence pour nous et nous entretenons avec elle des liens d’amitié profonds. Mais cela devra passer par les réformes que nous, les Grecs, avons subies », commente un diplomate.
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Le moteur franco-allemand en panne, l’Europe attend
Beaucoup, sous couvert de l’anonymat, déplorent la panne du moteur franco-allemand au moment où Poutine augmente son agressivité et où Donald Trump arrive au pouvoir à Washington. En effet, si la France est bloquée par sa chambre introuvable, l’Allemagne n’est pas au mieux, ni en termes économiques ni en termes politiques, en attendant des élections législatives anticipées en février et la constitution d’une nouvelle coalition qui prendra encore quelques mois. À tel point que les analystes estiment que les deux plus grands pays de l’UE ne se remettront pas en selle – au mieux – avant l’été prochain.
Bien entendu, à la table du Conseil, la Pologne de Donald Tusk et l’Italie de Giorgia Meloni apparaissent comme les grands pays les plus stables. “Mais on ne peut rien construire avec la Pologne et l’Italie sans l’Allemagne et la France”, souligne-t-on au Conseil où Antonio Costa, le nouveau président du Conseil, vient de prendre ses fonctions.
Les 100 jours cruciaux de la Commission Von Der Leyen II
Ce - de latence n’est pas perdu : la commission von der Leyen II dispose désormais de quelques mois pour produire ses premiers textes. Ursula von der Leyen a promis un premier sprint de 100 jours qui s’annonce rude pour certains de ses commissaires. En premier lieu, Christophe Hansen, d’Agriculture, devra livrer une « Vision pour l’agriculture » avant même l’apparition des premières pousses du printemps.
La tech n’est pas en reste : la vice-présidente exécutive, Henna Virkkunen, va devoir mettre les bouchées doubles pour lancer ses « AI Factories », histoire de prouver que l’Europe peut aussi jouer dans la cour des grands de l’intelligence artificielle. Côté défense, le duo Andrius Kubilius-Kaja Kallas se voit confier la rédaction express d’un « Livre blanc sur l’avenir de la défense européenne » (le deuxième du nom après la Boussole stratégique). Une urgence due à la dureté de la guerre russo-ukrainienne…
Projets prioritaires pour une Europe en action
Les commissaires Stéphane Séjourné et Teresa Ribera doivent mettre sur la table le « Clean Industrial Deal » en mettant particulièrement l’accent sur la décarbonation, les technologies propres et les incitations à l’investissement. Le Hongrois Oliver Varhelyi, en charge de la Santé, devra travailler sur la cybersécurité des hôpitaux. Le Danois Jorgensen (Énergie et Logement) doit élaborer un « Plan d’action pour des prix de l’énergie abordables ».
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Kangourou du jour
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Raffaele Fitto, qui gère les fonds de cohésion, doit superviser, avec le commissaire à l’économie Valdis Dombrovskis, la mise en œuvre complète de Next Generation EU et se concentrer sur sa mise en œuvre réussie pour atteindre l’échéance de dépenses de 2026. Un accent particulier doit être mis sur le dialogue avec les parties participantes et l’implication des autorités régionales et locales.
Plus surprenant, tous les commissaires devront jouer aux baby-sitters politiques en organisant des « Dialogues avec la jeunesse ». Une manière pour von der Leyen de montrer que l’Europe n’est pas qu’un cercle de cheveux gris en costume-cravate.
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