Chaque année depuis 2013, la revue médicale Prescrire publie la liste noire des médicaments à éviter « pour un meilleur traitement ».
Des médicaments présentant une « balance bénéfice-risque défavorable dans toutes les situations cliniques incluses dans l’AMM », explique-t-elle en préambule.
« L’évaluation (entre 2010 et 2024, NDLR.) identifie de manière documentée les médicaments plus dangereux qu’utiles, dans le but d’aider à choisir des soins de qualité, ne nuisant pas aux patients et évitant des dommages disproportionnés. », continue Prescrire.
Commun, mais efficace ?
Dans la liste 2025, qu’elle vient de dévoiler dans son dernier numéro, on en retrouve 106 commercialisés en Europe, dont 88 accessibles en France, classés par domaine thérapeutique.
Au milieu de ces traitements contre le cancer, les arythmies ou l’alopécie, la surprise vient de ces médicaments (presque) quotidiens utilisés contre la toux, la diarrhée ou les nausées. Commun mais efficace ? Avec quels effets secondaires ?
Contre la toux : effets sédatifs, réactions anaphylactiques ou problèmes cardiaques
C’est un sirop destiné à soulager les toux grasses ou sèches, souvent prescrit, notamment en cas de bronchite. D’après le bilan de Prescrire, oxomémazine (Toplexil ou autre) exposerait à des « effets indésirables disproportionnés », c’est-à-dire à un fort effet sédatif.
En gros, boire une tisane à base de citron, de gingembre et de miel serait tout aussi efficace, sans l’endormissement, dangereux dans certaines circonstances.
D’autres produits concernés ? Ambroxol (Muxol ou autre) et Bromhexine (Bisolvone) dédiés à fluidifier le mucus qui « n’ont pas d’efficacité clinique démontrée au-delà de celle d’un placebo ». Et qui exposerait certains à des réactions anaphylactiques ou à des réactions cutanées graves.
Finalement, nous trouvons le pentoxyvérine (Pentoxyvérine Clarix 0,15%)un antitussif à action centrale qui peut provoquer des problèmes cardiaques et des réactions allergiques graves.
Contre les troubles intestinaux : pollution naturelle au plomb dans les argiles médicamenteuses
Il s’agit de petits sachets que l’on retrouve très souvent dans les kits de voyage pour lutter, entre autres, contre les touristes. A l’intérieur, des argiles médicamenteuses qui, selon Prescriredevraient être exclus en raison de leur pollution naturelle au plomb.
Sont préoccupés par diosmectite (Smecta ou autre), l’hydrotalcite (Rennieliquo), monmectite (Bedelix, et en combinaison avec Gelox) et le kaolin (en combinaison dans Gastropax).
D’une part, en cas de diarrhée, les argiles modifieraient l’aspect des selles sans réellement agir sur la perte en eau et le risque de déshydratation.
De l’autre, la présence naturelle de plomb, qui a des effets toxiques neurologiques, hématologiques, rénaux et cardiovasculaires. Une balance bénéfice-risque négative qui invite à les écarter.
Contre les nausées : les problèmes cardiovasculaires
Ils sont prescrits contre les nausées et les vomissements. Oui, mais le dropéridol (Droleptan ou autre) et la métopimazine (Vogalene, Vogalib ou autre) vous exposeraient à des troubles du rythme cardiaque, des accidents vasculaires cérébraux et des morts subites. “Des effets disproportionnés par rapport aux symptômes traités et à leur faible efficacité”, selon Prescrire.
Utilisée contre le reflux gastrique, la dompéridone (Domperidone Biogaran et autres) est également incluse.
Le cas particulier du Phloroglucinol (Spasfon)
Le phloroglucinol ? Cela ne vous dit probablement pas grand-chose… Il s’agit de la forme générique d’un médicament que beaucoup de gens connaissent : Spasfon.
Bien qu’il ne figure pas sur la liste noire 2025, Prescrire a choisi de lui donner une boîte séparée.
Déjà gratté en 2023 par l’enseignante-chercheuse Juliette Ferry-Danini dans son livre Pilules roses : ignorance en médecinecet antispasmodique très apprécié des Français, mais surtout des Françaises contre les douleurs menstruelles, fait l’objet d’une certaine circonspection.
« Son efficacité symptomatique sur les troubles intestinaux bénins récurrents est incertaine. Dans d’autres situations cliniques, il n’y a rien à attendre phloroglucinol au-delà de l’efficacité d’un placebo », indique la revue, avant de s’intéresser aux risques notables qu’elle fait peser sur la santé.
Ses principaux effets secondaires concernent des réactions allergiques, dont « des syndromes de Lyell rares (lésions ulcéreuses touchant toutes les muqueuses, des squames et une éruption cutanée), et un risque tératogène* mal connu ».
C’est pourquoi elle conseille de l’éviter aux femmes enceintes ou susceptibles de le devenir, et d’éviter de prendre du phloroglucinol en automédication, ce qui est malheureusement très courant en France.
*Tératogène signifie « pouvant avoir une action sur l’embryon ou le fœtus ».
Pour retrouver la liste complète des médicaments à éviter pour une meilleure prise en charge en 2025, consultez le dernier numéro de Prescrire.
Quels sont les critères ?
Dans son classement, la revue Prescrire indique que les médicaments répertoriés sont :
-Médicaments avec efficacité démontrée mais qui expose les personnes à des risques disproportionnés par rapport aux avantages qu’ils apportent.
-Médicaments les anciens dont l’utilisation est obsolète car d’autres médicaments, plus récents, présentent une balance bénéfice-risque plus favorable.
-Médicaments les plus récents dont la balance bénéfice-risque s’avère moins favorable que celle des médicaments plus anciens.
-Médicaments dont l’efficacité n’est pas prouvée au-delà de celle d’un placeboet qui exposent à des effets indésirables particulièrement graves.
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