L’affaire a débuté par une dénonciation de la Cellule de traitement de l’information financière (Ctif) et de la Loterie nationale. L’ancien ministre MR, qui a occupé plusieurs portefeuilles fédéraux, est soupçonné d’avoir blanchi des fonds via l’achat de billets de loterie, une pratique utilisée pour cacher de l’argent d’origine illicite.
Selon les informations révélées par Le Soir et Follow The Money, l’enquête couvre une période de plusieurs années, lorsque Didier Reynders était encore ministre fédéral et, jusqu’à récemment, commissaire européen.
Les transactions suspectes comprennent l’achat de « e-tickets », des bons numériques payables en espèces ou par carte, pour créditer un compte de jeu de la Loterie nationale.
Les gains ont ensuite été transférés sur le compte bancaire personnel de Didier Reynders. Le montant total des sommes en jeu reste inconnu, mais la Ctif parle d’un volume relativement important.
Perquisitions et audiences
Ce mardi matin, les autorités ont perquisitionné les résidences de Didier Reynders à Uccle et Vissoul, entre Liège et Namur.
Dans l’après-midi, la figure emblématique du MR a été invitée à s’expliquer. L’ancien commissaire a été entendu par la police sans être privé de sa liberté, bénéficiant de l’immunité attachée à ses fonctions passées.
Le parquet de Bruxelles, qui supervise l’enquête, reste discret sur les éléments découverts lors des perquisitions, notamment concernant la présence éventuelle d’argent liquide.
Immunité et timing stratégique
Même si Didier Reynders a quitté ses fonctions européennes ce week-end, l’immunité attachée à son mandat complique d’éventuelles poursuites judiciaires.
Si le parquet souhaite aller plus loin, une demande de levée d’immunité doit être adressée à la Chambre des représentants.
La date des perquisitions semble calculée : mener l’opération après son départ du Collège des commissaires a permis de limiter les risques qu’il soit informé de l’enquête en cours.
Une carrière en déclin ?
L’affaire arrive à un moment charnière pour Didier Reynders. Après avoir échoué à se présenter à la présidence du Conseil de l’Europe et n’avoir pas été reconduit comme commissaire européen dans la nouvelle équipe dirigée par Ursula von der Leyen, il s’est retrouvé retiré de la scène politique.
Son remplacement par Hadja Lahbib comme commissaire belge, décidé par Georges-Louis Bouchez, avait déclenché son « profonde déception ».
Les soupçons de blanchiment d’argent et les procédures judiciaires en cours pourraient entacher encore davantage une carrière politique marquée par deux décennies de responsabilités au sommet de l’Etat belge et en Europe.
Didier Reynders, qui reste présumé innocent, n’a pas encore réagi publiquement aux accusations.
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