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Après les révélations d’artistes comme Émilie Dequenne, dire qu’on a un cancer est-il encore tabou ? – Édition du soir Ouest-

Récemment, plusieurs personnalités publiques ont pris la parole pour témoigner ou annoncer leur cancer. À l’ère des réseaux sociaux et de la liberté d’expression, révéler son cancer ne semble plus être un tabou.

« Au fond, je sais que je ne vivrai pas aussi longtemps que je l’espérais. » L’actrice césarisée Émilie Dequenne s’est exprimée sur son cancer, dimanche 1est Décembre 2024, du numéro Sept à huit sur TF1. L’actrice belge de 43 ans a révélé en octobre 2023 qu’elle était atteinte d’un cancer rare, diagnostiqué deux mois plus tôt, et qui l’éloigne depuis des plateaux de tournage. Il y a quelques jours, le 13 novembre, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol annonçait qu’il était atteint d’un cancer de la vessie. “Il faut en parler, c’est un tabou” a-t-il déclaré le matin de Inter.

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Améliorer le support

Alors que de plus en plus de personnalités parlent de leur cancer, révéler sa maladie n’est-il plus aussi tabou qu’autrefois ? « Les choses ont considérablement évolué en vingt ans » confirme Patrick Bourguet, président du comité Ille-et-Vilaine de la Ligue nationale contre le cancer. Selon une enquête réalisée en 2021 par l’-, qui soutient, informe et défend les droits des femmes touchées par le cancer, 67% des Français estiment que le cancer n’est plus tabou ou qu’il l’est de moins en moins. moins. “Le tabou est tombé notamment grâce à l’amélioration des soins, advances Patrick Bourguet. Il y a trente ans, nous avions une vision pessimiste de la maladie ; désormais tout un arsenal thérapeutique s’offre au malade. »

Le plan national de mobilisation contre le cancer, plus communément appelé sous sa forme abrégée « plan cancer », adopté en 2003 sous la présidence de Jacques Chirac, change la donne : mise en place d’une consultation d’annonce du cancer, « proposition d’un plan de traitement personnalisé, présentation » de soins de support (tous les soins et accompagnements nécessaires aux personnes malades tout au long de la maladie, en association avec des traitements onco-hématologiques lorsqu’ils sont disponibles)… “Aujourd’hui, les médecins sont formés pour parler clairement aux patients, il y a une vraie philosophie du partage du diagnostic”, explique le président du comité Ille-et-Vilaine de la Ligue nationale contre le cancer.

Aujourd’hui, la prise en charge est complètement différente grâce au suivi psychologique, systématiquement proposé dans tous les services d’oncologie. “Les patients acceptent plus facilement d’aller voir un psychologue et la parole est beaucoup plus libre”, rapporte Ghislaine Cervini-Souchon, psychothérapeute spécialisée en psycho-oncologie et EMDR (psychothérapie par le mouvement oculaire qui cible la mémoire traumatique des individus). Et l’amélioration de la durée de vie des personnes atteintes d’un cancer efface le tabou. “Il y a quarante ans, c’était une maladie dont on mourrait inévitablement, aujourd’hui, c’est une maladie devenue chronique”, notes Patrick Bourguet.

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Une maladie longtemps taboue

À l’époque, le partage d’informations par les professionnels de santé n’était pas aussi simple. « Dans les années 1990, il était difficile pour les médecins de prononcer le mot « cancer » devant leurs patients. » indicates Ghislaine Cervini-Souchon.

Dans l’espace public, la « longue maladie », la version édulcorée du mot « cancer », s’est imposée. L’ancien président François Mitterrand a lui-même caché son état de santé pendant dix ans, avant de reconnaître un cancer avancé de la prostate en 1992. “Certaines femmes atteintes d’un cancer ont dit à leur médecin de ne pas le dire à mon mari” dit celle qui était infirmière en cancérologie avant de se tourner vers la psychothérapie.

En 2013, la révélation de Dominique Bertinotti, alors ministre déléguée à la Famille, atteinte d’un cancer du sein, dans les colonnes de , avait sonné comme une explosion dans le monde politique. Elle avait un temps choisi le silence, à la suite des Conseils des Ministres, des séances à l’Assemblée et de la chimiothérapie ; puis a brisé le secret. Pour quoi ? « Contribuer à changer le regard de la société sur cette maladie dont le nom est terriblement anxiogène. Montrer qu’on peut avoir un cancer et continuer à travailler. Pour que les employeurs comprennent que prendre un arrêt maladie de longue durée n’est pas forcément la meilleure solution. Pour qu’il y ait moins de peur, plus de compréhension. Pour qu’on réfléchisse aux inégalités face au coût des soins de confort, comme les vernis spéciaux ou les perruques, si importants », avait-elle répertorié auprès de nos confrères.

Un tabou toujours présent dans la sphère professionnelle

Pourtant, aujourd’hui encore, l’annonce du diagnostic dans la sphère professionnelle est redoutée. Le maire socialiste de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, a expliqué vouloir s’exprimer sur un sujet “tabou” selon lui. « Au travail, soit vous allez bien, et vous êtes censé être en bonne santé et performant, soit vous êtes malade. Dans ce cas, vous êtes isolé, car vous avez besoin d’être soigné. Il y a une frontière entre l’isolement et le fait d’être mis sur le banc, ou l’impression d’être mis sur le banc, qu’on peut vite franchir, sans forcément de mauvaises intentions. a-t-il déclaré au micro de France Inter.

Selon l’enquête de l’-, 65% des Français pensent qu’il est difficile d’en parler à ses collègues de travail. “C’est difficile parce qu’on est dans une société où il faut toujours être performant, où on n’a pas le droit d’être vulnérable et où le cancer est encore aujourd’hui perçu comme une fragilité, states Ghislaine Cervini-Souchon. Le mot cancer est toujours associé à la mort, quand j’ai des patients atteints de cette maladie qui viennent me voir, c’est toujours la peur de la mort qui revient. »

Pour réduire encore ce tabou, la Ligue nationale contre le cancer a lancé l’opération Lig’entreprises engagées contre le cancer, dont l’objectif est la prévention et la sensibilisation. Par exemple, la formation des managers et l’adoption de politiques RH inclusives prenant en compte les situations de vulnérabilité qui surviennent au cours de la vie professionnelle.

Et que dire de la multiplication des témoignages, d’anonymes mais aussi de personnalités publiques, comme Émilie Dequenne et Nicolas Mayer-Rossignol, ou encore Bernard Tapie, décédé en 2021, qui a partagé son combat contre plusieurs tumeurs ? “Les patients peuvent s’identifier à eux et se dire “si cette personne en parle, moi aussi je peux en parler sans honte”, concludes Ghislaine Cervini-Souchon.

 
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