l’essentiel
Carlos Tavares est à la tête du groupe Stellantis (ex-PSA) depuis dix ans. Le chef d’entreprise est à l’origine de nombreux succès… mais a essuyé des revers décisifs ces dernières années.
Il n’aura fallu que quelques mois de pénurie chez Stellantis pour mettre fin à l’ère Tavares à la tête du groupe. Ce dimanche 1er décembre, Carlos Tavares a annoncé sa démission « avec effet immédiat ». Cela faisait à peine dix ans que le chef d’entreprise était arrivé à la tête du groupe PSA… Les quelques mois de baisse des ventes auront eu raison du Portugais, malgré les années de succès du constructeur automobile.
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Le sexagénaire, connu pour sa méthode intraitable, était déjà en sursis : le conseil d’administration avait annoncé sa retraite début octobre et lancé un processus de succession, mais des désaccords ont accéléré sa démission. Les planètes n’étaient plus alignées, avec des « points de vue différents » entre le conseil d’administration et le dirigeant, a expliqué Henri de Castries, administrateur de Stellantis.
Les réussites du chef d’entreprise…
En 2014, lorsqu’il arrive à la tête du groupe PSA Peugeot – Citroën, Carlos Tavares avait une mission. Le constructeur automobile est au bord du dépôt de bilan : avec ses trente années passées chez Renault, il doit redresser la situation. L’intéressé a d’abord réduit ses coûts : le groupe n’a réussi à renouer avec les bénéfices qu’après la suppression de 17 000 emplois. Intraitable, avons-nous dit.
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Mais Carlos Tavares est avant tout l’artisan de la grande fusion du paysage automobile français. D’abord entre PSA et FCA (Fiat-Chrysler), puis avec le rachat d’Opel. Le projet prend ensuite une nouvelle ampleur avec la création de Stellantis en janvier 2021. Le groupe absorbe au total 14 marques allant de Peugeot à Fiat en passant par Chrysler et Maserati. Dans le lot on retrouve la fameuse « DS », alors érigée en marque automobile à part entière. Le groupe doit ensuite anticiper et orienter sa production vers l’hybride et l’électrique.
…et des échecs
L’année 2024 aurait bien pu avoir raison du sexagénaire. Au premier semestre 2024, avec un bénéfice net divisé par deux, les finances du groupe sont à la peine. Petit à petit, les marges de Stellantis s’effondrent face à des difficultés plus graves que prévu en Amérique du Nord – le cash machine de Carlos Tavares – avec des véhicules à la qualité critiquée et des prix jugés trop élevés. Qualité? Critiqué entre autres à cause du moteur PureTech : la machine, développée en 2012 par le groupe PSA – et élue quatre fois meilleur moteur de l’année – a été vivement critiquée en raison d’un grand nombre de pannes. Entre 2020 et 2022, Stellantis a dû rappeler près de 500 000 véhicules.
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En cette année 2024, le chef d’entreprise a dû abandonner fin septembre son sacré objectif d’une marge opérationnelle “à deux chiffres” pour l’année, qui le plaçait loin devant ses concurrents, et justifiait son salaire prévu à 36,5 millions d’euros. pour l’année 2023. Parallèlement, il a bousculé l’organisation du groupe début octobre, en choisissant des profils plus commerciaux pour dynamiser les ventes. L’année 2024 a également été marquée par des retards dans les lancements de plusieurs modèles, provoqués notamment par des problèmes électroniques. La baisse de production dans de nombreuses usines n’a pas manqué d’inquiéter, comme en Italie, siège de Fiat, où des milliers de manifestants ont réclamé des comptes à la mi-octobre. Le gouvernement de Giorgia Meloni reproche au constructeur de délocaliser sa production vers des pays à bas coûts, au détriment des usines italiennes.
Interrogé, l’ancien ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure, affirme que Carlos Tavares a fait un « travail fantastique » pour le groupe Stellantis. Ce dernier estime cependant que « depuis un an ou deux, il semble qu’il ait perdu le contact ». 2023 et 2024 ont peut-être eu raison de Carlos Tavares.
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