Le projet de petit réacteur nucléaire d’EDF, Nuward, voit certains de ses partenaires quitter le navire, après que l’entreprise a décidé de revoir la conception de son projet en juillet dernier.
Dans un email interne de TechnicAtome, dont Euractiv a pris connaissance, le spécialiste des réacteurs nucléaires de propulsion navale demande à ses équipes de « procéder immédiatement » aux « opérations de clôture » de sa participation au projet de petit réacteur nucléaire modulaire (SMR) Nuward. ) porté par EDF. Cela consiste à démobiliser les équipes travaillant sur le projet, à mettre fin aux contrats en cours, à arrêter les activités de tests et de production documentaire, précise le document.
Cet email a été envoyé le 5 juillet, quatre jours seulement après l’annonce faite par Nuward le 1er juillet sur Linkedin de « faire évoluer le design » de son SMR, c’est-à-dire faire évoluer son design.
L’annonce a eu pour effet de précipiter le retrait de certains partenaires du projet.
Donc de TechnicAtome qui, « après avoir participé au projet Nuward jusqu’à l’été dernier, a quitté le projet suite à la décision de changement de conception prise par la direction de Nuward »» a déclaré l’entreprise à Euractiv dans un email reçu le 19 novembre confirmant nos informations.
Plus de 10 ans de coopération
Lancé en 2019 avec TechnicAtome, Naval Group, Framatome et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), puis rejoint par Tractebel en 2021, le projet consistait jusqu’alors en deux SMR de 170 MW basés sur la technologie des réacteurs à eau sous pression de 3ème génération (EPR) comme celui de les grands réacteurs de Flamanville en France ou de Taishan en Chine.
Mais maintenant, l’entreprise a touché un point critique. Notamment l’incapacité de TechnicAtome à « dé-risquer » sa chaudière nucléaire, c’est-à-dire à la rendre suffisamment sûre pour assurer l’industrialisation du projet, rapporte le média L’Informé mi-octobre.
De ce fait, le projet doit donc évoluer. Une décision formelle sur son avenir est désormais attendue pour le premier semestre 2025, même si son abandon pur et simple ne peut être exclu à ce jour.
En attendant, d’autres partenaires s’interrogent sur leur participation au projet.
Et les autres partenaires ?
Ainsi de Naval Group, l’expert des structures modulaires de sous-marins et de navires nucléaires.
Selon quatre indiscrétions entendues par Euractiv de la part de la communauté SMR et de Naval Group, l’entreprise pourrait en effet quitter le projet. Au moment de la publication de l’article, l’entreprise n’avait pas répondu aux trois demandes par courrier électronique envoyées par Euractiv.
Pour le Commissariat à l’énergie atomique, la situation est différente. Le centre de recherche, en appui à la conception technologique, n’a pas vocation à rester dans le projet, sauf en appui technique lorsque la technologie utilisée est jugée mature.
Framatome, concepteur et fournisseur d’équipements nucléaires détenu à 80 % par EDF, devrait quant à lui être mobilisé pour prendre la tête de la future conception basée sur des « technologies éprouvées » du parc nucléaire d’EDF, nous dit-on. Euractiv en interne à EDF.
L’avenir du projet
Nuward conserve cependant le droit d’utiliser certaines briques technologiques développées par TechnicAtome, avec un budget maximum d’arrêt de services et de capitalisation de 1 million d’euros, peut-on lire dans le mail intercepté par Euractiv.
« Il s’agit essentiellement des derniers livrables qui étaient en cours au moment de l’arrêt du projet »comme le système de refroidissement passif, dont “la décision avait déjà été prise de l’intégrer dans le design”, explique un ingénieur qui a travaillé sur le dossier avec le fabricant de la chaudière.
Dans cette configuration, « il est donc très peu probable que TechnicAtome soit sollicité ou souhaite contribuer au nouveau design Nuward »ajoute l’ingénieur.
“Il n’y a actuellement aucune discussion” pour un renouvellement de coopération, l’entreprise conseille Euractiv.
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