Le gouvernement Barnier survivra-t-il la semaine prochaine ? L’Assemblée nationale se prononce lundi sur le très sensible budget de la Sécurité sociale, avec la possibilité de recours au 49.3 et déjà la perspective d’une motion de censure de la gauche et du Rassemblement national.
Ce texte, le PLFSS (projet de loi sur le financement de la sécurité sociale), issu d’un compromis entre une commission de sénateurs et de députés, sera examiné à partir de 15h00.
Dans l’état actuel des choses, il ne devrait être voté ni par la gauche ni par l’extrême droite, dans une Assemblée divisée.
Après avoir obtenu que le gouvernement abandonne la hausse des taxes sur l’électricité et diminue l’aide médicale de l’État (AME) aux sans-papiers, le RN réclame de nouvelles concessions, notamment sur la revalorisation des retraites ou un retour sur la réduction des remboursements de certaines pensions. médicaments.
Mais durant le week-end, le ministre des Comptes publics Laurent Saint-Martin a soutenu le texte tel que validé par la commission paritaire qui a réuni une quinzaine de sénateurs et députés.
Le ministre du Budget et des Comptes publics Laurent Saint-Martin lors de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2025 au Sénat, à Paris, le 26 novembre 2024 / Alain JOCARD / AFP
« Pour revenir » au-dessus de, “ce serait de siéger au Parlement, à la démocratie et à la délibération dont nous respectons le compromis”il a expliqué.
Un casus belli pour le RN.
« Le gouvernement a exprimé sa volonté de ne pas modifier le PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale), c’est extrêmement clair et nous en avons pris acte »Marine Le Pen l’a déclaré dimanche à l’AFP, sans commenter explicitement la censure dont son parti menace Michel Barnier depuis plusieurs semaines.
Le chef du Rassemblement national a également dénoncé un « un comportement extrêmement fermé et sectaire » du gouvernement.
Dans la foulée, Matignon a annoncé que Michel Barnier restait « ouvert au dialogue comme il l’a été depuis le début ». L’exécutif a la possibilité de modifier le texte qui sera soumis au vote jusqu’au dernier moment.
Les députés RN doivent se réunir à 14 heures, juste avant le début des débats, a indiqué l’élue girondine Edwige Diaz sur BFMTV.
Une première depuis 1962 ?
Sans majorité, le Premier ministre pourrait donc activer l’article 49.3 de la Constitution, qui permet l’approbation d’un texte sans vote. Il s’exposerait alors à une motion de censure qui pourrait être examinée dès mercredi.
Si la gauche et le Rassemblement national, premier groupe à l’Assemblée, unissent leurs voix, le gouvernement tombera. Ce serait une première depuis la chute du gouvernement de Georges Pompidou en 1962. Le gouvernement de Barnier deviendrait alors le plus court de l’histoire de la Ve République.
Présentation des conditions à remplir pour faire adopter une motion de censure et donc provoquer la démission d’un gouvernement en France / Nalini LEPETIT-CHELLA, Sabrina BLANCHARD, Valentina BRESCHI / AFP
La France s’enfoncerait alors davantage dans la crise politique créée par la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin.
Michel Barnier a indiqué la semaine dernière qu’il utiliserait “probablement, sûrement” le 49.3.
Si toutefois le Premier ministre décidait de ne pas y recourir et que le texte était tout simplement rejeté par les oppositions, il repartirait pour une nouvelle navette parlementaire.
Le RN dénonce par avance un scénario constitutionnel très complexe qui verrait le débat parlementaire s’enliser et le gouvernement légiférer par ordonnance, comme il a la possibilité de le faire 50 jours après le dépôt du texte.
Resterait alors le risque que les députés déposent une motion de censure de leur propre initiative, en invoquant l’article 49.2 de la Constitution.
C’est ainsi, et non après un 49.3, que le gouvernement de Georges Pompidou tombe en 1962.
Dans l’état actuel des choses, l’utilisation de 49,3 est « probable mais toutes les pistes restent possibles »a déclaré dimanche soir à l’AFP un député proche de Michel Barnier.
Long mois pour Barnier
Le mois de décembre s’annonce plein de dangers pour le Premier ministre de droite Les Républicains (LR) qui a remplacé Gabriel Attal en septembre
Car d’autres textes budgétaires sont actuellement examinés par le Parlement : le projet de loi de fin de gestion de l’année en cours, moins emblématique, et le budget de l’Etat. Au-dessus de l’examen de chacun d’eux plane un risque de censure.
Après avoir été rejeté par les députés, le budget de l’Etat, texte phare, est actuellement examiné par le Sénat.
Partons « recettes » a été largement adoptée dimanche par la chambre haute du Parlement. La partie ” dépenses “ du projet de loi sera examiné à partir de lundi.
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