Qui réclame la démission d’Emmanuel Macron ?
A défaut de nomination de la haute fonctionnaire Lucie Castets à Matignon, La France insoumise souhaite une présidentielle anticipée pour imposer Jean-Luc Mélenchon comme candidat, arguant qu’aucune autre figure de gauche ne émergera dans un calendrier serré. Les Insoumis ont même lancé une procédure de mise en accusation d’Emmanuel Macron, bloquée à l’Assemblée faute de soutiens suffisants. “Avec notre campagne pour le projet de loi de destitution, nous avons fait un bon travail concret d’adaptation au thème”, a déclaré jeudi matin le leader de LFI.
Sans l’exiger, le Rassemblement national ne cache plus sa préférence pour des élections anticipées, surtout si elles pouvaient avoir lieu avant une éventuelle condamnation de l’inéligibilité de Marine Le Pen le 31 mars. « Emmanuel Macron rendrait service à notre pays en quittant le pays. sa position de président de la République», a déclaré sur LCI le vice-président du parti Sébastien Chenu.
Jusqu’à présent, la démission n’a été réclamée ni par les socialistes, ni a fortiori par les forces du bloc central soutenant Michel Barnier. Mais le centriste Charles de Courson et le maire LR de Meaux Jean-François Copé ont plaidé mercredi en ce sens, y voyant la seule solution pour sortir de la crise provoquée par la dissolution de l’Assemblée.
Que prévoit la Constitution ?
La démission est prévue à l’article 7 de la Constitution sous l’appellation « vacance de la présidence de la République pour quelque cause que ce soit », qui couvre également l’hypothèse du décès. Le Conseil constitutionnel constate alors la vacance, et l’élection du nouveau président « a lieu au moins vingt jours et au maximum cinquante jours plus tard ». Entre-temps, les fonctions de président sont provisoirement exercées par le président du Sénat, « à l’exception de celles prévues aux articles 11 et 12 ».
Il ne pouvait donc ni organiser de référendum ni dissoudre l’Assemblée. De toute façon, même un nouveau président ne pourrait pas prononcer la dissolution de l’Assemblée avant l’été 2025, soit un an après celle décidée le 9 juin. Durant cette période de « vacances », le gouvernement ne peut être renversé et aucune révision constitutionnelle ne peut être engagée. . Si le président du Sénat « est à son tour empêché », les fonctions sont alors exercées par le gouvernement.
Le précédent de 1969
La démission du président n’est intervenue qu’une seule fois, ce fut celle du général de Gaulle le 28 avril 1969 après le référendum perdu sur la régionalisation. Il a été annoncé dans un communiqué laconique : « Je cesse d’exercer mes fonctions de Président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi.
Réuni dans la précipitation, le Conseil constitutionnel a pris « acte de cette décision » et a relevé que « les conditions prévues par l’article 7 de la Constitution, relatif à l’exercice provisoire des fonctions de président de la République par le président du Sénat ». » Il s’agissait du premier intérim du président du Sénat Alain Poher. La seconde a eu lieu en 1974 après la mort de Georges Pompidou.
Macron pourrait-il se présenter à nouveau après sa démission ?
Non. Depuis une révision de la Constitution en 2008, l’article 6 de la Constitution précise que le président « ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Même s’il n’est pas écrit noir sur blanc, les constitutionnalistes s’accordent à dire que ce paragraphe s’applique à un second mandat incomplet. « Un mandat commence au moment de la prise de fonction et se termine soit à son terme temporel normal, soit prématurément, par démission ou vacance pour toute autre cause », note Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public. à l’Université de Lille, sur son blog.
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