Trois défaites en quatre matches : la cinquième journée de Ligue des champions aura ramené les clubs français sur des bases solides, étant entendu que le Paris-SG, encore battu, cette fois à Munich (0-1), n’a jamais décollé depuis. le début de la compétition. Si la belle histoire de Brest s’est arrêtée, celle du Losc de Lille continue, aux dépens, il est vrai, d’une équipe italienne de Bologne qui n’avait pas marqué le moindre but avant la réception des Nordistes mercredi 27 novembre. .
Marche des jeunes lillois vers l’Europe (12e, 10 points)
Vingt ans, aucune expérience de meneur de jeu et pas le moindre objectif professionnel. Mercredi à Bologne, le milieu belgo-congolais Ngal’ayel Mukau a brisé tous les plafonds, inscrivant un doublé et permettant au Lille OSC de s’imposer (2-1) et d’occuper une vue imprenable sur la qualification en 16èmes de finale. « et pourquoi ne pas envisager encore mieux », ou les huitièmes de finale directs, selon l’entraîneur de l’équipe Bruno Genesio. Mukau a raconté des histoires endormies après le match. Comment on sort, comment on entre. « Dès mon réveil le matin du match, j’ai senti que quelque chose pouvait arriver. C’est un rêve depuis que je suis petit de jouer dans cette C1. Je ne pense pas que je vais trop dormir [la nuit suivant la rencontre].»
Avec sept points de prix face à de grandes écuries européennes (Real Madrid, Atlético Madrid, Juventus Turin) lors de ses trois matches précédents, le Losc s’est baladé à Bologne. « Dans l’organisation tactique, on a joué assez haut, avec un jeu vertical et beaucoup de courses, » a ajouté Genesio. On aurait même mérité de gagner plus largement, avec un ou deux buts supplémentaires. C’est aussi la victoire de la jeunesse avec Ayyoub Bouaddi [17 ans, ndlr], Matias Fernández-Pardo [19 ans], Mukau… J’ai un effectif plus large avec le retour des blessures [jusqu’à treize joueurs à l’infirmerie début novembre]. J’ai la chance d’avoir des joueurs de qualité et efficaces. Les joueurs expérimentés apportent de la stabilité tactique et de la jeunesse, de la fraîcheur, j’aime ce mélange et cet équilibre. Des quatre équipes françaises engagées dans la compétition, Lille a connu de loin le calendrier le plus difficile, avec un déplacement à Liverpool également prévu pour la reprise le 21 janvier. Tout se passe comme si la victoire contre le Real Madrid (1-0, le 2 octobre) avait radicalement transformé l’équipe. Ils se lancent à corps perdu dans une étrange aventure.
Les Monégasques perdent la boussole (8e, 10 points)
Dure épreuve mercredi pour l’AS Monaco, qui avait jusqu’ici pris des points face à des équipes du bas de tableau : le Benfica Lisbonne s’est effectivement imposé (3-2) au stade Louis-II au terme d’un match endiablé, qui a vu les Portugais marquer deux fois en les dix dernières minutes et l’arbitre slovène Rade Obrenovic cardant allègrement les Monégasques ; cinq jaunes (limitant l’engagement des joueurs qui le reçoivent) et un rouge pour le défenseur Wilfried Singo à une demi-heure de la fin.
L’attaquant monégasque Breel Embolo a murmuré : “Quand tu joues à dix contre douze [les onze adversaires plus l’arbitre, faut-il entendre], Mais ce n’est pas facile. Deux avertissements pour contestation, dont un pour le capitaine Denis Zakaria qui aurait le droit de s’adresser à l’arbitre (même si on ne sait pas sur quel ton il l’a fait) : un manque de contrôle aussi. « Il faut savoir rester calme, bien communiquer, a soutenu l’entraîneur monégasque Adi Hütter après la rencontre. Nous sommes coupables des propos que nous faisons à l’arbitre. Pour les autres cases, c’est sa décision. Il est possible que l’ASM ait aussi payé sa relative inexpérience face à un club qui dispute la compétition reine chaque année ou presque depuis un quart de siècle. Et où le vénérable (36 ans) Angel Di María a tranquillement attendu son heure, en outsider dans l’intense bataille entre les deux équipes, avant de délivrer deux passes décisives en fin de match. Peser son engagement, choisir son moment, ce sont aussi des talents. Arsenal avant Noël, puis Aston Villa et l’Inter Milan : il va falloir vite apprendre pour l’ASM.
Brest à un tournant (11e, 10 points)
Une curieuse impression laissée par le Stade Brestois 29 au lendemain de son match perdu (0-3) à Montjuïc contre le FC Barcelone, première défaite d’Hugo Magnetti et consorts sur le front européen cette saison. L’entourage du club avait fait du déplacement en Catalogne un exploit, une sorte de point final de la folle embardée bretonne en Ligue des champions: quoi de plus prestigieux qu’un match partagé avec l’un des deux grands d’Espagne, doré sur tranche (Lewandowski, Pedri, Dani Olmo, Jules Koundé…) et quintuple champion d’Europe ? Les supporters se sont bien amusés, documentant continuellement leur journée jusqu’à leur arrivée au stade, on a vu un coprésident (Gérard Le Saint) diriger la chorale dans la rue et le gardien Marco Bizot, après le match, arborait l’expression pincée du coupable: “Nous les avons peut-être trop respectés.”
Eric Roy, l’entraîneur de Brest, a protégé ses hommes : « Tant de maîtrise technique devant, de connexions entre les joueurs… On sent qu’une bonne moitié joue ensemble depuis des années. Du très haut niveau, avec ou sans ballon. Mais il a quand même dit qu’il s’attendait à autre chose, l’impression générale étant que les Brestois partaient assez loin face à l’armada catalane pour ne pas entrer dans le match sur la pointe des pieds. Le PSV Eindhoven se rendra au stade du Roudourou le 10 décembre. Le SB29 sera alors relancé, avec pour la première fois une défaite à surmonter et une place au classement à défendre car les Néerlandais sont en retard au classement et l’issue se rapproche. Ce qui, dans l’approche du match puis son contenu, peut changer beaucoup de choses.
Le Paris-SG vers sa vérité (25e, 4 points)
Les matchs du Paris-SG lors de cette Ligue des Champions ressemblent à une poupée gigogne : ils deviennent de plus en plus rabougris au fil des jours. Et l’abattage médiatique de Luis Enrique, son côté volontiers provocateur, une rhétorique confinant parfois au pur et simple argumentaire de vente (“Mon équipe sera plus forte la saison prochaine” sorti en avril devant un parterre de journalistes déjà sceptiques) sont brisés à la lecture du classement de cette nouvelle formule, évoquant plus celui du Tour de France que ces groupes de quatre équipes refermés sur eux-mêmes et qui permettaient, faute d’un point de comparaison entre les différents groupes, pour voir ce que l’on voulait voir.
La défaite (0-1) à Munich contre le Bayern, ni plus ni moins insignifiante dans le contenu que la victoire inaugurale contre Gérone (1-0 le 18 septembre) ou la défaite au Parc contre l’Atlético Madrid (1-2 le 6 novembre) , résume l’affaire : non seulement le Paris-SG tourne très ordinaire, mais les joueurs s’y sont habitués. Devant les micros, Marquinhos et João Neves en ont pris acte, prêchant des valeurs de solidarité plutôt que communiquant sur les progrès à venir. Luis Enrique s’en est occupé pour eux : « Être entraîneur du PSG est un grand privilège. Les exigences que je m’impose sont supérieures à la pression extérieure. Mon objectif est de remporter le plus de titres possible cette saison. En tout cas, je me répète, mais toutes les informations que je glane lors de ces matchs me sont très utiles pour la suite. Pour ce qu’il va en faire… L’affaiblissement de son effectif le dépasse, il le sait parfaitement et la concurrence emmène petit à petit son équipe vers sa vérité.
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