Plus d’un mois et demi après le début de l’examen du projet de loi de finances 2025, la question de l’épargne reste largement absente du débat. Si, lors des discussions à l’Assemblée, l’apparition de nouveaux impôts ou taxes (treize au total !) a été au rendez-vous, la chasse à l’argent public dépensé reste plus que mesurée.
Supprimer certains opérateurs étatiques et réduire la masse salariale de manière plus générale. Économies estimées : 3 milliards d’euros
« Il existe un certain nombre d’agences ou de structures étatiques qui doivent être supprimées. L’Agence des sports par exemple, dont les missions pourraient être confiées au ministère des Sports (12 millions d’euros de fonctionnement économisés), suggère le sénateur LR de l’Aisne. Supprimer le Haut Commissariat au Plan[dont le gouvernement a annoncé la fusion avec France Stratégie, NDLR]: ce sont 2 millions d’euros de fonctionnement économisés. Je propose également de faire le ménage dans les comités de concertation (dits « Théodule »), dont le coût total est de 22 millions d’euros. Plus généralement, il faut réfléchir à la masse salariale de ces opérateurs étatiques. Il y a 470 000 agents pour un coût de 80 milliards d’euros (c’était 50 milliards en 2012, soit une augmentation trois fois plus rapide que l’inflation). Ifrap [un think-tank libéral, NDLR] considère que nous pourrions fonctionner normalement avec 400 000 agents, ce qui permettrait d’économiser 3 milliards d’euros. Si ces organismes réalisent des missions ponctuelles, comme ce fut le cas avec l’Agence nationale du sport pour les Jeux olympiques, on peut passer par des entreprises avec un contrat temporaire. Mais on les garde et ils s’ajoutent… »
Agnès Evren (Les Républicains group)
Supprimer les subventions des associations qui ne respectent pas les valeurs de la République. Économies estimées : 500 millions d’euros.
A propos d’Agnès Evren, sénatrice LR de Paris, à qui certains prédisent une candidature aux élections municipales de 2026 : « Réserver les subventions de l’État aux associations qui, dans leurs actions, respectent pleinement la loi et les valeurs de la République. » « En termes de migration, cela nous permettrait d’économiser 500 millions d’euros la première année », estime le président de la fédération LR de la capitale. L’État doit cesser de soutenir financièrement les structures qui s’opposent à sa propre politique – surtout lorsque cette dernière reçoit l’aval des Français. » Selon un sondage CSA pour CNews, Europe 1 et « Le JDD », 68 % des Français seraient favorables à cette mesure. Dans le viseur de l’élu, les structures « qui empêchent l’application des obligations de quitter le territoire français (OQTF), qui saturent les préfectures de recours, qui organisent le contournement des contrôles aux frontières ou qui se mobilisent contre la création de centres de rétention. » « C’est absurde et schizophrène ! s’exclame-t-elle à nouveau. C’est également profondément injuste dans un contexte budgétaire aussi difficile. Enfin, cette mesure permettrait de concentrer nos efforts sur l’intégration des personnes en situation légale et qui apportent à la France quelque chose auquel je suis particulièrement attaché, moi qui viens de l’immigration, naturalisé, avec des parents qui ne parlent pas français. . Il ne s’agit pas de couper dans l’aide humanitaire mais d’être cohérent. »
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Hervé Marseille (groupe Union centriste)
Non-remplacement d’un fonctionnaire sur quatre. Économies estimées : 200 millions d’euros.
Le chef de file des sénateurs centristes, Hervé Marseille, proposera le non-remplacement d’« un fonctionnaire sur quatre dans les fonctions support », notamment la gestion des ressources humaines, les systèmes d’information et de communication, la logistique, l’immobilier, la gestion financière, les affaires juridiques, les achats. et même la communication. “Le problème, ce ne sont pas les policiers ou les médecins, mais l’administration dans les ministères et les agences régionales de santé (ARS), où l’on retrouve un maximum de fonctions administratives”, explique celui qui est également président de l’UDI. Selon les calculs de ses équipes, à raison de 3.500 postes non renouvelés par an dans la fonction publique de l’Etat – départs à la retraite non remplacés, notamment –, la mesure pourrait faire économiser à l’Etat environ 200 millions d’euros. par année. Mais le centriste entend surtout frapper fort en ouvrant le débat autour de la TVA. Objectif, passer de 20 % à 21 % ou 22 %, ce qui serait moins récessif pour l’économie et aurait l’avantage de toucher une très large assiette, avec 6,5 à 13 milliards d’euros de nouvelles recettes.
Sylvie Robert (groupe socialiste, écologiste et Républicain)
Supprimer le service national universel. Économies estimées : entre 130 et 160 millions d’euros.
« Le SNU (fonction publique destinée aux 15-17 ans) doit monter en puissance et accueillir 850 000 jeunes en 2027, pour un coût estimé à 2 milliards d’euros. Son coût pour 2025 devrait s’élever à 128 millions pour 66 000 jeunes concernés (ils étaient 80 000 en 2024 pour 160 millions d’euros)… C’est un échec total, et nous proposons sa suppression, poursuit le sénateur PS d’Ille-et-Vilaine. Nous n’avons jamais vraiment su à quoi cela servait ; il n’y a aucune précision sur son élargissement à l’horizon 2027, et l’objectif louable de mixité sociale n’est pas atteint. Les rapports montrent que ce sont principalement les catégories aisées et les jeunes issus des milieux militaires ou de la défense qui participent au SNU. C’était une expérimentation avec une volonté de généralisation en 2026, mais on a désormais quelques années de recul (depuis 2019). S’il est maintenu jusqu’à présent, c’est uniquement parce que c’est une idée du président de la République… Sa suppression, votée en commission au Sénat il y a quelques jours, sera débattue dans l’hémicycle le 5 décembre. C’est la première fois que nous débattrons du SNU, et c’est très bien. Mais je ne sais pas si le gouvernement, qui souhaitait réformer le format et le contenu, souhaite vraiment que cela soit maintenu ou non. »
Roger Karoutchi (Les Républicains group)
Réduire l’aide au développement. Économies estimées : 2 milliards d’euros
L’idée du sénateur LR des Hauts-de-Seine et ancien secrétaire d’État de Nicolas Sarkozy ? Augmenter l’aide au développement, dispersée sur plusieurs chapitres budgétaires, de 14 à 12 milliards. « Il faut rappeler que ces aides s’élevaient au total à 8 milliards en 2017. Elles ont donc augmenté de 75 % en sept ans, sans véritable contrôle parlementaire. Le Sénat demande, en vain, depuis deux ans, la création d’une commission chargée d’évaluer l’aide au développement. Promis par trois ministres successifs, il n’existe toujours pas », regrette l’ancien secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement. Pour Roger Karoutchi, ces dépenses, qu’il estime en forte hausse, méritent d’être réévaluées. Il s’agit d’une aide distribuée aux pays pauvres pour améliorer les conditions de vie (éducation, accès aux soins, conséquences du changement climatique). « Avec cette mesure, le gouvernement pourrait donc alléger la charge en 2025, procéder à l’évaluation sous contrôle parlementaire et conseiller, pour le budget 2026, s’il faut rétablir les crédits ou, ce qui semble évident quand on regarde tous les projets, établir des priorités et réduire la charge budgétaire », préconise le sénateur, membre de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
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