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Décès d’André Lajoinie, figure du communisme rural

André Lajoinie est décédé le 26 novembre 2024 à l’âge de 94 ans. Le Parti communiste français perd l’un de ses dirigeants historiques, également candidat à l’élection présidentielle de 1988. Combinant les grandes traditions du communisme rural avec celles des usines et des villes ouvrières, André Lajoinie était un militant et un leader communiste singulier. Autodidacte, il continuera tout au long de sa vie à allier curiosité pour les innovations, les sciences et la littérature. Il avait le goût de l’autre et de la chaleur humaine, sans jamais se départir de la fermeté nécessaire à la défense des intérêts du monde du travail et de la création.

Membre du Comité central du PCF à partir de 1976, puis du bureau politique en 1979, il rejoint le secrétariat en 1982. Si les Français se souviennent surtout du candidat à l’élection présidentielle, André Lajoinie a aussi eu une longue carrière d’élu. Il a été député de la troisième circonscription de l’Allier de 1978 à 2002, conseiller régional d’Auvergne de 1978 à 1988, puis de 1992 à 1998. En tant que parlementaire, il a présidé le groupe communiste à l’Assemblée nationale pendant douze ans. , de 1981 à 1993. Outre ses fonctions électives et ses responsabilités au sein du PCF, André Lajoinie dirigeait l’hebdomadaire la Terreet la revue Économie et politique.

En 1946, il rejoint les Jeunesses Communistes, puis le PCF en 1948.

Né le 26 décembre 1929 à Chasteaux dans le département de La Corrèze, il est resté attaché à ce territoire ainsi qu’aux terres de l’Allier, tout en résidant une bonne partie de la semaine à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Son père agriculteur, socialiste radical avant de devenir communiste, l’initie très tôt aux affaires publiques. Mais c’est l’inscription « Munich, c’est la guerre » sur un mur du village en 1939 qui l’a amené à s’intéresser davantage à la politique et aux affaires mondiales. Sa famille approvisionne les résistants au cœur de cette terre de résistance.

En 1946, il rejoint les Jeunesses Communistes, puis le PCF en 1948, à l’âge de 19 ans. Il voit comme une injustice l’incapacité de ses parents à financer ses études au-delà du brevet. En 1954, il quitte l’exploitation familiale pour devenir l’un des dirigeants de la fédération corrézienne. En juillet 1958, lors d’une manifestation contre les partisans de l’Algérie française à Brive, il est grièvement blessé par la police et doit subir une trépanation. Soigné d’abord à Tulle, puis à l’hôpital Sainte-Anne à Paris, il lui faudra de nombreux mois pour se rétablir.

C’est à partir des années soixante que son engagement communiste le rapproche de la direction nationale du PCF. En 1963, il est appelé aux côtés de Waldeck Rochet, à la section agricole du Comité central. Il collabore ensuite avec l’hebdomadaire la Terredont il devient le directeur en 1977 jusqu’en 1996. En 1986, il écrit le livre le défi agricole et alimentaire.

He succeeds Pierre Villon as deputy for Allier

En 1972, au cours du 20e congrès du PCF, il rejoint le Comité central, puis préside la commission agricole de cet organisme jusqu’en 1996. Au cours du 22e congrès, moment de la modernisation du Parti communiste en 1976, il devient membre du bureau politique, puis du secrétariat de son parti jusqu’au congrès de Martigues en mars 2000.

Leader national du PCF, il n’en reste pas moins un élu attaché à son département et à sa région. Le 19 mars 1978, il devient député de l’Allier et succède au grand résistant, ancien président du Front national de libération de la et rédacteur du programme du Conseil national de la Résistance, Pierre Villon. André Lajoinie est élu par ses pairs président du groupe communiste à l’Assemblée nationale en février 1981 et le reste jusqu’au printemps 1993. Il est également conseiller régional de la région Auvergne entre 1982 et 1986, puis de 1992 à 1998. En 1997, alors que les forces de gauche étaient majoritaires au Palais-Bourbon, il est président de l’importante Commission de production. et des discussions à l’Assemblée nationale.

André Lajoinie jouit d’une popularité et d’un profond respect au sein de sa formation et de la société française. C’est ce qui amène la conférence nationale du PCF, tenue les 12 et 13 juin 1987, à le désigner comme candidat à l’élection présidentielle d’avril 1988. Pendant plus d’un an, il mène une campagne vigoureuse. Son affiche est une reprise d’un appel lancé en juillet 1987 lors de la fête départementale du Gard : « Pas question de se laisser faire ! » Il a ainsi appelé les travailleurs et le peuple à ne pas baisser les yeux et à relever la tête.

Les rencontres placées sous le triptyque « Justice, liberté, paix » sont impressionnantes. La campagne électorale est tendue et difficile ; François Mitterrand, président sortant, brigue un second mandat. La « grande presse » le maltraite. Pire, Pierre Juquin, porte-parole du Parti communiste, s’est également déclaré candidat. Dans la mécanique infernale des institutions du Ve République, il obtiendra 6,78 % des voix, marquant un nouveau recul électoral pour le PCF, après les 16 % obtenus sept ans plus tôt par Georges Marchais.

“40 milliards de francs pour les écoles, pas pour l’armement”

André Lajoinie aura mené de multiples batailles, souvent avec succès, en faveur du bien-être des habitants de sa circonscription de Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier), qu’il a écouté. Chaque dialogue avec les élus et électeurs de son département, chacune de ses nombreuses lectures ont nourri les réflexions qu’il a partagées au sein des instances du Parti communiste. Il s’en sert pour ajuster les arguments et les positions et les relaye dans les assemblées régionales et nationales, auprès du gouvernement et des institutions. La grande campagne intitulée « 40 milliards de francs pour l’école, pas pour l’armement », qu’il a menée, a abouti à son terme à l’époque où Lionel Jospin était ministre de l’Éducation nationale. De même, il a adopté une loi anti-licenciement en 1992, que la droite s’est efforcée de détruire.

Négociant pas à pas le budget de chaque pays avec les gouvernements, il a obtenu un certain nombre de mesures positives comme l’augmentation de la prime de rentrée scolaire, l’amélioration des petites retraites paysannes, le début de l’installation de voitures électriques dans les collectivités locales, des améliorations en faveur du logement social. Il a également pris une part très active à l’adoption de la loi Gayssot contre le racisme et l’antisémitisme, ainsi qu’aux multiples initiatives de son parti pour la libération de Nelson Mandela et la fin du régime de l’apartheid en Afrique du Sud. .

Il a été en première ligne des combats contre les réformes successives de la politique agricole commune, ou encore pour l’obtention du référendum sur le traité de Maastricht, après que son groupe parlementaire ait été le seul à voter contre l’Acte unique européen, quelques il y a des années. Il fut également le premier dirigeant politique à affronter Jean-Marie Le Pen à la télévision, le 21 septembre 1987.

André Lajoinie était un homme exigeant, appliqué et consciencieux dans son travail et le contrôle de ses dossiers, refusant toute forme de compromis. Il a mis sa vie au service des autres, au service des travailleurs et de la France.

A son épouse, à son fils Laurent, qui était journaliste à notre rédaction, à sa famille, à ses camarades, ainsi qu’à ses proches, Humanité présente ses plus sincères condoléances.

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