“Carnage“, “attaque frontale“, “brutalisation» : l’opposition de gauche au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles n’a pas mâché ses mots lundi à l’égard du projet de budget de l’entité pour 2025 concocté par la nouvelle majorité MR-Engagés.
Au premier jour du débat budgétaire au Parlement, et à la veille d’une grève des enseignants, majorité et opposition ont croisé le fer toute la journée sur un projet marqué par plusieurs mesures d’économies, notamment dans l’éducation. “Nous n’avons pas le choix !», s’est toutefois défendue la ministre-présidente Elisabeth Degryse (Engagée). Si la Fédération ne redresse pas elle-même ses finances, c’est l’Europe qui lui imposera peut-être des mesures encore plus douloureuses, a-t-elle déclaré. -elle a argumenté devant les députés.
Élaboré le mois dernier, le budget 2025 de la FWB prévoit des économies de 110 millions d’euros, mais débloque également quelque 30 millions pour de nouvelles politiques, dans les secteurs de l’aide à l’enfance et à la jeunesse notamment. . Ce lundi, ce sont pourtant les mesures impactant l’éducation, compétence phare de la Fédération, qui auront été au centre des débats parlementaires.
Comme sa collègue Degryse, la ministre de l’Éducation Valérie Glatigny (MR) a justifié les efforts au nom de la responsabilité budgétaire. “C’est un budget qui fait preuve de réalisme tout en évitant l’austérité», a-t-elle assuré. Parmi les mesures positives, le libéral a souligné lundi la meilleure prise en compte de l’ancienneté des enseignants de deuxième carrière afin de lutter contre la pénurie d’enseignants. Valérie Glatigny a également salué l’extension du vivier d’enseignants remplaçants dans les provinces du Brabant wallon et de Namur, ou encore le début du rééquilibrage des subventions de fonctionnement entre enseignement officiel et gratuit.
« Une éducation à deux vitesses »
Mais sans surprise, l’opposition s’est concentrée sur les mesures d’économies annoncées pour l’école. “L’éducation est devenue la variable d’ajustement de votre budget», s’en est notamment pris à Martin Casier, le leader du groupe PS. Dans sa ligne de mire : les mesures visant l’enseignement qualifiant où le gouvernement a décidé de freiner les options avec très peu d’étudiants. Ou encore la décision d’envoyer désormais les étudiants adultes ayant abandonné leurs études vers l’éducation pour adultes (anciennement Promotion Sociale).
“Vous avez annoncé lors de la campagne électorale vouloir revaloriser l’enseignement qualifiant. Mais aujourd’hui, ce qu’on voit, c’est que vous le dévalorisez en le définanceant.», fustigé Bruno Bauwens (PTB). “Votre politique est en effet de laisser de plus en plus à l’abandon les plus faibles. Avec vous, nous allons encore plus loin vers un enseignement à deux vitesses !», a ajouté, en substance, l’élu communiste.
Dans les rangs d’Ecolo, Bénédicte Linard a déploré un budget finalement très classique, composé de «coupes à sec arbitraires et arrosage“L’ancienne ministre s’est également inquiétée de la réaction quasi unanime des acteurs de l’éducation face aux méthodes de la ministre Glatigny, fustigeée de toutes parts pour son manque de concertation.”Vous êtes en train d’exploser l’union sacrée (de tous les acteurs) autour du Pacte pour un enseignement d’excellence», a souligné l’élu vert.
Très animé, ce débat budgétaire se poursuivra encore mardi, en commission de l’aide à l’enfance et à la jeunesse, mais aussi en commission en charge des médias cette fois-ci. Les économies imposées à la RTBF par le gouvernement MR-Engagés (près de 12 millions d’euros l’an prochain, ndlr) occuperont une partie des discussions.
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