« Vingt ans pour chacun ! Vingt ans pour tout le monde ! “, » ont scandé près d’une quarantaine de femmes venues manifester ce lundi devant le tribunal d’Avignon. Autour de l’enceinte judiciaire, plusieurs banderoles réclament la même peine pour chacun des 51 accusés, jugés depuis début septembre pour avoir violé Gisèle Pélicot, à son domicile, alors qu’elle avait été auparavant droguée par son mari.
Vingt ans de réclusion criminelle, c’est justement ce que la procureure générale Laure Chabaud a requis contre Dominique Pelicot, principal accusé dans ce procès hors norme. “La clé de voûte de toute cette problématique”, a insisté le magistrat. C’est lui qui a contacté les futurs violeurs de sa femme sur le site coco.fr : “Je recherche un complice pervers pour abuser de ma femme endormie” il a écrit à l’un d’eux. Celui qui leur a donné des instructions alors qu’il se déshabillait dans la cuisine avant d’entrer dans la chambre, celui qui a participé au viol de sa femme en compagnie de ces inconnus en filmant certaines scènes avec une caméra au poing.
« Vingt ans, c’est à la fois beaucoup et trop peu. Beaucoup car c’est vingt ans d’une vie, quel que soit son âge (Dominique Pélicot a 71 ans), ce n’est pas rien. Trop peu compte tenu de la gravité des faits répétés », explique le magistrat. Qui insiste sur le fait que ce bon père de famille en apparence n’a pas agi par impulsion : à chaque viol, “Il a le temps d’y réfléchir.” Vingt ans, c’est en tout cas la peine maximale possible.
Et ce n’était pas une surprise pour son avocate, Me Béatrice Zavarro : « Sa personnalité était présentée de manière caricaturale. Il y a encore une histoire de vie qui explique ce qu’il a commis. commence-t-elle. Elle pourrait plaider ce mercredi.
Aucune victime accusée
Après Dominique Pelicot, les deux procureurs généraux ont commencé à lister les réquisitions concernant la cinquantaine d’autres prévenus. Ils ont percé «le costume mal ajusté des victimes accusées» qui n’aurait pas su que Gisèle Pelicot avait été droguée et qu’elle n’y consentait pas. D’abord parce que l’ex-mari a toujours affirmé avoir informé ces hommes que sa femme dormait. Ce que certains d’entre eux reconnaissent.
Mais surtout, constatant l’état comateux et les ronflements de Gisèle Pelicot, ces hommes sont néanmoins passés à l’action. C’est le cas de cet accusé qui se faisait appeler « Marc, panty lover » sur les réseaux. “Il s’est rendu compte, au fur et à mesure de ses actes, que la victime ne faisait pas semblant de dormir”, rapporte l’avocat général, Jean-François Mayet. Mais était-il vraiment inquiet ? Il “a demandé à Dominique Pelicot si sa femme ne risquait pas de se réveiller”, poursuit le magistrat. Qui requiert dix ans de prison, comme beaucoup d’autres prévenus.
Tour à tour, les procureurs généraux s’efforcent de démontrer l’absurdité des arguments avancés par ces hommes. Un accusé de 60 ans s’est défendu en expliquant qu’il avait accepté “coucher avec Gisèle Pélicot car il souhaitait alors avoir une relation homosexuelle avec son mari […]. Mais Dominique Pelicot avait précisé qu’il n’était pas bisexuel. poursuit l’accusation. Ou cet accusé qui ne pensait pas avoir commis un viol parce que « le viol est forcément violent ». Les réquisitions se poursuivent ce mardi.
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