Eric Dervaux / Eric Dervaux / Hans Lucas via Ré
L’écrivain Boualem Sansal, ici le 1er juin 2024 à Nice, n’a plus donné signe de vie depuis son arrestation le 16 novembre.
CULTURE – Il s’attend au pire. Ce lundi 25 novembre, Maître François Zimeray était invité sur RTL et donnait pour la première fois des nouvelles de Boualem Sansal emprisonné en Algérie depuis plus d’une semaine. L’écrivain franco-algérien de 75 ans a disparu depuis son arrestation le 16 novembre à l’aéroport d’Alger.
L’avocat, mandaté par les éditions Gallimard, a indiqué que s’il est dans le flou, c’est aussi le cas de Boualem Sansal lui-même. Avant d’être présenté ce lundi après-midi à la justice algérienne, il ignore le motif juridique pour lequel il a été arrêté et incarcéré. Mais pour François Zimeray, il ne fait aucun doute que c’est « pour tout son travail « . C’est à dire » pour sa liberté de ton, sa liberté d’esprit, sa grande indépendance, et évidemment les critiques que cette liberté l’a amené à formuler ».
Tout au long de sa carrière, Boualem Sansal a ouvertement critiqué l’islamisme ainsi que la politique du gouvernement algérien, revenant dans ses livres sur des moments clés de l’histoire du pays. Selon Le mondeel’arrestation de Boualem Sansal pourrait faire suite aux déclarations de l’auteur aux médias d’extrême droite Frontièresdans lequel il soutenait la position marocaine selon laquelle le territoire marocain aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l’Algérie. Selon le quotidien, il s’agirait d’un « ligne rouge » pour Alger, ce qui pourrait valoir à l’écrivain des accusations » atteinte à l’intégrité nationale ».
L’Algérie et ses engagements internationaux
Me Zimeray a déclaré sur RTL qu’il souhaitait rester » extrêmement prudent » dans ses propos pour éviter qu’ils soient utilisés contre Boualem Sansal. En effet, selon lui, la situation est très complexe et l’écrivain pourrait ne jamais être libéré. Certains de ses proches estiment qu’il risque une peine d’emprisonnement à perpétuité extrêmement longue ou de finir ses jours en prison, compte tenu également de son âge. déplore l’avocat.
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Qu’il se rende lui-même à Alger ou non, il indique que son métier consiste à assurer « le respect des principes fondamentaux du droit tels que l’Algérie a souscrit dans les engagements internationaux ratifiés par ce pays « . Ce qui ne semble pas encore être le cas.
« Jusqu’à présent, il n’a pas eu accès à une défense. Un avocat lui sera désigné par le président d’Alger. Il est très important qu’il soit défendu par un avocat algérien et si possible un avocat de son choix. » précise François Zimeray qui avance néanmoins pour constater « une question de respect des droits de la défense, sans lesquels il n’y a pas de procès équitable. » Il a également souligné que ce procès dépendrait aussi « l’image que l’Algérie veut donner au monde ».
Boualem Sansal bientôt à l’Académie française ?
Depuis l’annonce de l’arrestation de Boualem Sansal, le monde littéraire s’est largement mobilisé pour le soutenir et réclamer sa libération. Dans une chronique publiée dans Le Pointà l’initiative de l’écrivain algérien Kamel Daoud, prix Goncourt 2024, de nombreux auteurs de renommée mondiale (et primés) dont Annie Ernaux, Jean-Marie Gustave Le Clézio, Salman Rushdie et Roberto Saviano ont sollicité son « libération immédiate « . Dans une autre chronique publiée dans Le Figaro30 écrivains appelés « les autorités algériennes et au plus haut d’entre elles, le président Abdelmadjid Tebboune, afin qu’elles assurent la protection physique et le respect des droits fondamentaux de (leur) ami ».
L’académicien Jean-Christophe Rufin a également appelé à un vote urgent pour l’entrée de Boualem Sansal à l’Académie française. Une proposition que le président de l’académie Goncourt Philippe Claudel a jugée « redoutable » au micro de Franceinfo. Boualem Sansal a notamment reçu le grand prix du roman de l’Académie française en 2015 pour 2084 : la fin du monde.
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