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pour Michel Barnier, une « motion de censure » avant l’heure ?

Jeudi, les macronistes et le gouvernement pourraient passer une très mauvaise journée. Dans le cadre de sa niche parlementaire, La insoumise va soumettre au vote un projet de loi abrogeant la réforme des retraites de 2023, celle qui a acté le relèvement de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. Ce texte, porté par Élisabeth Borne, alors Première ministre, a fini par être adopté sur le fil, après un débat irrespirable de plusieurs mois. Mais le voilà à nouveau menacé. Si le Parti socialiste ajoute ses voix à celles des insoumis, la gauche bénéficiera surtout du soutien du Rassemblement national. “Nos 125 députés voteront l’abrogation de la réforme des retraites”, a confirmé ce lundi matin Edwige Diaz, députée de la Gironde et numéro deux du parti de Jordan Bardella. Nous nous sommes engagés à abroger cette réforme. Nous en profiterons donc. »

Si le NFP et le RN font le plein de leurs voix respectives, ils pourraient infliger un revers cinglant au bloc central. Certes, si tel est le cas, le texte, dans le cadre de la navette parlementaire, ira ensuite au Sénat, où la majorité de droite devrait le contester. Mais il vaudrait mieux revenir à l’Assemblée nationale en deuxième lecture, où il aurait toutes les chances d’être adopté…

« Alliance des contraires »

Toutefois, si ce premier vote, jeudi, apparaît si dangereux pour Michel Barnier, c’est parce qu’il va bien au-delà de la seule réforme des retraites. En effet, un tel vote réunissant le NFP et le RN matérialiserait ce que le Premier ministre dénonce déjà comme « l’alliance des contraires ». Et ce faisant, cela rendrait encore plus crédible la perspective de le voir tomber sur le projet de loi de finances.

“Quand on dit qu’on peut censurer le gouvernement, ce n’est pas du bluff”

En clair, si la gauche et le RN votent ensemble l’abrogation de la réforme des retraites, rien n’empêche d’envisager qu’ils pourraient à nouveau joindre leurs votes le 20 décembre, sur une très probable motion de censure, contre le projet de loi de finances. Lequel prévoit un effort budgétaire de 60 milliards d’euros pour redresser les comptes publics. Un freinage d’urgence dont ni la gauche ni le RN ne veulent. Sous cet angle, le vote de jeudi a tout d’une répétition générale, pour ne pas dire d’une « motion de censure » avant l’heure.

“L’intérêt des Français”

« On voit des choses comme ça », observait ce lundi matin ce cadre PS. Même lecture pour la RN Edwige Diaz : « Les faits peuvent être amenés à se reproduire. »

Si Michel Barnier ne devrait pas manquer, dans les prochains jours, d’attaquer davantage cette « alliance des contraires », à gauche, comme au RN, nous réfutons tout accord. « On ne vote jamais les textes du RN, on ne se soucie pas de lui, mais des intérêts des Français », défend le PS. « L’intérêt des Français », c’est aussi cette boussole que revendique le RN : « Il n’y a pas de négociation ni de coordination avec la gauche », souligne Edwige Diaz. Voter une motion de censure ne signifie pas que nous soutenons le projet politique du PFN. Quand on dit qu’on peut censurer le gouvernement, ce n’est pas du bluff. C’est un mauvais budget et notre main ne tremblera jamais pour défendre les Français. »

 
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