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L’école en grève, spectre des années 90

Cette semaine politique sera marquée par la grève des enseignants prévue mardi. Un moment clé pour mesurer l’ampleur de la mobilisation du monde scolaire contre les mesures annoncées par le nouveau gouvernement MR-Engagés. Le risque est le retour d’un bras de fer comme dans les années 90.

Un spectre hante la Fédération Wallonie-Bruxelles, le spectre des grèves des années 90. Une longue série d’affrontements qui ont usé la majorité PS-PSC (l’ancêtre des Engagés) et conduit les deux partis à une défaite historique en 1999. Elle a commencé le 27 septembre 1990, l’enseignement venait d’être communautarisé et les moyens n’avaient pas suivi. . Il faut faire des économies (notamment sur les salaires des enseignants) car le monde scolaire est en difficulté. Une manifestation dégénère à Namur. Que laissera sa marque, une grève générale. Des semaines et des semaines de grève. L’exécutif fait marche arrière et abandonne un accord sur les salaires.

Plus d’argent

La situation financière de la communauté reste mauvaise, les économies disparaissent. 1992, 1993, 1994 toutes ces années ont été marquées par d’importants mouvements de grève, des enseignants mais aussi des élèves et des étudiants de l’enseignement supérieur, eux aussi, comme aujourd’hui concernés par les réformes et l’épargne. À l’époque, les coupes étaient plus nettes qu’aujourd’hui. En 96, l’annonce de 2 800 licenciements d’enseignants entraîne un bras de fer qui dure plusieurs mois. Au cœur de cette colère, la toute jeune socialiste Laurette Onkelinx, devenue ministre-présidente de la communauté française.

Elle ira jusqu’au bout, sa réforme passera enfin. Les syndicats d’enseignants s’aliènent même leurs propres organisations CSC et FGTB qui les jugent trop radicales. Mais, ils n’ont pas tout perdu, la pression mise par les enseignants va conduire à un refinancement de la communauté que les francophones sont allés négocier avec les Flamands dans une réforme de l’Etat. Et surtout, le mouvement entraînera une reconfiguration politique majeure. L’électorat enseignant passera en grande partie du PS et du PSC à Écolo.

Un nouveau bras de fer ?

Pouvons-nous vivre une impasse aussi difficile ? Ce qui ne semble pas changer, c’est que malgré le refinancement, la Fédération Wallonie-Bruxelles reste structurellement déficitaire.

Mais la situation n’est pas la même à bien des égards. Premièrement, les économies annoncées ne sont pas aussi importantes (elles concernent principalement la qualification, pas de baisse de salaires ni de suppressions massives d’emplois) et la société a beaucoup changé en 30 ans. L’esprit de corps, le militantisme syndical est certainement moins fort aujourd’hui tout comme le militantisme étudiant qui était très puissant à l’époque.

Il s’agit cependant d’un moment éprouvant pour le gouvernement et pour le monde de l’éducation. La possibilité d’un front entre le mouvement scolaire et étudiant et le service public (qui a subi des économies plus importantes que l’éducation) est une possibilité réelle.

Dans ce bras de fer, les Engagés se trouvent dans la position la plus difficile. Même s’il ne s’agit plus du PSC d’il y a 30 ans, une partie de leur électorat est toujours composée d’enseignants, de professeurs et de fonctionnaires, ce qui est beaucoup moins le cas du MR.

Oui, cette grève est peut-être le début d’une très longue saga.

 
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