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immersion au cœur du chantier le plus dangereux du monde

Plusieurs réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon ont explosé après le tsunami de 2011.

Depuis, la décontamination est en cours, malgré de nombreuses zones encore inaccessibles à l’homme en raison de danger mortel.

Une équipe de 20H a pu se rapprocher au plus près de ces installations détruites dont la décontamination devrait prendre plusieurs décennies.

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Enquêtes sur les changes

C’est sans doute l’endroit le plus dangereux au monde, en dehors des zones de conflit. Localement, à Fukushima, les radiations sont si intenses que même les robots qui y avancent ne répondent plus, au bout de quelques secondes. Au total, 5.000 ouvriers sont présents sur le site de la centrale nucléaire, ravagée en mars 2011 par un tsunami, consécutif à un puissant séisme dans l’est du Japon. Aujourd’hui, ces agents se dirigent vers les réacteurs endommagés par les explosions consécutives à cette catastrophe. La zone n’est pas sûre et des règles draconiennes doivent être respectées.

Masque, gants, dosimètre pour contrôler la quantité de rayonnement. Tout un arsenal d’équipements est nécessaire pour se protéger de cet ennemi invisible, afin d’approcher le lieu de la catastrophe nucléaire. Une plateforme offre une vue sur la zone du réacteur endommagé. Il est interdit d’y rester plus de 15 minutes : au pied, la radioactivité monte en flèche. Les ouvriers se relaient sur place pour ne pas dépasser les doses journalières auxquelles ils peuvent être exposés, comme le montre le bilan exceptionnel 20H à retrouver en tête de cet article.

Un projet qui doit durer 40 ans

Des branches métalliques rouillées constituent les restes du réacteur numéro 1, dont la charpente a été endommagée il y a 13 ans, lorsque de l’hydrogène a explosé depuis les entrailles du bâtiment. Cette zone est strictement interdite à l’homme, car trop fortement irradiée. Très récemment, un mini-drone a pu filmer une partie du combustible nucléaire fondu. Au total à l’usine, cela représente 880 tonnes de matières hautement radioactives. Comment l’extraire ? Que faire ensuite ?

Treize ans après la catastrophe, les défis pour poursuivre la décontamination du site sont toujours immenses. Un exemple. L’utilisation complexe d’une chargeuse-pelleteuse, utilisée pour éliminer les débris radioactifs. Pour pouvoir le déplacer au pied du réacteur no. 1, les experts utilisent des grues télécommandées. Mais étant donné le niveau de radiation, une personne à l’intérieur mourrait presque immédiatement. Tepco, l’exploitant de l’usine, a donc dû mettre de côté des sommes astronomiques pour financer le projet, qui devrait durer quarante ans. “Le coût du démantèlement de l’usine est estimé à près de 60 milliards d’euros.explique un responsable de l’électricien. Mais pour l’instant, si l’on regarde les 13 premières années, nous n’avons dépensé que 15 milliards d’euros.

Mur antitunami et sécurité drastique

Aujourd’hui, les six réacteurs de la centrale sont à l’arrêt. Aujourd’hui, l’urgence absolue est de protéger le site d’un nouveau tsunami. En 2011, la vague de 15 mètres a détruit une grande partie des installations. Le système de refroidissement tombe en panne et trois énormes explosions se produisent. Les cœurs de trois réacteurs fondent. Pour éviter le même scénario, un mur anti-tsunami a été érigé autour de la centrale, bordée par l’océan Pacifique. L’installation, qui n’était pas assez haute au moment de la catastrophe, a mis cette fois deux ans à sortir de terre.

Plus au nord, les autorités ont autorisé depuis près d’un an le rejet d’eau contaminée, qui servait à refroidir l’intérieur de la centrale après les explosions. Pour accéder à l’endroit où se libère ce liquide, la sécurité est encore plus drastique. Notre équipe ne peut pas filmer une grande partie des lieux. Chaque mouvement est également calculé pour éviter une exposition excessive. Selon l’espace dans lequel se trouvent les agents dans l’usine et la dangerosité de la radioactivité, les blouses, chaussettes ou gants à porter sont de différentes épaisseurs.

Eau radioactive rejetée dans l’océan

L’eau utilisée pour refroidir les réacteurs est stockée dans des centaines d’immenses réservoirs. Très radioactif, il est aujourd’hui traité puis rejeté dans le Pacifique. Ces rejets intermittents devraient durer une trentaine d’années. Selon Tepco, il n’y aurait aucun risque pour la santé. “L’eau, une fois traitée, passe par plusieurs canalisationsexplique un responsable des opérations à notre caméra. Il remonte dans un grand réservoir, où il est ensuite dilué 700 fois avec de l’eau de mer, puis rejeté dans l’océan.

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Il est cependant impossible de traiter le tritium, ce résidu issu du fonctionnement des réacteurs. Quels sont les risques une fois dans l’océan, notamment pour les poissons ? L’entreprise a mis en place une expérimentation, avec l’élevage de certains d’entre eux dans des cuves remplies d’eau traitée. Selon elle, les poissons se portent bien. Des mesures sont aussi régulièrement communiquées pour rassurer la population, alors que son voisin, la Chine, critique vertement ces rejets à la mer. Pékin a même ordonné le boycott du poisson japonais provenant de la région de Fukushima.

La suite du reportage de François-Xavier Ménage sur la « zone rouge » autour de la centrale de Fukushima est à retrouver dans la vidéo en tête de cet article.


TA | Reportage : François-Xavier MÉNAGE et Olivier CRESTA

 
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