Le bras de fer entre le PSG et la mairie de Paris sur l’avenir du Parc des Princes a repris hier. A l’occasion de l’inauguration du Campus PSG à Poissy, Nasser Al-Khelaïfi a profité de son apparition sur les ondes de CMR pour mettre un peu de pression sur Anne Hidalgo et son équipe municipale. “J’aime beaucoup le Parc des Princes, tout le monde l’aime. Si je décide avec mon cœur, je dis : « nous ne partons pas ». Mais quand je pense avec ma tête, nous sommes morts. En Europe, tous les grands clubs disposent de 80 000 ou 90 000 places. (…) Nous allons partir. Nous n’avons pas le choix. La ville ne nous laisse pas le choix», raconte le président du club, laissant entendre qu’il voulait aller vite, très vite malgré le désaccord des supporters sur ce sujet. “Il nous faut un stade dans 3 ou 4 ans. Nous n’avons pas le temps d’attendre (les élections) sinon nous sommes en retard sur les autres clubs en Europe.»
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Une déclaration d’intention sans doute sincère, mais très (trop ?) optimiste au vu des derniers dossiers de construction de stades en France. Par exemple, l’OL a mis un peu moins d’une décennie pour obtenir son Parc OL (aujourd’hui Groupama Stadium). Le projet de construction a été déposé en 2007, mais les travaux ont débuté en 2012 et se sont achevés en 2015 et ont inauguré ce tout nouvel écrin l’année suivante. Initialement, le club rhodanien souhaitait intégrer son stade en 2010 puis 2012, mais la recherche d’un terrain adapté, la lourdeur administrative, les différentes révisions du plan local d’urbanisme (PLU), la forte opposition locale et les difficultés à trouver les différents les sources de financement ont entraîné de nombreux retards. Propriété du club, le Groupama Stadium a été financé par des fonds privés, comme cela devrait être le cas pour le PSG.
Lorrain Merckaert, mayor of Montigny-le-Bretonneux: “C’est un projet qui prendra dix ans à mettre en œuvre.»
D’autres projets de stades récents, construits pour l’Euro 2016, ont pris moins de temps grâce à des partenariats public-privé. Par exemple, Lille a mis 6 ans pour obtenir le stade Pierre-Mauroy, Bordeaux et Nice 5 ans. Le nouveau Campus PSG a duré 7 ans (2016-2023). Dans ces conditions, difficile d’imaginer un bâtiment de la taille d’un stade de football.80 000 ou 90 000 places» sortir de terre d’ici 2028, voire 2029, même si le PSG n’a toujours pas de terrain. Voisin du Bois de Boulogne, l’hippodrome de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), propriété de France Galop qui n’est pas vendeur, était autrefois une option, mais sa transformation est quasiment impossible. Il faudrait modifier le plan local d’urbanisme, ce que la mairie refuse de faire. “Les hippodromes resteront des hippodromes, c’est leur vocation première. Ce n’est pas compatible avec les projets annoncés» a même indiqué une Source à CMR en début d’année.
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Il faut chercher ailleurs, plus en banlieue. Les deux sites favoris se concentrent autour de Montigny-le-Bretonneux (Yvelines), à une vingtaine de kilomètres de la capitale, et d’Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, un peu plus proche. Pour le premier, un terrain de 50 hectares a été identifié au nord de l’île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines, à proximité du vélodrome national qui a notamment accueilli les épreuves de cyclisme sur piste lors des Jeux olympiques. Les discussions ont commencé il y a deux ans déjà pour une réponse espérée dans les prochaines semaines. « Les discussions sont en stand-by. Normalement, nous devrions avoir une réponse officielle d’ici la fin de l’année civile. Si l’option est sérieuse, nous entamerons toutes les discussions. C’est un projet qui prendra dix ans à mettre en œuvre.»avait déjà prévenu le maire de la commune, Lorrain Merckaert en octobre dernier.
Deux sites émergent
Le conseiller de Divers Droite est satisfait de ce projet. Il s’agit pour lui d’attirer des entreprises et des emplois dans sa commune, tout en étant réaliste sur le calendrier. Même s’il est réélu en 2026, il n’est pas sûr d’être encore à son poste 6 ans plus tard pour voir ce stade sortir de terre. Les maires de gauche de l’agglomération ont déjà exprimé leurs inquiétudes et il faudra sans doute compter avec les associations d’habitants insatisfaits, voire les associations écologistes, en plus des contraintes environnementales à respecter. La jolie banlieue ouest parisienne préserve jalousement son cadre paisible. On oublie presque certains inconvénients liés à l’ampleur de ce type de projets, comme la découverte éventuelle de zones archéologiques. Autant d’obstacles qui allongent les délais, même si la Région Île-de-France a proposé un terrain de 50 hectares, sans en préciser la localisation.
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La ville d’Aulnay-sous-Bois s’est montrée plus bruyante dans sa communication. Elle a été la première à se positionner pour accueillir le PSG. La ville a même publié un clip sur X mettant en scène des stars locales (l’ancien footballeur Olivier Dacourt et l’acteur Saïd Taghmaoui) donnant un aperçu de son projet. Elle utiliserait les friches de l’ancienne usine PSA, fermée en 2014, comme terrain pour cet hypothétique nouveau stade. Le lieu a l’avantage d’être sur un territoire immense (environ 180 hectares encore disponibles) “prêt à l’emploi” fait valoir le maire Bruno Beschizza, avec qui il ne sait que faire. « Nous disposons de terrains déjà artificialisés, sans projet agricole comme c’est le cas du Triangle du Gonesse et sans voisinage direct, desservis par trois autoroutes, deux aéroports et bientôt une gare du Grand Paris Express »poursuit l’élu.
Un fichier avec de multiples contraintes
Diverses activités ont déjà commencé à remplir ces 300 hectares, participant à la revitalisation d’un site, autrefois symbole de pertes d’emplois et de désindustrialisation. L’arrivée du PSG apporterait une très forte valeur ajoutée à une ville dont l’image est rarement valorisée dans les médias. Il n’en reste pas moins que la localisation, éloignée des quartiers riches de la capitale ou des villes bourgeoises de l’ouest parisien, se démarque dans cette candidature. « Nous sommes toujours en prospection, plusieurs projets sont sur la table pour accueillir un stade de 60 000 places. C’est compliqué, on ne va pas se le cacher. Il faut une superficie suffisante, il y a des contraintes législatives, environnementales… Il n’y a pas des dizaines de places, mais il y en a » a indiqué Victoriano Melero, le nouveau directeur général du PSG à L’équipe début octobre. Ce dernier comptait sur “au moins huit ans” dans ce dossier, le double de ce qu’espère Nasser Al-Khelaïfi.
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La déclaration de jeudi ressemble avant tout à un nouvel accès de pression contre une mairie, qui maintient elle aussi ses positions. Le Parc des Princes n’est pas à vendre, surtout pas au prix de 40 M€ proposé par le PSG en 2022. La municipalité estime le stade à au moins 350 M€. A titre de comparaison, la construction du Parc OL a coûté 450 M€. Face à ces retards interminables, c’est peut-être le temps politique qui fera pencher la balance. Très discutée, Anne Hidalgo (PS) ne briguerait pas un troisième mandat en 2026 à la tête de Paris. Sa principale adversaire, Rachida Dati (LR), maire du 7e arrondissement et également ministre de la Culture, entretient des relations plus étroites avec le PSG et Nasser Al-Khelaïfi. Elle était également présente à Poissy pour l’inauguration du Campus. Son souhait est de voir le PSG rester dans la capitale. “Le PSG doit rester à Paris», exprime celui qui devrait être candidat en 2026.
Les élections municipales de 2026 comme véritable facteur de changement ?
Un changement d’équipe municipale rebattrait les cartes. La question de la vente du Parc des Princes, où le PSG a signé un bail de location jusqu’en 2043 pour un loyer annuel de 2,5 M€ par an, pourrait être rouverte. Le conflit s’est même étendu à la région Île-de-France. En septembre dernier, la région présidée par Valérie Pécresse (LR) avait officiellement mis à disposition du club un espace de 50 hectares, sans préciser sa localisation. “Le club a demandé, lors de l’enquête publique, de réserver, dans le schéma d’aménagement de l’Île-de-France, qui autorise les grandes infrastructures d’Île-de-France, 50 hectares pour une éventuelle relocalisation du PSG hors de Paris. Nous avons dit oui car nous n’allons pas priver notre club des infrastructures qui lui sont nécessaires. Si le PSG est expulsé de Paris, évidemment, on l’accueillera ailleurs, en Île-de-France.»
Cette décision a provoqué la colère des élus parisiens. Toujours favorable à la modernisation du Parc, la Mairie de Paris a exprimé le souhait de saisir « justice administrative aux fins d’annulation de l’avenant apporté au SDRIF (schéma directeur de la région Île-de-France, document définissant la politique d’urbanisme et d’aménagement du territoire) en faveur de l’installation du PSG dans un stade de Île-de-France, hors Paris, et sans localisation. » Certains élus de la capitale sont également conseillers régionaux des Républicains et n’ont pas voté contre la volonté du conseil municipal de Paris, au risque de s’aliéner le président de région. L’affaire risque de s’éterniser une nouvelle fois. C’est plutôt l’arène politique qui pourrait guider les décisions futures, au mieux en mars 2026 lors des prochaines élections municipales. D’ici là, le PSG aura pu avancer dans son projet, mais pour voir le club dans son tout nouvel écrin, il faut regarder bien plus loin.
Pub. le 23/11/2024 17h00
– MISE À JOUR 23/11/2024 17:35
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