l’essentiel
Le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef du magazine Défense nationale, exprime sa crainte face à l’utilisation de nouveaux missiles à longue portée par la Russie et met en garde l’Occident sur la poursuite du conflit.
D’abord la guerre des tranchées, puis l’arrivée des drones et maintenant des missiles. Faut-il avoir peur de cette escalade ?
Plutôt que de céder à la peur, il faut être réaliste. En ce sens, nous devons continuer à faire preuve de détermination. Depuis l’échec de ses objectifs initiaux, Vladimir Poutine a intensifié sa stratégie, initiée le 24 février 2022, avec une escalade violente visant l’Ukraine. Il y a quelques jours, nous parlions encore de négociations. Désormais, pour lui, la négociation n’est possible que par la capitulation de l’Ukraine. Il a une volonté affichée : celle de la défaite de l’Ukraine, sans faire de concessions et avant l’arrivée de l’administration Trump aux Etats-Unis.
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À quoi peut-on s’attendre dans les prochains jours ?
Il n’y aura pas de période de détente à mon avis. La Russie va continuer à bombarder l’Ukraine tout en continuant de vouloir gagner le plus de terrain possible et donc affaiblir les Européens pour leur faire peur. Le lancement de missile du 21 novembre constitue un message clair de Moscou. En revanche, ce qu’il ne faut pas oublier pour Poutine, c’est que plus il avance, plus il arrive à une certaine ligne rouge : celle du recours au nucléaire.
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Une guerre de missiles favoriserait-elle la Russie, qui semble mieux armée ?
De ce côté-là, oui, c’est sûr. Depuis plus de 1 000 jours, les Ukrainiens résistent sans relâche à cette guerre. Nous voyons clairement que les russes sont incapables de plier la volonté de Kiev. Ainsi, même si la Russie multiplie les lancements de missiles de nouvelle génération, les Ukrainiens n’abandonneront pas. Désormais, le problème est toujours le même : le pays de Volodymyr Zelensky est sur la défensive et n’a pas les moyens de contrer toutes ces attaques. Mais il y a une erreur de langage : quand on évoque les missiles ATACMS et leur « longue portée », cela fait 300 kilomètres. Celui qui a été lancé jeudi par les Russes fait 3 000 km. Les ordres de grandeur ne sont absolument pas comparables.
L’utilisation de ces missiles est-elle une manière de faire passer des messages à Vladimir Poutine ?
Certainement oui, surtout pour les Européens. Le type de missile utilisé n’est pas intercontinental, c’est-à-dire qu’il ne peut pas tomber sur les Etats-Unis par exemple. Il a en revanche une portée suffisante pour toucher certaines villes européennes. D’autant plus que ce missile peut être à capacité nucléaire. Jeudi, il a été utilisé avec des charges conventionnelles, mais il s’agit là d’une nouvelle provocation de la part de la Russie.
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Les combats vont-ils continuer sur le front ?
Bien sûr. Ce sont des combats acharnés qui rappellent malheureusement la guerre de 14-18. Mais elles vont se poursuivre, notamment dans l’est de l’Ukraine, dans le Donbass. N’oublions pas l’arrivée des soldats nord-coréens qui démontre clairement, une fois de plus, que la Russie est l’agresseur.
Quels sont les risques, à court et moyen terme, si les attaques de missiles se multiplient ?
L’ensemble du territoire ukrainien peut être touché par ces missiles ou drones. Cela accentue la douleur des Ukrainiens, mais cela n’affaiblira pas leur moral. Il faudra néanmoins analyser si Vladimir Poutine veut ou non tirer sur Kiev. Une chose est sûre : d’ici le 20 janvier et l’arrivée officielle de Trump au pouvoir, les Ukrainiens seront confrontés à de grandes difficultés car Moscou veut absolument la victoire qu’elle recherche depuis plus de 1000 jours.
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Personnellement, êtes-vous surpris de la direction que prend le conflit ?
Hélas, non. Vladimir Poutine déteste l’Occident et nous mène une guerre hybride, faite de désinformation et de menaces. Et elle n’est pas près de s’arrêter. N’oublions pas que la sécurité de l’Europe est aujourd’hui en jeu en Ukraine.
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