Les raisons officielles de son arrestation sont pour l’instant inconnues, mais on soupçonne que sa disparition n’est pas étrangère à ses critiques virulentes à l’égard du régime algérien. Avant d’être un écrivain de renom, Sansal était haut fonctionnaire, directeur général de l’industrie, jusqu’à ce qu’il soit démis de ses fonctions en 2003, notamment après s’être prononcé contre l’arabisation de l’éducation. .
Boualem Sansal est un dissident. En 2019, il a participé activement aux manifestations du Hirak contre le régime d’Alger, mouvement qui a conduit à la démission du président Bouteflika.
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Boualem Sansal a lui aussi courageusement dénoncé les crimes islamistes en Algérie. Son premier roman, Le Serment des barbares raconte la montée en puissance des fondamentalistes qui ont contribué à plonger l’Algérie dans une décennie sanglante qui a fait 200 000 morts. L’œuvre de Boualem Sansal évoque, dans un style cinglant, l’histoire de l’Algérie et dénonce inlassablement l’islamisme. Il n’hésite pas non plus à dénoncer la lâcheté de la France à l’égard des islamistes.
L’une de ses dernières provocations est d’avoir récemment rappelé dans une interview que, pendant la période coloniale, « toute la partie occidentale de l’Algérie faisait partie du Maroc », la question des frontières entre les deux pays étant très sensible pour Alger. Mais jusqu’à présent, le régime ne l’avait pas attaqué personnellement.
Boualem Sansal a cependant subi la censure de ses œuvres dans son propre pays, notamment « Le Village allemand », publié en 2008 et qui évoque la Shoah, la guerre civile en Algérie et la vie des Algériens en banlieue. Français.
Dans « 2084, la fin du monde », publié en 2015, il dénonçait la menace que le radicalisme religieux fait peser sur les démocraties, en imaginant l’islamisme au pouvoir.
En Algérie, les menaces contre lui se sont multipliées depuis qu’il s’est rendu en Israël en 2014 pour recevoir un prix littéraire. Accusé d’islamophobie, il se défend inlassablement : « Ce que je n’ai cessé de dénoncer, c’est l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques et sociales », expliquait-il en 2017.
Jeudi soir, Emmanuel Macron s’est dit « très préoccupé par la disparition de Boualem Sansal ». Devenu français depuis quelques mois, l’écrivain envisageait de s’installer en France. Le régime algérien a-t-il voulu l’en empêcher, le faire taire avant qu’il ne soit plus à sa portée ? L’ombre du militaire qui plane sur le régime du président algérien Abdelmadjid Tebboune rend ces questions lancinantes.
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