Fabien, quel bilan tirez-vous de cette tournée d’automne ?
« C’était un rassemblement important, on ne s’était pas vu avec certains, comme Antoine (Dupont) depuis un an. Il fallait reprendre de l’élan, c’était important d’être présent sur ces trois matches, et c’est fait. On avait un défi, c’était d’aller vite, de trouver vite l’organisation pour performer. Nous sommes satisfaits des résultats, à commencer par celui contre l’Argentine. »
Pensez-vous que ce match contre l’Argentine a été contrôlé ?
« À partir du moment où tu termines avec deux points d’écart… C’est mieux que les Irlandais (vainqueurs 22-19 il y a une semaine, ndlr). Quand on rentre aux vestiaires avec 30-9, on pouvait être ambitieux… Mais c’était sans compter leur capacité de réaction et leur niveau actuel. »
Ce match contre l’Argentine avait-il une saveur particulière après votre tournée estivale là-bas ?
« La tournée en Argentine fait aussi partie de notre histoire, avec notamment la victoire à Mendoza. Après, il a fallu jouer au rugby avec ce qui nous est arrivé, cela fait aussi partie du cheminement de notre équipe. On n’a jamais préparé ce match (ce vendredi, ndlr) comme des retrouvailles. Les Argenins nous y ont beaucoup accompagnés, nous nous sommes retrouvés comme un tout. Je remercie vraiment la sélection, la Fédération pour l’accueil qu’ils nous ont réservé. »
« On a coché suffisamment de cases à chaque fois »
Une fois de plus, vous avez démontré votre efficacité offensive…
« Oui, et nous pouvons faire mieux. Nous avons des faits saillants que nous ne concluons pas. Quand on était en phase avec notre feuille de route, on s’est rendu compte qu’on était dangereux, efficaces, qu’on pouvait avoir la maîtrise du match. Quand on aborde les dernières 20 minutes avec beaucoup de confiance – et même si on n’est jamais en sécurité – on est très haut, les équipes ont très peu de possession… En face, il y a des joueurs qui ont des qualités, qui ont réussi à briser le rideau, mais nous avons su nous réorganiser. Nous passons des tests sur les erreurs qui viennent d’en haut, mais (nos joueurs) ont aussi le droit d’être bousculés. »
Vous avez beaucoup parlé de jeu offensif avant ce bloc de trois matches. Avez-vous le sentiment d’avoir progressé dans ce secteur ?
« Le jeu offensif n’est pas une structure isolée, il dépend de nos phases de conquête, de combat comme dans les duels aériens, de notre capacité à bien défendre, de notre jeu au pied… On peut faire mieux, on a ce sentiment. Mais honnêtement, nous avons coché suffisamment de cases à chaque fois pour garantir l’essentiel. Il y a des fautes de mains dont nous ne sommes pas satisfaits, ce sont des axes d’amélioration assez évidents. Ce que nous avons décidé de faire fonctionne, les joueurs l’appliquent. »
“Il y a un défi avec ceux qui sont là”
Lors de ce rassemblement, vous avez également pu vous appuyer sur un groupe plus large de 42 joueurs pour préparer les rencontres. Dans quelle mesure est-ce un atout pour vous ?
« La méthode des 42 nous permet d’élargir le potentiel, de préparer des joueurs qui peuvent entrer comme Marko Gazzotti qui a joué en seconde période contre l’Argentine. Il y a eu Romain Buros qui est revenu et a fait un beau match contre la Nouvelle-Zélande, puis Tevita Tatafu lors du premier test, qui n’a joué que huit minutes – mais il a du potentiel et on compte sur lui. Cette méthode crée une émulation, les joueurs n’arrivent pas sur la pointe des pieds, il y a un challenge avec ceux qui sont là. C’est ce que je préfère, c’est la base de la méthode. Si nous avons la possibilité dans les accords de ligue et de fédération de garder les joueurs pendant trois jours et de travailler avec eux, c’est extraordinaire. »
Un autre point sur lequel vous avez beaucoup insisté ce mois-ci est l’émulation. Est-ce quelque chose qui vous a poussé lors de ces trois rencontres ?
« Il y a toujours eu cette émulation, mais avec une équipe qui gagne 80 % des matches en 4 ans ce qui n’est jamais arrivé dans le rugby français. Nous pensons donc que tous les joueurs qui sont là à ce moment-là peuvent encore être titulaires. Pourtant, il n’y a jamais de réconfort pour personne. Aujourd’hui, il y a une saine émulation : porter ce maillot, c’est sacré. L’accepter, c’est vivre de grands moments mais aussi les plus durs, avec des défis personnels et collectifs. Il n’y a jamais eu de zone de confort pour personne. »
« Il ne faut pas séparer l’acte I de l’acte II »
Pensez-vous que cette rencontre marque définitivement le début de l’acte II de votre mandat ?
« Je vois les choses dans la continuité ; à Marcoussis, la flèche du temps est dans la continuité. Le quart de finale perdu d’un point fait partie de notre chemin, celui des joueurs. L’acte I ne doit pas être séparé de l’acte II. Cette année 2024, certains la disent plus ou moins réussie. Il y avait des problèmes, des choses à gérer. Il y a des moments forts et des moments faibles… »
Le prochain rendez-vous est le Tournoi des 6 Nations. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
« Ce sera un tournoi spécial, nous accueillons le Pays de Galles et nous terminons par la réception de l’Écosse. En attendant, il y aura trois voyages consécutifs. Par excellence, ça va être très difficile… Mais c’est pour ça [cette compétition] est magnifique. »
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