Opposée ce vendredi soir à la France, l’Argentine vient de boucler une saison complète sous les ordres de son nouveau sélectionneur, Felipe Contepomi. Méfiance, encore une fois.
Les Argentins, nos cousins latins, nos meilleurs ennemis… Si nous ne sommes plus à l’ère des Agustin Pichot, Mario Ledesma, Juan Hernandez et autres Nani Corletto, qui faisaient cauchemarder Bernard Laporte (un seul succès français en sept matches entre 2002 et 2007), les Pumas restent forcément des adversaires à part pour les Français, habitués à les rencontrer – comme coéquipiers ou adversaires – dans le championnat de France. Et l’équipe d’Argentine arrive ce vendredi au Stade de France avec des résultats en hausse. Une sérieuse montée en puissance. Elle a en effet réalisé le meilleur Rugby Championship de son histoire en faisant tomber la Nouvelle-Zélande (à domicile), l’Afrique du Sud championne du monde et l’Australie. Et elle a failli créer l’exploit la semaine dernière de faire tomber l’Irlande à Dublin (22-19).
L’entraîneur argentin Mauricio Reggiardo, bien connu ici pour être à la tête de Provence Rugby, après être passé notamment par Castres, confirme les progrès récents de ses compatriotes. « Ils ont joué cette année à un très bon niveau, il explique à Figaro. Ils ont réalisé tout leur potentiel. Dans un passé récent, quand on bat de grandes nations comme l’Angleterre ou la France, cela fait naître de l’espoir. Aujourd’hui, c’est plus qu’un espoir, cela fait partie de nos habitudes. L’Argentine n’a rien perdu de son goût du combat, mais elle a ajouté une nouvelle corde à son arc, avec son nouveau sélectionneur Felipe Contepomi, en développant un jeu plus ambitieux.
Ce que Felipe Contepomi a apporté avant tout, c’est un jeu offensif
Mauricio Reggiardo, participant argentin de Provence Rugby
L’ancien demi d’ouverture ou centre international (87 sélections) connaît parfaitement le rugby européen puisqu’il a joué au RC Toulon, au Stade Français et à la province irlandaise du Leinster. « Ce qu’il a surtout apporté, c’est un jeu offensif, confirme Mauricio Reggiardo. Aujourd’hui, l’équipe argentine développe un jeu beaucoup plus dangereux offensivement. Contepomi, pragmatique, expliquait cet été qu’il n’entendait pas renier la culture des Pumas : “Le jeu offensif est ce qu’il y a de plus facile à voir, ou le plus beau, mais je pense beaucoup à tout le travail qui est fait en défense.”
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Mais il attend encore plus de son équipe : «Notre objectif est d’améliorer constamment ce que nous pouvons faire. Nous nous mesurons à cela. Je pense que nous sommes sur la bonne voie, nous nous sommes améliorés, mais il reste beaucoup à faire. Je suis très content de l’attitude de l’équipe, de la façon dont ils vivent chaque jour et de la façon dont ils rivalisent avec les autres. Cette année, sur douze matches, nous avons joué huit fois contre les quatre meilleures équipes du monde pour progresser. Nous sommes une équipe en développement.»
10 des 23 Argentins alignés vendredi accèdent au Top 14
Pas mal pour une équipe quatrième de la dernière Coupe du monde, qui est cinquième au classement mondial, juste derrière… la France. « Il faut saluer le travail qui est fait par notre fédération et les clubs argentins qui forment les joueurs, dit Reggiardo. Régulièrement, de nouveaux joueurs sortent et sont rapidement prêts pour le très haut niveau. » Le technicien de 50 ans – qui compte 50 sélections internationales comme pilier entre 1996 et 2003 – précise : « Les joueurs poursuivent leur formation en Europe, en Premiership ou en Top 14, et deviennent encore meilleurs. Les joueurs savent désormais s’adapter. Je me souviens qu’il fut une période, dans les années 2007-2010, où la plupart des joueurs jouaient en France. Chaque fois que nous nous retrouvions en Argentine, nous n’avions pas le temps de connecter les joueurs. Ce n’est plus le cas. Ce vendredi, dix des 23 joueurs alignés au Stade de France évoluent en Top 14.
Après la Coupe du monde 2007, l’Argentine a choisi de se tourner vers l’hémisphère sud. En plus de rejoindre le Rugby Championship, elle crée une franchise, les Jaguares, qui concourent en Super Rugby. Fondée en 2016 pour accélérer le développement du rugby argentin, cette équipe basée à Buenos Aires a rapidement trouvé sa place parmi les franchises néo-zélandaise, australienne et sud-africaine. Elle a même atteint la finale de l’édition 2019, perdue contre les Crusaders (19-3). Mais, privée des recettes du Super Rugby pendant la crise sanitaire du Covid-19 et incapable de payer les salaires de ses joueurs, la Fédération argentine avait poussé ses meilleurs éléments (Mallia, Kremer, Lavanini, etc.) à l’exil pour qu’ils puissent continuer à évoluer au plus haut niveau.
Pour l’ancien troisième ligne international Leonardo Senatore (50 sélections entre 2008 et 2018), le rugby argentin avait alors “un grand pas en arrière” avec la fin des Jaguares. “Cela a définitivement affecté notre façon de jouer parce que les gars ne passent plus autant de temps ensemble, a-t-il regretté auprès de l’AFP. Ils ont tous des systèmes différents dans leurs clubs, des philosophies différentes, et cela rend les choses plus compliquées lorsqu’ils se réunissent. Depuis, les Pumas, habitués à affronter des vents contraires, ont trouvé le moyen de s’adapter. L’adversité les a toujours poussés à avancer.
Rugby : France – Nouvelle-Zélande en images
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