C’est par un message de la médecine du travail laissé sur son répondeur que Nordine Khelif affirme avoir appris son éviction de l’ADSEA80, l’Association de protection de l’enfance et de l’adolescence dans la Somme, le 14 novembre. Les Chaumières d’Amiens, domicile depuis début 2023, devaient y avoir rendez-vous, mais ce dernier est annulé car « votre employeur nous a informé que vous ne faisiez plus partie des effectifs de l’association »indique la voix à l’autre bout de la ligne. Il n’a reçu la lettre notifiant son licenciement que le lendemain dans sa boîte aux lettres.
“J’étais très mal à ce moment-là, je me sentais humilié”il décrit. « J’aurais préféré être informé en premier par mon employeur, par courrier recommandé, de la lettre de licenciement. Comprenez de quoi je suis accusé. LE les raisons de son licenciement lui ont été présentés lors de son entretien préliminaire avec le service RH de l’association début novembre. Un comportement agressif est évoqué envers ses collègues. UN dispute début octobre avec un collègueau cours de laquelle Nordine Khelif l’aurait saisi par le col, et insultes misogynes envers d’autres collègues lors de cette même dispute. Ils étaient absents à ce moment-là.
Il nie les allégations de violences physiques et verbales
L’éducateur spécialisé assure qu’il n’a jamais prononcé ces mots, ni saisi son collègue par le col, et a toujours eu de bonnes relations avec ses collègues. Quelques jours après avoir témoigné contre lui auprès de la direction de l’association, la victime présumée est finalement revenu sur ses propos. Il n’a pas répondu aux sollicitations de France Bleu Picardie. Interrogés, les salariés de l’association ont assuré que Nordine Khelif ne s’était jamais comporté de manière violente ou agressive devant eux.
Mais un membre du CSE, référent harcèlement pour l’ADSEA80, affirme avoir été prévenu par des salariés de l’association de ce litige, et a lancé une alerte interne le 21 octobre. Nordine Khelif est licencié. Il ne peut plus venir travailler au domicile des Chaumières et rencontrer ses collègues. Le membre du CSE interroge les collègues de Nordine Khelif. Au terme de cette enquête, la direction de l’association atteste avoir plusieurs témoignages contre l’éducateur. L’un des salariés a déclaré à France Bleu Picardie que Nordine Khelif avait menacé son collègue qui avait témoigné contre lui. Nordine le nie. Et dans son courrier recommandé de l’informer de son licenciement, seulement la violente altercation avec son collègue et les insultes aurait été prononcé au cours de cette lui sont imputés.
« Il y avait un climat de peur, des salariés arrivaient au travail avec la boule au ventre, à cause de certains de ses comportements »assure la coordonnatrice du groupe d’éducateurs spécialisés, Jamila Seddik. Un des salariés de l’association contacté par France Bleu Picardie a confirmé ce climat anxiogène. Les autres décrivent au contraire un collègue avec qui ils n’ont eu aucune difficulté à travailler.
L’un de ses employés, qui préfère rester anonyme, estime qu’il s’agit “Parce qu’il a expliqué comment ils l’avaient d’abord licencié, puis renvoyé.” Parler, c’est avoir signalé l’état des locaux du foyer Les Chaumières à Amiens, dans lequel vivent 13 adolescents.
« Conditions de travail lamentables »
Avant son licenciement, intervenu le 21 octobre, il a adressé un premier mail à un responsable de l’ADSEA80, et à l’inspection du travail, où il a longuement dénoncé la gestion d’un problème de santé, un arrêt maladie suite à une blessure, et invoquer « des conditions de travail lamentablesqui mettent en danger notre soutien aux jeunes ». Il invite le directeur du foyer «et l’inspection du travail» de le contacter afin de lui transmettre les éléments qu’il dit détenir.
Il a transmis ces éléments le 28 octobre à l’inspection du travail, et au département de la Somme, en charge de l’aide sociale à l’enfance. Sur des photos prises au foyer des Chaumières, obtenues par France Bleu, on voit des meubles en mauvais état, une salle de douche « à ciel ouvert », sans vitre dans la fenêtre, de la moisissure dans une laverie au sous-sol. Le responsable départemental de la division protection de l’enfance et un inspecteur du travail s’est rendu au domicile trois jours plus tard, le 31 octobre.
Selon leur rapport qu’a pu consulter France Bleu Picardie, ils ont constaté de nombreux dysfonctionnements : toutes les toilettes et salles de bains sont salesmalodorants et dégradés, les canapés des salles d’activités et de détente hors d’usage. Au sous-sol, où sont logés 4 des 13 jeunes, « les conditions d’accueil sont inadaptées : hygiène et entretien des salles communes très insuffisants, vétusté des installations, humidité des murs, sols et plafonds. Les meubles de salle de bain sont cassés, les toilettes sont insalubres. Aussi, dans une salle de bain « Sans fenêtres, le sol est endommagé et incrusté de saleté et de moisissure. » Dans une autre salle de bain, il n’y a pas de vitre à la fenêtre, “L’évier menace de tomber.”
Réparations aux lieux depuis son signalement
Suite à ces observations définies comme “alarmant” par le ministère, il demande à la direction de corriger la situation, dans un délai de 8 jours. Des injonctions pour réhabiliter les lieuxpour remplacer les fenêtres cassées ou manquantes, pour sceller les toilettes du sous-sol. “Nous prenons en charge des adolescents en détresse, qui cassent parfois du matériel, cassent des vitres”explique Jamila Seddik, coordonnatrice des éducateurs. Ces enfants ont un passé douloureux, des dégâts peuvent arriver, ajoute la direction.
Plusieurs salariés contactés par France Bleu Picardie et la direction affirment que des travaux ont été effectués depuiset que la situation matérielle s’améliore pour les adolescents placés dans ce foyer. Nordine Khelif est licencié depuis le 14 novembre. « D’une part, je suis très déçu que mon image soit ternie »insiste celui qui prétend détenir tous les éléments qui l’exonèrent, « et en même temps je suis sincèrement heureux que mon rapport ait amélioré les conditions de vie des adolescents dans ce foyer. Si cela peut aider. Il envisage de poursuivre son ancien employeur devant les prud’hommes pour licenciement abusif.
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