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Pourquoi Hong Kong n’a plus rien de démocratique

L’affaire a été bouclée en six minutes. 45 militants se sont entassés sur le quai. Face à eux, le président du tribunal prononce les peines sans même prendre le temps de lire les motifs : 120 mois, 84 mois, 56 mois… Tous sont condamnés à de la prison.

Ce sont des avocats, des universitaires, des étudiants… ils ont été arrêtés lors d’un raid massif il y a trois ans, pour avoir violé la loi draconienne sur la sécurité nationale imposée par la Chine en 2020. Leur crime ? Ils avaient organisé une primaire au sein de l’opposition pour augmenter leurs chances de réussir aux élections législatives. Rien de terrible à première vue, mais la justice y a vu un “conspiration” afin de provoquer un « crise constitutionnelle ».

Certains des condamnés sont des figures du mouvement de liberté à Hong Kong, comme l’ancien professeur de droit Benny Tai ou Joshua Wong, leader du mouvement Umbrella il y a dix ans.

Et un autre dissident célèbre, l’homme d’affaires Jimmy Lai, 76 ans, était au tribunal ce mercredi. Il est l’une des bêtes noires de Pékin, détenu depuis quatre ans. Également accusé de mettre en danger la sécurité nationale.

Il a notamment créé le très populaire quotidien Apple Daily à Hong Kong, aujourd’hui fermé. Jimmy Lai est poursuivi pour des articles soutenant les grandes manifestations pro-démocratie de 2019.

Ce matin, devant le tribunal, il a défendu son journal qui incarnait, dit-il, “les valeurs de Hong Kong, l’Etat de droit, la liberté”. C’était la première fois qu’il s’exprimait lors d’un procès plusieurs fois reporté.

Il est apparu confiant, selon les journalistes présents à l’audience, inflexible face à la justice de Hong Kong, bras armé de Pékin. Jimmy Lai a nié toute collusion avec des puissances étrangères.

Solidarité internationale

Ces audiences portent un nouveau coup porté aux libertés à Hong Kong, libertés dont il ne reste plus grand-chose. Pas grand-chose du principe « un pays, deux systèmes », promis par le président Deng Xiaoping en 1997 lors de la rétrocession du territoire à la Chine, après 56 ans de présence britannique.

La démocratie s’est étiolée au fil des crises : premières manifestations dans les années 2000 face à la mainmise croissante de la puissance chinoise ; le Mouvement des Parapluies en 2014 ; puis la mobilisation massive de 2019 contre une loi favorisant les extraditions vers le continent.

La suite vient d’être dite à travers ces auditions : la loi de Pékin sur la sécurité nationale vise à purger l’opposition à Hong Kong.

La solidarité internationale résiste. Londres estime que Hong Kong « criminalise l’opposition politique ». Le dirigeant britannique Keir Starmer a même évoqué publiquement le sujet lors du G20 de Rio. L’Union européenne dénonce « un coup dur sans précédent » enclin aux libertés.

Les ONG sont indignées. Pour Amnesty, ces deux procès incarnent « l’effondrement des droits de l’homme sur le territoire ». Mais à Hong Kong, le camp démocrate a perdu bien plus qu’une bataille cette semaine. Il comprenait que Pékin ne laisserait aucune chance aux dissidents et étoufferait toute tentative de défier la puissance chinoise.

 
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