Suite à une décision de l’Union européenne, l’État a annoncé la disparition de l’organisation Fret SNCF en janvier 2025, au bénéfice de la création de deux entités distinctes. Comment expliquer ce démantèlement exigé par l’Union européenne et que peut-on attendre d’une telle opération ? La reprise des flux de marchandises de la SNCF par des opérateurs concurrents permettra-t-elle d’augmenter le fret ferroviaire en France ?
Les causes du démantèlement de Fret SNCF
En 2006, le fret a été ouvert à la concurrence. De facto, la SNCF perd l’exploitation de plusieurs lignes rentables. Pour compenser cela, elle s’est lancée dans une stratégie qui s’est avérée perdante : elle a baissé ses prix mais a réduit ses offres. De ce fait, elle n’est plus en mesure de couvrir ses frais fixes, ce qui entraîne une spirale d’endettement. Pour faire face à cette situation, Patricia Perennes nous explique que : «Jusqu’en 2019, l’État a aidé Fret SNCF, avec des avances de trésorerie et en effaçant sa dette à plusieurs reprises, le tout pour un montant de 5,3 milliards d’euros. La Commission a jugé cette aide illégale, car contraire au principe de concurrence. C’est ce qui nous amène au démantèlement. Mais une autre solution était possible. La société Fret SNCF aurait pu disparaître pour renaître sous une autre forme, qui ferait table rase, effacerait les 5 milliards. Cependant, il ne s’agit pas seulement de changer le logo, il doit être restructuré et modifié..»
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La transformation du transport ferroviaire
Au 1er janvier 2025, Fret SNCF n’existera plus. C’est pourquoi les cheminots sont en grève. Deux structures lui succéderont : Technis, chargé de la maintenance des 728 locomotives, et Exafret pour le transport. La SNCF, dans ce domaine, a perdu 23 flux de marchandises qu’elle a dû céder à la concurrence. Celles-ci sont extrêmement importantes, explique Patricia Perennes :
« Les flux sont des contrats de transport avec un chargeur, une entreprise qui commande des marchandises pour les faire transporter d’un point A à un point B. Par exemple, pour le train primeurs entre Perpignan et Rungis, il existe plusieurs types d’activités dans le transport ferroviaire de marchandises, c’est-à-dire , tu prends un train, tu fais le plein dans une usine et tu vas soit dans une autre usine, soit dans un port. Il y a aussi le wagon isolé là-dedans. Dans ce cas, une locomotive ira à différents expéditeurs et placera un wagon chez un expéditeur. Nous reconstruisons ce train, plus complexe et plus coûteux.
Promouvoir la compétitivité
Exafret se concentrera sur les wagons isolés, une activité plus coûteuse et moins compétitive pour l’entreprise. La question se pose de sa capacité à résister au choc, sans aide publique. La réponse n’est pas évidente pour Patricia Perennes : «On peut avoir des aides de l’État pour un secteur considéré comme bénéfique. Dans le cas du fret, il pollue moins qu’un camion sur les routes et il est moins dangereux. Toutefois, cela ne doit pas être ciblé sur une seule entreprise et l’objectif ne peut pas être de sauver une entreprise qui n’est pas efficace. C’est un défi qui n’est pas impossible. Le calcul de la Commission européenne est de dire qu’en faisant cela, nous redynamiserons ce secteur, le fret ferroviaire, en rendant les entreprises plus compétitives, en égalisant les règles du jeu pour tout le monde. La Commission européenne n’a pas pour objectif de détruire le fret ferroviaire au profit du camion.“
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