L’architecte français a conçu le tout nouveau centre de formation du PSG qui sera inauguré ce jeudi 21 novembre. Le chantier de 59 hectares a nécessité plus de trois ans de travaux et 300 millions d’euros d’investissement.
Adieu Camp des Loges, vive le Campus PSG ! Après plus d’un demi-siècle passé dans le célèbre centre d’entraînement de Saint-Germain-en-Laye, le club de la capitale a décidé de déplacer son siège dix kilomètres plus à l’ouest, chez le voisin de Poissy. Pour la première fois dans l’histoire du PSG, le site réunira l’effectif masculin et féminin ainsi que les 140 jeunes pousses du centre de formation. Auteur de ce modeste joyau de 59 hectares, Jean-Michel Wilmotte en offre un écrin unique en Europe où les installations sportives cohabitent avec de grands espaces verts. Près de 4 000 arbres et plus d’un million de plantes vivaces composent le tableau d’un campus ultramoderne de type football qui comprend trois espaces – un dédié à chaque équipe –, 16 terrains de football et 150 000 mètres carrés dédiés à l’entraînement. Le centre accueille également un collège, un lycée (taux de réussite au bac 95%) et même un potager bio de 3,5 hectares qui alimente une grande partie des menus proposés aux joueurs. Un projet pharaonique dans lequel l’architecte français est impliqué depuis 2016.
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Paris Match : Le Campus PSG est inauguré ce jeudi 21 novembre après trois ans de travaux. Que représente le résultat de ce projet ?
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Jean-Michel Wilmotte: C’est le fruit d’un long travail qui a débuté en juillet 2016 lorsque nous avons répondu à l’appel d’offres lancé par le PSG. Nous l’avons gagné en 2017 et l’année suivante, nous avons déposé les premiers permis de construire. Au total, une vingtaine de personnes de l’agence Wilmotte&Associés ont participé aux différentes étapes de la vie de cette infrastructure.
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En quoi votre projet diffère-t-il de vos concurrents ?
Il me semble que ce qui a plu au PSG, c’est la façon dont on a pensé son centre de formation et comment on l’a inclus dans son écosystème. La réflexion anime notre conception architecturale et il ne s’agissait pas seulement de créer une fabrique de champions mais de lui donner du sens.
De quelle manière ?
Le Campus PSG a été conçu avec l’idée de mettre la nature au centre du projet. Ce sont d’ailleurs les caractéristiques topographiques du site qui déterminent ce qu’il deviendra à terme. Il y a 30 mètres de dénivelé entre chaque extrémité du terrain, l’équivalent d’un immeuble haussmannien toiture comprise. C’est énorme. Pour faire face au mieux à cette éventualité, nous avons alors eu l’idée de prendre quelques libertés avec le terrain initial souhaité par le club.
Quelle était l’idée de base ?
La direction du club a souhaité construire un centre de formation dédié à sa filière football, capable d’accueillir tous ses hommes, femmes et personnels de centre de formation réunis avec toutes les caractéristiques de ce type de structure. Dès lors, deux voies étaient possibles : construire un vaste complexe regroupant toutes les fonctions du projet – ce qui, compte tenu du dénivelé, nous aurait contraint à une forme de gigantisme un peu brouillon – ou bien les diviser en plates-formes. distinct. Un dédié aux filles, un aux garçons et un aux jeunes. De là est née l’idée du campus. Nous avons pensé ces plateaux comme des petits villages reliés par de grands axes routiers permettant aux habitants de se déplacer de l’un à l’autre et convergeant vers un lieu central et symbolique, la Campus House.
Le bâtiment dédié aux joueurs de Ligue 1 est situé sur la partie la plus haute du terrain. Était-ce une envie de votre part ?
Absolument. Dès notre première visite du site, à l’époque où ce n’était qu’une grande étendue de boue grasse, je me suis dit : « Les pros seront là ! » « . Cela me paraissait évident. Je trouve la symbolique très forte pour les jeunes de 13 ans qui rejoignent le centre de formation. Ils rêvent de devenir professionnels, lèvent les yeux vers le ciel et voient le bâtiment professionnel au loin et en hauteur. C’est comme le clocher du village. Et ils se disent : “Moi aussi, un jour, j’y serai !” « . Mais il a fallu convaincre la direction car à l’époque, ils voyaient les choses un peu différemment. Au lieu de cela, elle souhaitait installer les pros ci-dessous. Dans ce type d’aventure, rien n’est jamais gravé dans le marbre, tout évolue au fil des discussions. Il a fallu s’approprier le projet, comprendre les besoins du personnel, les conduire sur des chemins auxquels ils n’avaient pas pensé et leur montrer tous les outils dont ils disposaient. Ce fut un véritable échange des deux côtés.
Après le stade Allianz Riviera de Nice que vous avez construit en 2013, vous renouez avec le monde du football. Avez-vous visité d’autres centres de formation pour vous faire une idée des standards du genre ?
Nous avons parcouru toute l’Europe. A Turin, Madrid et Manchester notamment. Et ce qui m’a frappé, c’est le degré de perfectionnisme de chaque site. Mais aussi, leur manque de place ! Ils sont tous à l’étroit. Au moment de la construction de ces centres de formation, la question de l’agrandissement n’était pas suffisamment anticipée et c’est pourquoi le Campus PSG a été conçu comme un site modulable pouvant encore s’étendre dans le futur entre 30 et 40 % de sa superficie. Le vrai luxe, c’est l’espace et c’est ce que nous avons également voulu instaurer dans chaque bâtiment. L’objectif était d’empêcher les joueurs de s’arrêter simplement pour s’entraîner et de repartir ensuite. Nous voulions créer un espace où ils se sentent chez eux, un écosystème qui les maintient sur place et où ils peuvent venir en famille.
Les espaces verts représentent une partie importante du Campus PSG. Ils s’étendent sur trente hectares…
Il était essentiel que le centre de formation ne fasse qu’un avec son environnement local, qu’il s’intègre dans la forêt de Marly qui le borde. Au total, 208 variétés différentes d’arbres, d’arbustes et de plantes ont été utilisées sur l’ensemble du site avec un soin particulier apporté à l’harmonie. Si vous regardez au loin, vous ne pouvez pas distinguer où se termine le campus et où commence le terrain des voisins. C’est ce que j’appelle une couture : c’est-à-dire que nous avons pris une partie de l’extérieur et l’avons intégré au site. Et avec le temps, cela se patinera davantage car la plante prendra encore 3-4 mètres et s’intégrera encore plus dans le panorama.
L’intérieur de chaque bâtiment est très épuré, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer pour un club de football du standing du PSG…
L’objectif était l’espace et la lumière. Pour renforcer ce sentiment, nous avons joué sur les hauteurs sans rien faire d’extravagant. C’est sobre et le caractère luxueux réside dans la dimension des choses. Tous les intérieurs sont réalisés en bois, béton et acier. Pas de matière brillante ou flashy. Le défi était aussi de démontrer que l’on pouvait construire le bâtiment pour les professionnels, les filles et les jeunes avec les mêmes matériaux.
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