(Moscou) La Russie a accusé mercredi les Etats-Unis de tout faire pour “prolonger la guerre” en renforçant leurs livraisons d’armes à l’Ukraine, peu après l’annonce de la livraison de mines antipersonnel, malgré les gardes russes, notamment nucléaires.
Victoria LUKOVENKO
Agence France-Presse
Avant l’entrée en fonction de Donald Trump en janvier, l’administration de Joe Biden a récemment autorisé l’Ukraine à frapper le territoire russe avec des missiles à longue portée de fabrication américaine, une ligne rouge pour Moscou.
Et mercredi, un haut responsable américain a annoncé à l’AFP que Washington s’apprêtait à fournir à l’Ukraine des mines antipersonnel, un type d’arme largement critiqué par les ONG pour le nombre de victimes civiles qu’il provoque, y compris comprises bien après la fin des conflits. Mais cette arme pourrait contribuer à ralentir l’avancée des troupes russes, qui s’accélère à l’Est.
Les Etats-Unis “sont pleinement engagés à prolonger la guerre en Ukraine et font tout ce qu’ils peuvent à cette fin”, a critiqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, sans pouvoir confirmer ces livraisons de mines.
Selon le responsable américain, les mines fournies à l’Ukraine seront « non persistantes », c’est-à-dire équipées d’un dispositif d’autodestruction ou d’autodésactivation. Ils visent à renforcer la défense ukrainienne au moment où ses troupes se replient sur le front.
Organisation anti-mines, l’ICBL – prix Nobel de la paix en 1997 – a condamné une « décision désastreuse des États-Unis » et a appelé l’Ukraine à refuser d’utiliser ce type d’armes.
Rhétorique nucléaire
Cette annonce intervient alors que le nombre de victimes de mines et de munitions non explosées augmente dans le monde, selon le rapport annuel de l’organisation spécialisée « Landmine Observatory ». L’Ukraine est déjà le pays le plus miné de la planète, selon l’ONU.
Enfouies ou cachées au sol, les mines antipersonnel explosent lorsqu’une personne s’en approche ou entre en contact avec elles, provoquant souvent des mutilations, voire la mort.
La Russie avait déjà accusé mardi les alliés occidentaux de l’Ukraine de chercher à « intensifier » le conflit, après une première frappe ukrainienne sur son territoire à l’aide de missiles américains ATACMS à longue portée.
Elle a affirmé avoir détruit cinq projectiles qui visaient des installations militaires dans la région de Briansk, limitrophe de l’Ukraine, et a promis une « réponse appropriée » à ces tirs qui ont une nouvelle fois conduit Moscou à recourir au discours nucléaire.
Selon sa nouvelle doctrine sur l’usage des armes nucléaires, rendue officielle mardi, la Russie peut désormais les utiliser en cas d’attaque « massive » d’un pays non nucléaire, mais soutenu par une puissance nucléaire, une référence claire à la L’Ukraine et les États-Unis.
Ce changement « exclut de facto la possibilité de vaincre les forces armées russes sur le champ de bataille », a déclaré mercredi le chef des renseignements étrangers russes, Sergueï Narychkine, suggérant que la Russie aurait recours à la bombe atomique plutôt que de risquer la mort. défaite dans une guerre conventionnelle.
Washington, Paris, Londres et l’Union européenne ont dénoncé une attitude « irresponsable ». L’Ukraine a exhorté ses alliés « à ne pas céder à la peur ».
Attaques aériennes
Le président français Emmanuel Macron a dénoncé en marge du sommet du G20 une posture « escalade » de la Russie, qu’il a appelé à « raisonner ».
La Chine, partenaire crucial de Moscou accusé de participer à son effort militaire, a de son côté appelé « toutes les parties » au « calme » et à la « retenue ».
Sur le terrain, l’armée russe continue d’avancer, revendiquant mercredi la prise d’une nouvelle localité sur le front de l’Est, près de Kurakhové, tandis que les frappes se poursuivaient en Ukraine comme en Russie dans la nuit.
La capitale ukrainienne, Kiev, et la deuxième ville du pays, Kharkiv, au nord-est, ont été visées par des drones et des missiles, sans causer de dégâts ni de victimes importants, a annoncé l’armée de l’air.
L’ambassade des Etats-Unis à Kiev a mis en garde mercredi contre une “possible attaque aérienne importante” contre l’Ukraine, sans plus de précisions, alors que le pays fait déjà face à des attaques russes quotidiennes, souvent massives.
La dernière de ces frappes massives, dimanche, a une nouvelle fois visé le système énergétique ukrainien, provoquant des coupures d’électricité.
Côté russe, le ministère de la Défense a indiqué avoir abattu une cinquantaine de drones ukrainiens au-dessus de plusieurs régions, dont Moscou.
La Russie est elle-même accusée d’escalade, bénéficiant désormais, selon Kiev et les Occidentaux, du soutien d’au moins 10 000 soldats nord-coréens. La Corée du Nord fournirait également de grandes quantités d’obus et de missiles.
Selon les renseignements sud-coréens, Pyongyang a livré de nouvelles livraisons de systèmes d’artillerie et de lance-roquettes multiples à la Russie.
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