Le procès de l’humoriste Pierre Palmade, jugé pour blessures involontaires aggravées près de 2 ans après le grave accident de la route qu’il a provoqué sous l’emprise de stupéfiants, s’est ouvert ce mercredi matin. L’artiste est poursuivi pour « blessures involontaires aggravées» et non “homicide involontaire”comme l’avait initialement demandé le parquet. En effet, parmi les victimes de l’accident se trouvait une femme enceinte de 27 ans qui avait perdu le bébé qu’elle attendait suite au choc.
Bébé déclaré mort avant la naissance
Après l’accident, le bébé a été extrait en urgence par césarienne du ventre de sa mère, alors à 6 mois de grossesse, mais il a été déclaré mort après 32 minutes de réanimation, sans avoir donné aucun signe de vie extra-utérine.
Ainsi, le juge d’instruction a renvoyé Pierre Palmade, fin mai, devant le tribunal correctionnel de Melun du seul chef de blessures involontaires, aggravées par l’usage de stupéfiants. Elle n’a pas retenu la qualification d’homicide involontaire, que le parquet avait pourtant requise pour la perte du fœtus. Cette décision a créé un débat autour de cette épineuse question.
Ce choix s’appuie sur une jurisprudence constante de la Cour de cassation qui s’est prononcée sur des cas similaires d’accidents de la route : un enfant qui ne naît pas vivant n’existe pas en tant que personne morale. “L’interprétation stricte du droit pénal n’autorise pas la répression et donc la poursuite des actes d’homicide involontaire dans le cas d’un enfant non né vivant, ce qui est le cas. dans l’affaire Palmade, a estimé la juge d’instruction dans son ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, consultée par l’AFP. En effet, une expertise médicale a conclu que le bébé porté par la passagère enceinte était décédé avant sa naissance et ne pouvait donc pas être légalement considéré comme une personne.
Questions de bioéthique et de droit
L’affaire avait relancé la question du statut juridique du fœtus. Le parquet de Melun avait demandé une “débat” devant le tribunal sur une éventuelle accusation d’« homicide involontaire »parce que le bébé était « incontestablement viable » avant l’accident, selon une expertise médicale réalisée par la justice.
Les victimes regrettent également le choix de licencier l’humoriste uniquement pour « blessures involontaires » et non pour « homicide involontaire ». « La mère n’accepte pas cette décision. Considérer que l’enfant à naître n’est juridiquement rien et qu’il n’a aucun droit est une aberration juridique. »a regretté leur avocat, Mourad Battikh, sur France Info. Me Mourad Battikh juge la jurisprudence »très discutable »“absurde”. Il compte le contester ce mercredi.devant le tribunal correctionnel.
“Vous pourriez être poursuivi pénalement pour avoir blessé involontairement votre animal de compagnie ou parce que vous avez écrasé un œuf d’un oiseau rare, mais vous ne pouvez pas être poursuivi pénalement lorsque vous avez involontairement entraîné la mort d’un fœtus”, a dénoncé l’avocat. Me Mourad Battikh a déclaré que pour son client, ce procès sera une opportunité »pouvoir mettre fin au deuil de cet enfant perdu qu’elle ne retrouvera jamais ».
Cependant, légiférer sur un statut probable du fœtus en droit pénal soulèverait de sérieuses questions de bioéthique et de droit, notamment en matière d’avortement. Dans certains États des États-Unis par exemple, où le fœtus peut avoir une personnalité juridique et donc des droits, ce statut entraîne des interdictions et des restrictions pour les femmes qui doivent recourir à l’avortement, même en cas de viol ou de complications graves au cours de la grossesse.
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