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au procès de Jean-Philippe Desbordes, les victimes présumées brisent le silence

l’essentiel
Ce mardi 19 novembre, lors du procès du journaliste et écrivain Jean-Philippe Desbordes, accusé notamment de viols avec torture et d’actes de barbarie contre les filles de son ex-compagne, la parole a été donnée aux victimes présumées.

Le silence était aussi grave que les faits dénoncés. Ce mardi, le tribunal et les parties civiles du tribunal judiciaire de Foix ont entendu les victimes présumées de Jean-Philippe Desbordes, jugé toute cette semaine pour viols et faits de tortures sur les trois filles de son ex-compagne, Sylvie. B, également jugé pour complicité. A la barre, Julie*, victime centrale de la fratrie, qui a notamment été victime de viols avec actes de torture, a longuement décrit son « calvaire » de 2018 à 2019. « Dans la langue française, il n’y a pas de mots pour décrire l’horreur que nous avons vécue. […] La violence était quotidienne. Nous n’avions pas assez à manger, il nous faisait faire des efforts physiques. Je ne sais pas si le pire, c’était quand il faisait froid ou chaud. Parfois, nous dormions dehors. Un abus qui aurait été au-delà pour l’aînée des trois sœurs.

“Il aimait quand c’était douloureux pour moi”

Au foyer (deux maisons mitoyennes reliées par une porte), Jean-Philippe Desbordes aurait fait de Julie son esclave sexuelle. « Petit à petit, il m’a fait comprendre qu’il m’aimait bien, que j’étais à son goût. […] Il voulait que nous formions un couple. Très vite, la jeune fille, alors âgée de 16 ans, s’installe au domicile de l’homme. “Que j’aie dit oui ou non […]Je n’avais pas le choix. J’ai compris que si j’étais trop récalcitrante, mes sœurs [14 et 9 ans au moment des faits]on allait y aller», pense la jeune fille, pantalon beige, haut léger aux manches longues remontées jusqu’aux doigts. L’homme de 50 ans aurait alors commencé à agresser sexuellement Julie. « À l’époque, j’étais une page blanche. […] Cela a commencé quand il m’a touché à travers mes vêtements. Puis il a essayé de me pénétrer […] Il me demandait de le sucer.

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Le début de l’enfer. « Il pouvait me consommer comme il le voulait. Il avait décidé que je devais lui faire une fellation matin et soir tous les jours, y compris à l’heure du déjeuner lorsque je n’avais pas d’école. Il aimait quand c’était douloureux pour moi. J’ai vomi”, témoigne Julie, qui estime avoir subi 700 viols en un an. La victime décrit également des actes sadiques. « J’étais un esclave, il me tenait en laisse. […] Il a commencé à me sodomiser. […] Je n’avais pas le droit de me doucher. Il voulait que je tombe enceinte. Il espérait que son sperme coulerait dans mon vagin. Les mots sont si insignifiants comparés à la douleur que j’ai ressentie.

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Isolement méthodique

Déjà victime de harcèlement scolaire, la jeune fille a longuement décrit, d’une voix calme et les mains jointes devant, les faiblesses sur lesquelles Jean-Philippe Desbordes s’est appuyé pour la maîtriser. «Je me détestais déjà sans lui. Et il me reprochait tout, ma façon d’être ou de ne pas être, ma façon de respirer. […] Je pensais que c’était ma faute. Sa petite sœur, Lucie*, explique quant à elle l’isolement social imposé par le conjoint de leur mère. « Au bout de trois mois, je savais que si ça continuait, je deviendrais fou. […] Il a essayé de me faire croire que mon père m’avait violée”, témoigne la jeune fille, émue aux larmes. Passionnée de musique et passée au conservatoire, elle a été privée de son instrument par le couple. « Cela peut paraître anodin mais ils m’ont demandé de le rendre. La musique était la seule chose qui me maintenait en vie. Devoir arrêter m’a détruit. C’était l’une des choses les plus précieuses au monde et [Jean-Philippe Desbordes] je le savais», explique Lucie, sweat à capuche noir et pantalon cargo kaki. Elle n’a pas encore réussi à revenir à la musique.

*Les prénoms ont été modifiés
 
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